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« Les technologies peuvent aider à la mise en œuvre de la réglementation amiante» Fatima Berral, présidente de Sogelink

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« Les technologies peuvent aider à la mise en œuvre de la réglementation amiante» Fatima Berral, présidente de Sogelink

Suite à un rapport confidentiel qui révèle que les diagnostics obligatoires relatifs à la substance cancérogène sont souvent absents ou incomplets dans les écoles maternelles et élémentaires, Fatima Berral, présidente de Sogelink, fait le point sur la détection de l’amiante.

Quelles sont les solutions qui existent pour détecter l’amiante dans les bâtiments ?

Le repérage de l’amiante dans les bâtiments repose principalement sur la connaissance et l’expérience des opérateurs de repérage, profession de plus en plus réglementée et encadrée. Bien sûr, le secteur cherche des moyens pour améliorer ses techniques et les industrialiser, dans un contexte où de nouveaux domaines de repérage apparaissent ou se structurent, à l’instar du repérage avant travaux, ou plus exactement, avant certaines opérations travaux et maintenance…. Par ailleurs, le plan de recherche et développement de l’amiante a pour objet d’identifier et d’évaluer, à travers une commission indépendante, la Cevalia, les innovations en matière de détection et de traitement de l’amiante. Les premiers avis émis concernent plutôt le traitement et les chantiers de désamiantage avec des innovations concernant les équipements de protection, la gestion des déchets ou des techniques limitant l’exposition des intervenants.

S’agissant des nouvelles techniques de détection, il existe des appareils à lecture directe qui doivent faciliter l’analyse qualitative, mais qui ont des limites techniques. D’autres technologies émergent, comme l’analyse d’images, la détection par laser…. Le CSTB a aussi conçu un outil, Origami, qui a pour but d’aboutir à une analyse prédictive pour les bâtiments résidentiels et tertiaires. Il doit aider les propriétaires et gestionnaires à définir un risque de présence de MPCA selon l’année de construction, le type de matériaux, etc.

Ces innovations dans la détection de l’amiante confortent le besoin pour les propriétaires et les gestionnaires de patrimoine de disposer d’un outil pour piloter et regrouper toute l’information concernant la présence d’amiante dans leurs bâtiments, et c’est le besoin auquel répond notre Solution Amiante360 Patrimoine.

Comment ces solutions peuvent-elles répondre à la réglementation ?

Les technologies évoquées ne peuvent seules répondre à la réglementation, mais elles peuvent aider chacun des acteurs à gagner du temps dans sa mise en œuvre. Ce qui est crucial, c’est déjà de sensibiliser l’ensemble des acteurs concernés pour mettre en œuvre et respecter la réglementation existante. Comme l’a montré notre partenaire Ex’im dans son étude, seuls 36% des Français se sentent concernés par le risque d’exposition à l’amiante, un chiffre à mettre au regard des 4 milliards de mètres carrés de bâtiments contenant encore de l’amiante en France. De même, le rapport interne à l’Éducation nationale fait état de 46% d’écoles assujetties à la réglementation amiante ne disposant pas de Dossier technique amiante (DTA). Il n’était ni disponible, ni communiqué aux directeurs d’écoles. Un double changement de paradigme, dans les mentalités comme dans les outils de suivi est nécessaire.

Comment le numérique peut-il aider à détecter l’amiante dans les bâtiments ?

Le numérique peut d’ores et déjà aider à respecter la réglementation et à rendre l’information vivante et partagée, ceci afin de faire gagner du temps aux propriétaires et opérateurs de repérage. Amiante 360 a justement pour objectif de centraliser l’information. Une solution complète est nécessaire pour faire passer les DTA de simples classeurs papier ou dossier informatiques – rangés dans un bureau ou perdus dans l’arborescence d’un disque dur et difficilement consultables ou requêtable – à une information unique, centralisée, interrogeable et partagée instantanément avec les interlocuteurs choisis par les propriétaires. Nos outils intègrent aussi des alertes sur les actions réglementaires à mener afin que le DTA soit toujours à jour : gestion des évaluations périodiques, mise à jour après des travaux, etc. Par la gestion de profils et de droits, il est aisé de rendre le DTA consultable et de diffuser sa fiche récapitulative, afin de mieux informer les occupants des locaux et les employeurs. Au-delà de la simple consolidation des repérages, disposer d’une cartographie des lieux est aussi un vrai plus pour informer les intervenants devant procéder à des opérations de maintenance ou à des travaux.

Quelles améliorations peuvent être mises en place dans le cadre de la détection amiante ? Peut-on concrétiser ces solutions dans les écoles ?

Il faudrait notamment faciliter la remontée d’informations au donneur d’ordres et au propriétaire lorsque de l’amiante est détectée par des intervenants lors d’opérations d’entretien, afin de mettre à jour les DTA et de déclencher les actions nécessaires. Là encore, un outil collaboratif favoriserait cette remontée de données, tout en permettant d’informer les directeurs d’écoles. Il pourrait même être partagé avec la cellule du bâti scolaire qui vient de se constituer.

Savez-vous s’il y a de possibles évolutions de la réglementation ? Si oui, lesquelles ?

La principale actualité du moment est la finalisation de la réglementation concernant le repérage avant certaines opérations (travaux et maintenance), qui va être très structurante dans le domaine des immeubles bâtis, avec une obligation qui s’applique aussi aux particuliers, et l’obligation d’avoir recours à des entreprises formées à la sous-section 4 pour mener les opérations lorsque de l’amiante est détecté. Par ailleurs, un appel d’offres a été lancé par la Direction générale de la Santé pour une étude d’évaluation de l’impact sanitaire et économique de l’abaissement du seuil de santé public fixé à 5 fibres par litres d’air. Enfin, d’un point de vue normatif, la révision en cours de la norme NFX 46 021 va notamment faire évoluer l’examen visuel après-travaux et devrait élargir les vérifications à l’encapsulage. Un fascicule d’interprétation de la Norme 46 020, qui est la référence en matière de repérage amiante est aussi en cours de conception et est attendu par tous les acteurs.

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