La Maison des Sciences de l'Homme a été rénovée par les architectes François Chatillon et Michel Rémon.
© Sergio Grazia
La restitution de sa façade-rideau emblématique a été le morceau de bravoure de la rénovation de la Maison des Sciences de l'Homme à Paris, fleuron de la construction dans les années 60.
Il y a des chantiers de rénovation dont la technicité réside dans la préservation de l’ingénierie originelle. Ainsi en est-il de celui de ce bâtiment, « dont la simplicité apparente cache une grande complexité », explique François Châtillon, architecte mandataire d’une opération menée pour le compte de l’Epaurif (Etablissement public d’aménagement universitaire de la région Île-de-France).Construit entre 1965 et 1969 par l’agence Lods-Depondt-Beauclair, il a subi désamiantage, curage, restauration, mise aux normes et de nouveaux espaces ont été créés en sous-sol. Des interventions lourdes, et pour cause : l’amiante était partout, jusqu’aux interstices entre les dalles et les éléments de la façade-rideau. Or, celle-ci constituait l’identité même de l'édifice.
Des modules de façade conservés
« Chacun des 1 260 modules de façade répétait à l’identique un motif associant volets extérieurs, châssis verrier, et en allège, un caisson accueillant les manivelles des volets ainsi que des éjecto-convecteurs, grâce auxquels le bâtiment a été l’un des premiers dotés d’un contrôle climatique total », décrit l’architecte. Puisqu’il fallait tout déposer pour le désamiantage, le choix a été fait, avec le concours du BET Roux & Associés, de conserver ce dispositif architectural et technique. Les modules ont donc été retirés, désassemblés, nettoyés, restaurés, puis restitués, avec de nouveaux joints et des doubles vitrages.
Vue intérieure des bureaux ; au premier plan, les caissons d'allège qui ont été reconvertis en coffres de rangement mais accueillent toujours les manivelles des volets. Photo : Sergio Grazia
Malgré l’installation d’un nouveau système de thermorégulation, les coffres d’allège sont restés, pour garantir l’esthétique d’origine. Architecte associé en charge du réaménagement intérieur, Michel Rémon a fait preuve de la même discrétion en incrustant des locaux supplémentaires sur un des étages désaffectés du parking. Rien n’a changé, et pourtant c’est un nouveau « bocal des sciences » qui s’apprête à reprendre vie boulevard Raspail.