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Les points clés d’un entretien trop souvent délaissé

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Les points clés d’un entretien trop souvent délaissé

Les équipements de ventilation résistent bien au temps. À condition de les entretenir correctement, ce qui n’est pas toujours le cas. En cause ? Leurs atouts mêmes : durables et discrets, et parfois peu accessibles, ils se font aisément oublier.

La ventilation constitue le parent pauvre des lots techniques du bâtiment. Bien qu’obligatoire depuis les arrêtés du 24 mars 1982 et du 28 octobre 1983 dans tous les logements postérieurs à 1982, il n’existe cependant aucune contrainte d’entretien de la ventilation dans le résidentiel (individuel comme collectif), hormis le cas particulier de la VMC gaz, qui évacue par le même réseau l’air vicié du logement et les produits de combustion d’une chaudière ou d’un chauffe-eau gaz.

En maison individuelle, l’entretien est généralement réalisé par l’occupant : nettoyage des bouches d’extraction et des entrées d’air ; changement des éventuelles piles (bouches « présence » dans les WC) ; nettoyage ou remplacement des filtres d’une VMC double flux… Les fabricants ont beau faciliter le démontage et l’entretien de leurs équipements (Aldes, par exemple, permet d’ouvrir très simplement le groupe de ventilation pour nettoyer la « cage d’écureuil », voire dépoussiérer celle-ci à l’aide d’une bombe d’air sec sans arrêter la ventilation), dans les faits, rares sont les occupants qui pensent à entretenir leur ventilation. La raison est double : d’une part, comme tous les équipements que l’on ne voit pas ou peu (gaines et caissons intégrés), elles ont tendance à se faire oublier ; d’autre part, un éventuel dysfonctionnement peut passer un temps inaperçu. Tout du moins jusqu’à l’apparition de symptômes d’une mauvaise aération du logement, tels que moisissures et dégradations du bâti.

Prestataires pour collectif

Dans le collectif (HLM notamment), la situation est un peu différente. L’entretien est assuré par un professionnel. C’est le cas, par exemple, du parc de logements sociaux géré par Immobilière 3F, où entretien et maintenance sont délégués contractuellement à des prestataires comme Cofely (Engie) et Dalkia (EDF), en charge de plusieurs lots techniques : chauffage et ECS en premier lieu, mais également traitement de l’eau et ventilation. « Le chauffage et l’ECS sont des services essentiels, au contraire de la ventilation, qui passe plus inaperçue en cas de panne, observe Antoine Saillard, responsable du service maintenance d’Immobilière 3F. Il faut parfois du temps pour identifier un dysfonctionnement. Les difficultés d’accès aux équipements pèsent aussi sur la qualité d’entretien des installations ». Le bailleur social a ainsi fait le choix d’un contrat de résultats. « Ce qui compte, c’est le service. Mais nous exigeons quand même au moins une visite annuelle (vérifications des caissons et “traînasses” en terrasse notamment) et un nettoyage ou remplacement des bouches d’entrée d’air ou d’extraction dans les logements au moins une fois pendant la durée du contrat d’entretien (six ans). Le ramonage des gaines est également prévu pendant la durée du contrat. » Bien conçue et entretenue, la ventilation joue alors correctement son rôle. Le responsable technique indique avoir très peu de retours négatifs contrairement à d’autres types d’équipements (chaudières, ascenseurs, portes de parking…). Point de vigilance : des débits un peu faibles avec la VMC hygroréglable à laquelle Antoine Saillard préfère, la VMC autoréglable, qui ventile plus, même si elle entraîne davantage de déperditions.

Un matériel moins robuste

Le parc de logements sociaux est réhabilité en moyenne tous les vingt ans. Tous les équipements sont alors passés au crible. Entretenus régulièrement, les moteurs de ventilation peuvent fonctionner de longues années. Mais si la ventilation fait partie des équipements les plus durables, Thierry Ojeda, responsable technique d’Amtech, société de maintenance technique du bâtiment qui fête ses trente ans d’activité cette année, déplore toutefois une perte de robustesse des matériels.
« Les produits actuels sont plus légers. On a perdu du métal, et l’enveloppe des caissons d’extraction est plus fragile, contribuant à leur usure prématurée. La gamme de produits est, par ailleurs, moins importante que par le passé. » Sur un équipement neuf ou récent, de petits travaux de remise en état (roulements de la turbine, par exemple) sont nécessaires après quatre à cinq ans. Pour les équipements plus anciens, il peut falloir remplacer certaines pièces. Et si la diversité des marques est plus grande dans l’existant que dans le neuf - où Atlantic, VIM et Aldes représentent le gros du marché -, il est toujours possible de trouver des pièces détachées (roulements, motorisation, poulies de transmission, manchettes souples antivibratiles…) tout en conservant les caractéristiques des produits (performance aéraulique et acoustique, tenue au feu).
Amtech propose ainsi des contrats de maintenance type P2. Il faut compter quarante-cinq à soixante-quinze minutes pour l’entretien d’un groupe d’extraction (vingt appartements). Au programme : vérification des connexions électriques ; contrôle de l’état de la courroie ; dépoussiérage du caisson ; contrôle de la dépression ; paramétrage du variateur de fréquence… Les opérations sont nombreuses. L’entreprise intervient ensuite à la demande pour des anomalies ou pannes dans les logements, dont les causes sont très diverses (nuisances acoustiques, olfactives…).

Vigilance sur l’extraction

La conception des équipements de ventilation est relativement simple, avec peu d’électronique. Les pannes mécaniques proviennent surtout du moteur d’extraction. Les causes sont externes (mauvais raccordement électrique, défaut du transformateur…) ou propres aux équipements. Les sectionneurs notamment vieillissent mal et doivent être changés tous les cinq ans environ. Idem pour les manchettes souples où des perforations apparaissent, ou pour les joints d’étanchéité, qui se dégradent naturellement.
Autre cause de panne ou de dysfonctionnement : les occupants eux-mêmes. Sans penser à mal, un membre du conseil syndical peut, par exemple, réarmer les disjoncteurs suite à une coupure de courant et entraîner la dégradation du moteur ou du disjoncteur. Un cas bien connu est celui des locataires qui bouchent les grilles d’entrée d’air, créant une dépression dans le réseau aéraulique qui se traduit par une vitesse d’air plus importante et des bruits amplifiés. Ceux-ci ne pensent pas toujours à remplacer les piles des bouches d’extraction. Les débits de renouvellement d’air ne sont alors plus assurés. Une solution est de privilégier leur alimentation par le réseau électrique. Attention aussi aux raccordements « sauvages » de hottes de cuisine sur la VMC ! Les dysfonctionnements peuvent aussi provenir des professionnels eux-mêmes, indirectement (fenêtres sans grilles d’entrée d’air) ou directement (mauvaise conception et installation ou carence en entretien).

Penser « accessibilité »

Les problèmes de conception ne sont pas rares : équipements non conformes en termes de sécurité incendie (résistance pendant trente minutes à une température de 400 °C), caisson de ventilation standard et non basse consommation d’énergie, mauvais dimensionnement… Amtech intervient parfois pour remettre aux normes des installations existantes. Une bonne conception est primordiale, notamment pour assurer l’accessibilité des équipements pour la maintenance et la pérennité du bâti. Le bureau d’études Pouget Consultants impose cette contrainte à ses clients. Si les équipements en toiture peuvent être remplacés simplement, tout se complique en effet lorsque les extracteurs sont situés à l’intérieur du bâtiment. C’est de plus en plus le cas, par exemple avec une toiture végétalisée. « Nous élaborons un “document de contraintes techniques” que l’on envoie à chaque client au début du projet. Celui-ci renseigne, par exemple, l’emprise de l’extracteur de ventilation et la zone de maintenance à réserver pour que l’entretien soit fait dans des conditions normales (2 m devant l’extracteur sur toute sa longueur) », explique Benjamin Belleteix, responsable d’affaires fluides du BET. Ces contraintes se retrouvent sur les projets de VMC double flux, de conception plus complexe. Peu de retours encore sur la fiabilité de ce type d’équipement, très rare en résidentiel. Pour Gilles Decremp, responsable national marché maison individuelle d’Aldes, « la présence d’un voyant ou d’un signal sonore qui avertit quand les filtres d’insufflation et d’extraction d’air situés au niveau de l’échangeur doivent être nettoyés ou remplacés est un plus pour faciliter la maintenance ». Mais dans le collectif, le coût de l’entretien, plus élevé et contraignant avec des visites dans les logements, fait aussi grincer des dents…

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