Les nanoparticules de silice en vraie grandeur

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Les nanoparticules de silice en vraie grandeur

Située à Laon (Aisne), la ZAC Île-de-France a fait l’objet d’une rénovation d’ampleur avec un revêtement de façade à nanoparticules de silice. Si le produit semble plus délicat à manier que la peinture acrylique classique, le résultat s’avère nettement meilleur.

Programme Tester un nouveau système de revêtement de façade

Apparues il y a une dizaine d’années, les peintures à nanoparticules défendaient de nombreux atouts. Encrassement réduit, stabilité des teintes et résistance à l’usure étaient régulièrement mis en avant par les promoteurs de ces produits contenant des particules ultrafines (inférieures à 100 nanomètres) censées améliorer les propriétés du revêtement. Qu’en est-il dans la réalité ?
L’un des premiers chantiers d’envergure réalisé avec ce type de revêtement a été mené en 2009. Au total, 46 000 m² de façades de la ZAC Île-de-France, bâtie en 1976-1977 et gérée par l’office public de l’habitat Aisne-Laon (Opal), ont été rénovés. L’ensemble se compose de cinq collectifs (R+3, 13 cages d’escalier) et de 254 habitations individuelles en bande de 3 à 11 maisons (R+1 en combles aménagées, terrasse et jardins). Le bâti est constitué d’éléments préfabriqués en béton de 16 cm pour les immeubles et de 12 cm pour les maisons. Les équipements de chauffage et d’eau chaude sanitaire à effet Joule ont été installés individuellement. « Avec le temps, le bâti en béton s’est abîmé, note Yves Vallerand, chargé d’opérations à l’Opal. Des épaufrures sont apparues, les enrobages se sont détériorés et, surtout, les fissures se sont creusées. Ces décollements sont dus à la poussée des ferraillages et des treillis d’armatures, dont certains ressortaient par endroits sur les parois extérieures. En outre, la proximité des plantes émettant des particules carbonées accroît l’encrassement des surfaces. »
En 1990, un premier ravalement a donc été réalisé par l’entreprise APE. Le travail a consisté à nettoyer les surfaces en acrylique de décoration (classe D2) et à recouvrir les fers apparents. Une nouvelle couche de peinture de façade en pliolithe imperméable (classe D2 et I1) a été appliquée pour assurer l’étanchéité. Les descentes d’eaux de pluie et les gouttières en PVC d’origine ont été remplacées par des modèles en zinc plus résistants.
Une deuxième rénovation est intervenue en janvier 2009. Elle fut tardive, faute de budget, et conduite par la même entreprise en deux tranches. Bruno Lhotellerie, gérant d’APE, a alors fait appel à Jean-Luc Roussel, prescripteur chez Seigneurie. Celui-ci a préconisé l’application du nouveau système Garnotec, qui contient des nanoparticules liées dans une matrice en finition D3 et I1.

État des lieux Une application au pistolet sans air et à chaud

Quatre niveaux d’intervention sont inscrits dans le ravalement de 2009. Ils ont été établis après une visite qui a permis de recenser tous les supports sales, défraîchis et présentant des traces de carbonation ou des épaufrures (fers à béton apparents, poussée des fers). La majorité des murs sans dégâts majeurs (soit 70 %) est alors nettoyée à l’eau puis avec un décontaminant liquide ; elle est ensuite revêtue de peinture Garnotec mat. Les surfaces en mauvais état sont remises à nu après un décapage chimique (décapant TPLP) sur toutes les parties à traiter en l1, avant d’être peintes au Garnotec mat dilué en impression à 5 ou 10 %, puis en couche de finition. Les soubassements sont lavés à haute pression, afin d’y apposer deux couches de Perloxane en classe D2 (norme NFP 84 403) pour assurer une protection maximale contre les eaux de ruissellement et une perméabilité à la vapeur d’eau. Enfin, les parties métalliques sont grattées, poncées et époussetées avant de recevoir une primaire Privigor 864, avec des couches de Pantinox SR9 sur les portes et les dauphins (bas de gouttières).
Les modules architecturaux sont travaillés par couleur, afin d’améliorer le cadre de vie et de rythmer la disposition des logements. La ZAC Île-de-France étant intégrée à un secteur historique, les teintes respectent le cahier des charges des Bâtiments de France, très apprécié pour apporter un ton calme : gris petit cheval, blanc Morzine et beige brèche. Auparavant, les façades étaient marron orangé, témoignant de l’époque de construction.
APE a délégué quatre personnes sur le chantier. La mise en œuvre est assurée au pistolet sans air et à chaud sur les grandes surfaces des façades des cinq immeubles ; et au rouleau, pour les détails. Les deux tiers du temps, les opérateurs travaillent depuis une nacelle mobile installée sur les voies accessibles goudronnées. Le montage d’un échafaudage est limité aux espaces inaccessibles ou nécessitant une protection des espaces verts. En revanche, pour les 254 habitations en bande (R+1 maximum), le produit a été appliqué uniquement au rouleau, depuis des échafaudages volants lorsque cela était nécessaire.

Bilan Un gain de temps de l’ordre de 20 %

La gamme Garnotec, commercialisée depuis 2006 par Seigneurie, fait appel à de la nanosilice pour couvrir les supports extérieurs neufs ou anciens. Cet additif, moins controversé que les nanocarbones, nanoargents ou nanotitanes notamment sous forme de tubes, assure une texture plus lisse qu’une peinture acrylique traditionnelle. À l’échelle nanométrique, les plaquettes de silice comblent les irrégularités et évitent l’accrochage des salissures. Mises en œuvre exactement de la même manière que les peintures acryliques sous forme de Slurry (dispersion en phase aqueuse), elles sont toujours enrobées par la solution : théoriquement, il n’y a pas d’émission de particules ni lors de la fabrication ni pendant l’application. Du reste, il n’existe pas de réglementation particulière pour ce produit.
Seule la projection au pistolet chauffant de type airless peut s’avérer complexe. « La fluidité du mélange surprend, reconnaît Bruno Lhotellerie, gérant de la société APE. Elle nécessite de prendre des précautions avant de trouver les bons réglages et les bonnes buses. Il faut éviter la formation d’un brouillard trop diffus en sortie. Une fois le régime adéquat trouvé, l’application s’effectue de façon classique, mais bien plus rapidement qu’avec une peinture acrylique. » En outre, le recours à des fûts de 120 litres apporte plus d’autonomie dans le travail ; et réduit la manutention ainsi que les déchets.
Le gain de temps peut alors atteindre 20 %, comme l’a vérifié le maître d’œuvre, Christian Vigues, gérant de la société Cerib. « C’est une économie appréciable qui contrebalance le surcoût de 20 % de la peinture à nanoparticules. » Un montant à modérer, puisque la main-d’œuvre constitue 80 % du prix d’un ravalement. Le maître d’ouvrage et l’entreprise sortent donc tous deux gagnants. Aussi l’Opal et APE prévoient-ils de mettre en œuvre des peintures à nanoparticules sur la plupart de leurs chantiers à venir.

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