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Les jeux facilitent l’apprentissage du risque

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Les jeux facilitent l’apprentissage du risque

6. La résilience des sols, capacité amortissante d’un sol de sécurité, est déterminée par la norme EN 1177. (Doc. Kompan.)

Les équipements pour les jeux encadrés relèvent des normes sur le matériel de motricité et sur les équipements d’aires de jeux. Ils donnent de la souplesse aux professionnels de l’enfance pour enseigner la gestion du risque aux enfants.

Lenfant aime jouer et tester ses capacités, y compris en prenant des risques. Pour éviter les accidents, les jeux d’extérieur en libre ­accès sont encadrés par une législation exigeante (voir encadré). A contrario, les jeux d’intérieur sont des équipements prévus pour des activités de motricité, sous la surveillance d’un adulte. Ces jeux sont autostables et non fixés, ils ne dépendent donc pas de la réglementation sur les aires de jeux. Ils sont couverts par la norme sur le matériel de ­motricité, soit la norme NF S 54-300 de juillet 2001, prévue pour des enfants de 0 à 12 ans, ­encadrés par un éducateur. Ces équipements permettent aux professionnels de l’enfance d’assurer leur mission éducative, pour aider les enfants à développer leur autonomie, à estimer et ­gérer le risque.

« Trop de sécurité peut avoir des effets pervers : elle aseptise les comportements, en empêchant les enfants d’apprécier le risque », souligne Yves Touchard, chargé de mission au ministère de l’Education ­nationale. La ­sécurité se définit par l’absence de risque inacceptable, et l’acceptabilité se mesure à la gravité du dommage et à la probabilité de sa survenue. Les espaces de jeux intérieurs sont des outils de travail pour les éducateurs, ils permettent de « montrer le risque » et « d’aider à la prise de conscience », précise ­Nicolas Mailly, directeur général de Daillot, spécialisé dans le mobilier pour enfants. En effet, les ­risques que les enfants ne peuvent pas prendre dans les aires collectives de jeux, ils les prennent à la maison. La norme sur le matériel de motricité organise des notions de sécurité essentielles :

– la hauteur de chute libre, qui est la hauteur où se situent les pieds de l’enfant lors de l’utilisation du jeu,

– les espaces de chute, qui constituent la zone de sécurité autour de l’équipement, c’est-à-dire la surface située sous, autour, ou sur le jeu, et pouvant générer un impact. Ces espaces sont recouverts d’un sol amortissant en rapport avec la hauteur de chute possible pour l’enfant.

Par ailleurs, l’accès aux enfants doit toujours être facile, pour pouvoir les sortir en cas d’accident ou de panique. Les crèches peuvent proposer trois structures différentes pour grimper (selon l’âge) ou une seule structure avec des rambardes pour séparer les enfants. Les fabricants conseillent, pour les tout-petits, une hauteur maximale souhaitable de 45 cm, pour les moyens, de 45 à 60 cm, et pour les grands de 80 cm à 1 m. En dessous de 60 cm, les espaces de chute ne nécessitent aucune protection particulière, si ce n’est un sol ­atténuant les impacts. Au-­dessus de cette limite, les espaces de chute doivent être recouverts d’une surface de protection dont la pose jointive permet d’amortir la chute depuis la hauteur de l’équipement. Pour les écoles maternelles, la hauteur de chute libre ne doit pas excéder 1,65 m, sauf utilisation de matelas adaptés. Différents sols permettent des hauteurs de chute libre variées en fonction des besoins. Ces sols de protection doivent être à la fois protecteurs et dissuasifs pour que les enfants ne se blessent pas et évitent de recommencer. Lorsque la hauteur de chute libre est supérieure à 60 cm, l’espace de chute doit être affranchi de tout obstacle sur une distance proportionnée à la hauteur possible de chute. Le jeu doit donc être bordé sur son périmètre par un dispositif amortissant jointif (dalles, tapis, sol spécial). Pour une chute de 0,60 à 1,80 m, la norme prévoit des protections sur une distance minimum de 1 m. Cependant, les fabricants de matériel de motricité recommandent une distance de 1,50 m entre un équipement et un élément de structure du bâtiment. Pour ­Valérie Douarre, responsable technico-commerciale de Celda (marque Asco), ces équipements doivent être prévus lors de la conception des locaux, afin d’éviter les poteaux de structure qui imposent de larges protections pour les contourner. De même, l’emplacement des luminaires doit être prévu en dehors d’une zone où les enfants pourraient les manipuler (plafond). Pour chaque âge, la hauteur de la structure impose de prévoir un espace de 1,70 à 2 m entre la plate-forme la plus haute et le plafond. L’isolation acoustique des salles de motricité doit tenir compte de la réverbération des cris des enfants.

Jeux extérieurs : sols fluants ou amortissants

Quelle que soit la catégorie « grimpé », « glissé », « sauté », ou « rampé », le jeu est conçu pour éviter à l’enfant d’être sédentaire. Ses débuts d’apprentissage de motricité doivent éduquer le petit enfant à la pratique du sport qu’il abordera plus tard. Les jeux extérieurs sont ­conformes aux normes EN 1176 et 1177, répondent aux exigences des décrets de 1994 et 1996 et, dans tous les cas, doivent être obligatoirement fixés au sol. Le décret n° 94-699 définit les équipements d’aires collectives de jeux comme les « matériels et ensemble de matériels destinés à être utilisés par des enfants à des fins de jeux, quel que soit le lieu de leur implantation ». Trois domaines sont visés : les équipements eux-mêmes par leur mode de construction – dans ce cas, le fabricant est responsable – l’environnement de ces mêmes équipements (par exemple, les sols de sécurité sur lesquels ils sont installés) et enfin, la maintenance et l’entretien des aires de jeux – dans ces deux cas les gestionnaires sont responsables. Le décret n° 96-1136 prévoit quant à lui que les zones sur lesquelles les enfants sont susceptibles de tomber alors qu’ils utilisent les équipements doivent être revêtues de matériaux amortissants appropriés. La norme NF EN 1176 fixe les exigences de sécurité des équipements d’aires de jeux, et ­notamment l’étendue de la surface d’impact. Sur cette dernière, les enfants sont susceptibles de tomber lors de l’utilisation du jeu et elle doit donc présenter un caractère amortissant. La norme NF EN 1177 permet de mesurer les capacités amortissantes d’un sol de sécurité. Deux types de sols existent : les fluants (sols qui bougent tels le gravier, le sable, les copeaux de bois) ou sols synthétiques (granulés de caoutchouc). Dans 80 % des cas, les sols synthétiques sont installés dans les écoles et dans les crèches, pourtant ce sont les fluants qui offrent une meilleure résilience et qui sont plus ludiques car l’enfant s’enfonce dedans. Les premiers sont sans doute plus chers à l’achat mais nécessitent peu d’entretien, ­tandis que les seconds sont moins chers mais d’un entretien plus contraignant. Il faut savoir que le coût des revêtements représente 1/3 du coût global de l’aire de jeux. La connaissance de la hauteur de chute libre (HCL) d’un équipement est indispensable pour choisir un sol de sécurité adapté. Elle est déterminée par le fabricant de l’équipement ou par un organisme compétent et doit être indiquée sur les notices accompagnant les équipements récents. Elle est définie comme la plus grande distance verticale entre le support de l’équipement spécialement destiné au corps et la surface d’impact située en dessous. Une fois le revêtement choisi, il faut déterminer la hauteur de chute critique (HCC) qui doit être supérieure ou égale à la hauteur de chute libre de l’équipement. À épaisseur égale, deux sols synthétiques peuvent présenter des qualités amortissantes (ou HCC) très différentes. C’est donc la hauteur de chute critique et non l’épaisseur qui doit être prise en considération pour choisir un sol.

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