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Les industriels sondent l'innovation

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Les industriels sondent l'innovation

Les décideurs de l'industrie de la construction livrent leur vision de l'innovation dans une étude réalisée pour le compte de Winlab, l'incubateur du réseau d'apprentissage CCCA-BTP.

Plus de cent décideurs issus de l'industrie de la construction - dirigeants, directeurs commerciaux, directeurs achats, responsables opérationnels, chefs de chantier ou encore conducteurs de travaux - ont répondu à un sondage effectué par InfoPro Digital Études, en partenariat avec Les Cahiers techniques du bâtiment, portant sur l'innovation dans le secteur.

Cette enquête comporte trois volets : la perception que ces acteurs ont de l'innovation portée par leurs partenaires ; les financements qu'ils allouent à leurs propres stratégies d'innovation au sein de leur entreprise ; et, enfin, les champs qu'ils entendent investir en 2020 pour faire évoluer l'innovation dans le bâtiment.

Architectes et bureaux d'études sont les plus engagés

Les 104 répondants de cette étude déclarent être actifs à 54 % dans le gros œuvre et à 52 % dans le second œuvre ; 18 % d'entre eux précisant se rattacher au domaine des TP/génie civil/ route et 8 % à celui du paysage et des espaces verts.

Leur perception du degré de maturité de leurs partenaires est pour le moins mitigée. Les répondants classent ainsi les prescripteurs (architectes, bureaux d'études) comme les plus engagés dans l'innovation - leur dédiant une note moyenne de 6,4/10 -, ce qui leur permet de devancer les constructeurs de maisons individuelles (CMI) et promoteurs immobiliers, les entreprises, les maîtres d'ouvrage publics, les entreprises de travaux publics et les artisans et entreprises du second œuvre. À titre d'exemple, les donneurs d'ordres publics écopent d'une note moyenne de 5/10. À noter que cette perception générale diffère sensiblement selon le profil des répondants, les grandes entreprises exprimant une vision plus encourageante de la capacité à innover des prescripteurs, CMI, promoteurs et MOA publiques que les décideurs issus des TPE. Elles allouent ainsi une note de 7,2 aux prescripteurs, supérieure de près d'un point à la moyenne établie.

L'autofinancement à l'honneur

Paradoxalement, les décideurs interrogés sont 63 % à estimer que leur propre entreprise est favorablement engagée dans la voie de l'innovation : 37 % d'entre eux affirment investir massivement pour cela (et 26 % modérément), contre 33 % reconnaissant n'investir que peu ou pas du tout dans cette direction. Sans surprise, les investissements consentis sont, à 89 %, le fait de grandes entreprises, quand les TPE/PME sont 42 % à répondre qu'elles éprouvent de grandes difficultés à promouvoir l'innovation, ou bien que l'innovation n'est pas un sujet stratégique pour leur entreprise.

Un constat qui s'explique notamment par la nature de la ressource dédiée : pour 69 % des répondants (parmi lesquels 83 % de décideurs ayant investi massivement ou modérément dans l'innovation), elle émane de l'autofinancement. Les financements régionaux ou européens, les emprunts ou appels à projets ne représentent qu'une contribution relative en la matière. À noter que la part de budget allouée à la R&D et au développement de produits et de solutions innovantes est inférieure à 10 % selon 54 % des répondants. Seuls 24 % d'entre eux déclarent y consacrer plus de 10 %. Parmi ceux-là, on compte 32 % de décideurs disant avoir investi massivement ou modérément dans l'innovation et 31 % faisant appel à l'autofinancement. Mais aussi 33 % utilisant des outils de veille ou ayant l'intention de le faire. En effet, 59 % des répondants reconnaissent développer de la veille, ou l'envisager à court terme. Cela signifie que la volonté d'innovation des entreprises ne se limite pas à la possibilité d'y consacrer des investissements, ce qui est plutôt encourageant. Ces décideurs-là sont majoritairement issus des entreprises du second œuvre. A contrario, les TPE/ PME représentent 29 % des répondants ayant exprimé ne pas utiliser d'outils de veille.

À supposer que la volonté d'innover soit au cœur des priorités de l'entreprise, sur quels renforts s'appuie celle-ci ? Parmi les soutiens proposés, ce sont les start-up, les clubs d'innovation et clusters qui semblent les mieux placés, devançant en cela les incubateurs, FabLabs et hackathons. 39 % des répondants disent en effet avoir déjà sollicité une start-up, quand 24 % d'entre eux envisagent de le faire. Sans surprise, ils sont à 79 % issus des grandes entreprises. Et ce sont aussi ceux qui indiquent avoir investi significativement dans l'innovation. Toutefois, un enseignement à retenir de l'étude est que même pour les entreprises au sein desquelles l'innovation n'est pas un sujet stratégique, le partenariat avec une start-up est pris en considération, comme le confirment 33 % des décideurs issus de ces structures.

Cap sur les enjeux environnementaux et le bâtiment durable

Les décideurs sont quasi unanimes (94 %) pour désigner les enjeux environnementaux et le bâtiment durable comme l'axe tout à fait ou plutôt prioritaire de leurs politiques d'innovation. 75 % citent ensuite les matériaux biosourcés, 63 % le BIM, 63 % la construction industrialisée et le préfabriqué. Viennent ensuite le smart building intelligent et les objets connectés, la réalité virtuelle et augmentée, l'intelligence artificielle et l'impression 3D. Pour 28 % des répondants, le BIM n'est pas un domaine prioritaire (et parmi eux figurent 36 % de décideurs issus des PME/ TPE). Alors que ceux qui l'envisagent comme un axe prioritaire sont issus à 89 % des GE.

Autre axe de développement significatif, sur le plan des matériaux, les matériaux biosourcés sont décrétés les plus innovants pour 60 % des répondants. En toute logique, parmi ces derniers, figurent une majorité des décideurs favorables à une innovation tournée vers les enjeux environnementaux (72 %) et vers les matériaux biosourcés (62 %). Les matériaux à base de matière recyclée sont cités en seconde position, par 49 % des répondants.

Enfin, remporter la bataille de la performance énergétique et repenser la façon de construire figurent en tête des défis à relever en 2020, bien avant la limitation du transport et du bilan carbone lié à la logistique du chantier, l'anticipation de la réversibilité du bâtiment ou encore l'intégration de technologies digitales dans les innovations.

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