© Raphaël Dautigny
Étienne Crépon est le président du CSTB. Pour les Cahiers techniques du Bâtiment, il dresse le bilan des Atex de l'année écoulée et nous donne les priorités du CSTB pour accompagner les entreprises innovantes en 2017.
CTB Concernant les Atex, quelles sont les grandes lignes de 2016 ?
Étienne Crépon : Il y a trois grandes tendances pour cette année. Premièrement, une croissance des Atex d'environ 10 % par rapport à 2015. Deuxièmement, nous avons constaté un glissement des Atex de cas B, spécifiques à un projet, vers des Atex de type A, génériques à un usage. Enfin, nous avons noté un élargissement des domaines d'intervention : alors que le nombre de demandes portant sur l'enveloppe se stabilise, celles concernant les éléments de structure connaissent une très forte évolution.
CTB Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?
E. C. : Concernant les éléments structurels du bâtiment, les Atex dédiées à la rupture des ponts thermiques ont connu une hausse que l'on retrouve également sur les Avis techniques (Atec). Avec l'augmentation des isolations thermiques extérieures, les bardages se démarquent également grâce à une technique en pleine évolution.
La société Kingspan a, par exemple, développé un panneau sandwich avec un bardage rapporté qui assure l'esthétique et l'isolation.
Il y a trois grandes tendances pour cette année : une hausse des Atex d'environ 10 %, un glissement des cas B vers les a, et, enfin, une forte évolution des demandes sur les éléments de structures.
Arcelor Mittal développe également un panneau sandwich avec peau métallique. Toujours pour les ITE, Rockwool et Ba-cacier ont commercialisé leur produit Rockzed. Conçu pour la rénovation des bardages métal à nervures verticales, il se fixe sur l'ossature exis tante sans avoir à retirer l'ancien bardage. Enfin, une nouvelle famille de produits vient de faire l'objet d'une Atex : les isolants sous vide, où un premier industriel a été évalué et certifié.
CTB La tendance est donc à la relance des dossiers Atex. Quelles en sont les principales raisons ?
E. C. : De manière générale, après une légère diminution des Atex il y a trois ou quatre ans, la tendance est effectivement à la relance. C'est notamment grâce à la reprise du secteur de la construction avérée par l'augmentation du nombre de dépôts de permis de construire et de mises en chantier. Le secteur de la construction va mieux, et les industriels se remettent donc à innover. Mais ce n'est pas l'unique raison du développement des Atex. Les outils d'accompagnement des TPE et PME que le CSTB a mis en place depuis quelques années y sont également pour beaucoup. Pour rappel, afin d'assurer l'accompagnement de proximité des entreprises et notamment des TPE-PME, le CSTB a développé deux pôles : le service Ariane et le Réseau national d'accompagnement, RNA. Nous offrons donc à présent des services de proximité pour orienter l'industriel vers la procédure d'évaluation qui lui convient le mieux.
CTB A-t-on vu apparaître une concurrence entre les Atex et les Atec ?
E. C. : Non, au contraire. Les Atex de type B ne se poursuivent pas une fois qu'ils ont été obtenus. En revanche, on peut considérer que l'Atex de classe A permet la réalisation de projet de référence avant la procédure d'Atec. Par exemple, Techniwood, avec son procédé Panobloc, a obtenu des Atex A et B avant de passer à la procédure d'Atec. L'Atex ne cannibalise donc pas l'Atec.
CTB Pour en revenir au Réseau national d'accompagnement, à quel point de développement se trouve ce nouvel outil ?
E .C. : La plupart des territoires sont à présent couverts, avec une douzaine de partenariats signés en région. Il nous reste à poursuivre avec quelques régions, comme Paca, la Corse, l'Occitanie ainsi que les DOM. Notre objectif est donc d'achever la couverture nationale pour cet accompagnement de proximité des innovateurs d'ici à 2017. Il est d'ailleurs prévu d'accueillir un nouveau membre du RNA d'ici à fin 2016. Nous travaillons également à faire vivre ce réseau. L'enjeu pour nous étant d'élargir l'offre d'accompagnement des entreprises innovantes. Il y a un travail permanent avec les acteurs en régions pour accompagner la montée en compétences du RNA et ainsi apporter le meilleur service aux entreprises. Si, sur le fond, nous avons la volonté d'aller vers une homogénéisation du niveau de services apporté aux entreprises, il n'est pas question d'en figer la forme. Clusters, associations, pôles de compétitivité ou bien centres industriels, toutes les structures sont possibles.
Nous proposons une nouvelle offre d'évaluation, “Atex et ouverture réglementaire”, à destination des maîtres d'œuvre et d'ouvrage.
CTB Comptez-vous proposer d'autres services de ce type aux entreprises ?
E. C. : La réussite de l'évaluation « légère » qu'est l'Atex nous a amenés à proposer une nouvelle offre d'évaluation pour saisir les opportunités ouvertes par l'État au plan réglementaire. Appelée « Atex et ouverture réglementaire », cette offre concerne l'accompagnement des maîtres d'ouvrage ou des maîtres d'œuvre qui souhaitent saisir cette opportunité réglementaire. Fin 2015, un certain nombre de décrets sont sortis. Ils permettent, pour la réglementation incendie et la réglementation accessibilité, de répondre aux objectifs fixés par des voies autres que le strict respect des obligations de moyens. Cela représente donc la possibilité, face à des obligations strictes, de proposer des solutions alternatives. Ce sont ces dernières que nous nous proposons d'évaluer avec notre statut de tiers indépendant. Notre évaluation permettra aux maîtres d'ouvrage de présenter aux autorités le fait que la solution innovante proposée obtiendra des résultats équivalents au strict respect de la réglementation. Le CSTB va donc jouer un rôle de facilitateur et de valideur. À ce jour, nous sommes les seuls à proposer ce service. Les premiers dossiers d'Atex en lien avec l'ouverture réglementaire sont en phase de démarrage.
À noter : comme sur son site de Sophia-Antipolis, le CSTB prévoit, début 2017, d'ouvrir sur son espace parisien une salle immersive consacrée à l'accompagnement des acteurs dans la transition numérique.