Les EPI passent à l'heure de l'IoT

Éliane Kan

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EN BREF - Le BTP, un des secteurs les plus sinistrés
Avec un indice de fréquence de 60 accidents du travail pour 1 000 salariés contre un indice moyen de 33,8, le BTP est l'un des secteurs les plus accidentogènes. Parmi les principaux risques encourus : les manutentions manuelles, les chutes de hauteur et de plain-pied, les heurts avec des objets légers ou lourds ou avec des engins. Pour autant, grâce aux efforts de prévention, aux protections collectives et aux équipements de protection individuelle, la sinistralité diminue. En 2016, le secteur enregistre ainsi la plus forte baisse de son indice de fréquence. Soit - 3,1 % en 2016 par rapport à 2015.

Les EPI passent à l'heure de l'IoT

Les parkas se font désormais chauffantes, éclairantes et connectées et accueillent de plus en plus la fonction « homme mort ».

© Annapurna

Les équipements de protection individuelle ont leur carte à jouer pour limiter les risques sur les chantiers grâce à des dispositifs connectés.

Mesures de prévention aidant, en l'espace de dix ans, le BTP a vu sa sinistralité diminuer de 20 %. Des progrès encore insuffisants pour limiter notamment les risques de chute ou de heurt avec des engins. Ce qui pousse les fabricants d'équipements de protection individuelle (EPI) à apporter à leurs utilisateurs davantage de sécurité.

Détecteur de perte de verticalité

L'offre de Parade, un des principaux fabricants français de vêtements et de chaussures de sécurité, en témoigne. Cette filiale du groupe Eram commercialisera, début 2018, sous la marque Izome, deux modèles de chaussures connectées couplées à une application smartphone. Le premier intègre un dispositif d'alerte de chute embarqué dans la chaussure. Pesant une dizaine de grammes, ce système détecte la perte de verticalité suivie d'une position immobile. En cas de chute, un message d'alerte indiquant la position du porteur est transmis. Une fois ce SOS reçu et traité, une vibration est envoyée dans la chaussure du porteur afin de l'assurer de sa future prise en charge.

Éviter les zones dangereuses

Le second équipement connecté de Parade dispose d'une fonction de Geofencing. C'est-à-dire que le dispositif embarqué dans la chaussure prévient l'opérateur quand il s'approche d'une zone dangereuse ou interdite. Le système fonctionne aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du bâtiment avec des précisions respectives de 1 m et de 10 m. Dans le premier cas, la zone est équipée de balises Beacons qui vont repérer le capteur et signaler par vibration l'interdiction d'entrer. Dans le second cas, en site ouvert, la zone est préalablement enregistrée dans le cloud. « Le salarié est alors géolocalisé en permanence sur une carte digitale », indique Franck Chérel, le directeur général de Parade.

Lutter contre la pénibilité et les mauvaises postures

Certains géants du BTP sont d'ores et déjà bien avancés sur ces sujets. À l'instar de Bouygues, qui a noué un partenariat avec Karim Oumnia, président du groupe nancéien Epsilon, qui a été le premier en France à commercialiser en 2014 des semelles chauffantes. Vendues sous la marque Digitsole, elles sont connectées à une application avec laquelle l'utilisateur choisit sa température de chauffe. Soucieux d'améliorer les conditions de travail sur les chantiers, Bouygues a signé un partenariat avec Zhortec, une autre filiale de Karim Oumnia dédiée à la R & D, pour développer des semelles connectées capables de mesurer la pénibilité au travail et détecter les mauvaises postures génératrices de fatigue ou de risques de chute.

Fonction « homme mort »

Tomber d'une é ch elle ou chuter de plain-pied comptent parmi les principales causes d'accidents du travail dans le bâtiment. Dans certains cas, il est urgent d'agir rapidement. Voilà pourquoi, la fonction « homme mort » promet de se généraliser dans les équipements connectés en complément ou en remplacement des Dati (Dispositif alerte travailleur isolé).

Basée à Saint-Pierre-d'Entremont (Orne), le français Kiplay en est convaincu. Cette PME familiale créée en 1921 s'apprête à lancer l'an prochain sa parka multifonction. Conçue pour les hivers rigoureux, elle intègre des résistances chauffantes et embarque, tout comme les chaussures de Parade, un détecteur de position « homme mort » à coupler au smartphone. « Par ailleurs, pour éviter que le salarié ne soit heurté de nuit par un véhicule, sa parka est équipée de Leds qui la rendent visible à 250 mètres », explique Gérault Pradal, responsable innovation de Kiplay.

Cette paire de baskets de sécurité couplée à une application sera disponible en 2018.©Parade

Parka lumineuse et connectée

Tout aussi dramatique que les chutes de hauteur, ce risque qu'un opérateur se fasse renverser par un engin de chantier constitue en effet une préoccupation quotidienne des employeurs. Un problème que cherche également à traiter Eleksen avec sa parka et son gilet lumineux visibles à 400 mètres. L'éclairage constitué de 11 Leds est pilotable en mode flash, continu ou discontinu à l'aide d'un boîtier de commande. Ce dernier peut être remplacé par un système anticollision baptisé Eleksen Siteguard. Ce dispositif communique par RFID avec des boîtiers embarqués dans des chariots ou tout autre engin sur un périmètre de 10 mètres. En cas de danger, il prévient à la fois le conducteur et les porteurs de parkas et gilets Eleksen au moyen d'alertes lumineuses, sonores et vibrantes.

Concilier sécurité au travail et contrôle d'accès

Enfin, pour contrôler l'accès aux sites les plus dangereux, le français Ela Innovation équipe les casques de chantier de ses clients, des entreprises de BTP, à l'aide de capteurs actifs que lisent, à la volée, des balises placées à l'entrée des zones à risques. À la différence des entreprises citées précédemment, cette PME est spécialisée dans les technologies d'identification longue portée. Grâce à ce procédé, le responsable sécurité peut savoir à tout moment où se trouvent ses compagnons et vérifier également que les personnes qui pénètrent sur le chantier sont bien autorisées. De quoi éviter aussi les vols d'outillage.

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