Afin de déphaser leur écoulement à l’égout, les eaux pluviales sont retenues dans des bassins bétonnés ou végétalisés, aménagés à cet effet, avant d’être drainées vers un exutoire et/ou de s’infiltrer progressivement dans les sols.
Que ce soit dans un ensemble résidentiel ou tertiaire, les eaux pluviales qui s’écoulent des toitures et des voiries doivent être recueillies dans des bassins de rétention, enterrés ou non. L’objectif étant d’aider à étaler et à écrêter les crues d’orage.
Les bassins à ciel ouvert, peuvent être secs ou en eau. Une végétalisation contrôlée leur assure une meilleure intégration paysagère. Certains sont étanchés par la mise en place d’une géomembrane posée sur un géotextile, qui évite les infiltrations des eaux collectées.
Une autre option est celle des bassins paysagers, sans étanchéité, où la filtration des polluants et l’infiltration dans le sol sont facilitées par la présence de plantes épuratrices.
La dernière décennie a vu cette gestion des écoulements et des ruissellements évoluer. Les canalisations lisses et droites qui guident les eaux vers les bassins, sont de plus en plus souvent remplacées par de larges fossés peu profonds et végétalisés. Ces noues paysagères offrent des volumes tampons de stockage qui viennent s’additionner à ceux des bassins.
Le dimensionnement correct de ces rétentions diffuses, ainsi que leurs débits d’entrée et de drainage, sont calculés de manière normalisée en amont d’un projet, à partir des coefficients d’imperméabilité avant et après construction. Le cadre réglementaire est défini par « L’instruction technique relative à l’assainissement des agglomérations » de 1977, actualisée par le document « La ville et son assainissement » édité par le Certu en juin 2003. Les quantités et qualités des rejets pluviaux sont aussi encadrées par les réglementations locales. Ces bassins tampons artificiels doivent être aptes à gérer les pluies d’orages décennaux. L’évacuation des eaux est assurée par un système de drainage dont le débit est contrôlé. Vidanger le bassin lui permet de redevenir fonctionnel lors d’événements pluvieux successifs.
Des lignes plus souples
L’intégration paysagère de ces bassins, qui peuvent être protégés au cœur d’une résidence ou le long des immeubles, est renforcée par une végétalisation réfléchie et adaptée. Le plus simple est un engazonnement avec un gazon résistant à l’eau et à l’arrachement, ou la plantation de végétaux stabilisant le sol avec leur système racinaire comme les charnus, les fasciculés (graminées…) ou les pivotants (crucifères…), voire des arbustes ou des arbres. La tendance est d’aménager les extérieurs en douceur avec les lignes souples et arrondies des noues et des bassins. L’étanchéité d’un bassin de rétention peut être réalisée suivant différents procédés de protection du fond, par du béton (ou dalles bétonnées), de l’enrobé, ou en posant une géomembrane sur un géotextile imperméable qui peut être recouvert d’une couche de terre végétalisée.
Une rampe d’accès à pente faible et d’une largeur suffisante, cheminant jusqu’au fond du bassin, facilite l’entretien. Pour les talus de pentes plus importantes, il faut privilégier les modelés de terrain en terrasses, en marches d’escalier et stabiliser les talus par de la végétalisation, des enrochements, rondins, ou autres dispositifs. Le bassin s’il est à sec, peut être utilisé à d’autres usages, aires de jeux ou de repos, ou piste de skate s’il est bétonné... « Les cheminements, les continuités piétonnes et les services comme les aires de jeux, doivent pouvoir être submergés en cas de crue. Des pontons en bois sont positionnés en surplomb. Ces bassins végétalisés multifonction sont plus esthétiques et leur usage est plus souple et plus social », affirme Guillaume Genre, paysagiste au BE Ôbio Paysage.
Une approche « naturelle » ambitieuse
En plus de cet assouplissement des lignes paysagères, la thématique ambitieuse d’un BE comme Ôbio, est de peupler avec des végétaux qui fixent les hydrocarbures et les polluants, et favorisent l’infiltration des eaux dans le sol. « Au lieu d’engazonner, on fait de la phyto-épuration en plantant des saules, des typhas, des phragmites, des iris... à condition d’arriver à persuader les maîtres d’ouvrage. On ne met ni géotextiles, ni canalisations, l’idée étant de filtrer au maximum, en faisant entrer l’eau dans le sol, et en maximisant la végétation », défend Guillaume Genre. L’étude des points bas est importante, précise par ailleurs le paysagiste. Par exemple un petit ruisseau peut être exploité pour créer une zone humide artificielle, riche en biodiversité avec de la faune, comme des grenouilles, afin d’éviter la prolifération des moustiques... Un entretien régulier et un écosystème régulé permettent d’éviter les nuisances visuelles et olfactives, et de prévenir une eutrophisation rapide avec l’apparition d’algues.
Cette approche « naturelle », écologique et fleurie, est celle mise en œuvre à grande échelle à Wuhan (Chine) par Marc Alloin, paysagiste et fondateur du BE « Le Jardin de Monet ». Il a en particulier travaillé sur l’aménagement hydraulique du « Biolake », une zone accueillant des centres de recherche en biotechnologies avec des bâtiments de cinq étages, dont le biopôle sino-français. Alimentée par les eaux pluviales de la zone, une petite rivière paysagée serpente et se jette dans un bassin central. Les talus de terre ont été végétalisés. « La commande était de restaurer un milieu humide, en le formalisant avec rivière et lac, qui sont entièrement vidangeables, et dans lesquels furent jetés des poissons et des écrevisses. La phase de construction a duré trois ans. Cette rapidité d’exécution a permis à la faune indigène locale comme les oiseaux de migrer dans les fourrées limitrophes au terrain, et de ne pas disparaître », se félicite Marc Alloin.