Coordonnée par la plateforme Tipee dans le cadre du projet Rupella-Reha, la rénovation à 50?kWhep/(m².an) d’un immeuble de logements de 1954, à La?Rochelle, a démarré avec l’agence Cointet Associés. Création d’une maquette BIM sous ArchiCad par scan 3D de l’existant
© Doc. OPH CDA
Le BIM favorise une collaboration en amont entre l’architecte, l’ingénieur et l’économiste, un investissement qui doit permettre de diminuer les aléas sur chantier. Mais si la mise en œuvre est aisée pour les grandes agences, des réglages sont encore à faire pour les plus discrètes.
Revit, ArchiCad ou Allplan, les architectes s’équipent pour passer à la modélisation 3D et à la maquette BIM. Dès la conception, les méthodes de travail en sont bouleversées, et les échanges avec les économistes et les BET sont renforcés. Il n’est pas rare de voir la maîtrise d’ouvrage s’adjoindre les services d’un AMO BIM ou d’un BIM manager. Pour la maîtrise d’œuvre, le BIM permet de concevoir plus tôt un projet et de manière plus détaillée, plus précise. « L’agence travaillait déjà en 3D, mais le BIM permet d’ajouter des paramètres liés aux objets, explique Delphine Boyer, BIM manager chez CRR Architecture, à Clermont-Ferrand. Les architectes doivent fournir des renseignements, thermiques et acoustiques et repérer chaque élément, comme les cloisons, avec l’objectif, à terme, de fournir un DOE numérique. »
« Garde-fou » réglementaire
Cette rigueur est très appréciée pour des projets complexes, comme les hôpitaux, à l’exemple de Brunet-Saunier Architecture (avec l’hôpital Limmattal de Zurich, BIM d’or 2015), de l’Atelier d’Architecture Michel Rémon (avec un projet BIM en cours sur le plateau technique de l’hôpital Édouard-Herriot de Lyon) ou encore de l’Atelier d’Architecture Hall-Idasiak. Tous sont passés d’Autocad à Revit. « La réglementation en architecture est pléthorique, nous devons être très pointus. Le BIM nous aide à mettre des garde-fous et à mieux structurer les projets, confirme l’architecte Catherine Hall. Dans le cadre de groupement maîtrise d’œuvre, le BIM se révèle utile en association avec les économistes. Par exemple, en hôpital, le total des mètres carrés des salles classés ISO en taux de poussière est directement extractible de la maquette Revit pour l’économiste. »
Le BIM entraîne un déplacement de rôle entre l’ingénieur et l’architecte. Auparavant, le second avançait sur sa conception puis transmettait le projet au premier, avec un partage de responsabilités structuré par la
Une compatibilité à optimiser
Néanmoins, derrière les projets phares des grosses agences, la réalité de la collaboration sur le terrain demeure contrastée. Formé en 2014 sur Revit, le bureau d’ingénierie LBE Fluides a démarré en BIM comme sous-traitant de Gallier au printemps 2015 sur le projet du nouveau campus de l’École centrale de Paris, Supélec, à Saclay, un chantier complexe de 44 000 m2, confié à l’architecte hollandais Rem Koolhaas (OMA). Pour les calculs, LBE Fluides a choisi Fisa en complément de Revit. La synthèse des maquettes produites par les différents lots est faite par Alto Ingénierie au format Revit, mais pour des raisons de confidentialité, les intervenants importent des éléments en IFC pour leur synthèse interne. « Le travail en BIM est ainsi complexifié par l’organisation collaborative, confie Vincent Lamare, chargé de projet à LBE Fluides. Réaliser la synthèse avec les IFC importés dans Revit n’est pas facile. Le format est très lourd et la représentation graphique manque de lisibilité. » Un constat également mitigé pour Catherine Hall, dont l’agence a fait des tests pour communiquer la maquette aux BET. La compatibilité s’est avérée réduite, et ces derniers préfèrent remodéliser pour leurs notes de calculs. « Néanmoins, nous travaillons sur tous les nouveaux projets en BIM pour nos besoins internes en collaboration avec les économistes, mais aussi , depuis deux ans, avec d’autres agences, explique l’architecte. Et la démarche BIM est très adaptée au concours et à la conception. »