Premier Meet-Up Francebois 2024 au Pavillon de l’Arsenal, Paris.
© Jonas Tophoven
C’est officiel ! Les bâtiments du futur village olympique seront entièrement en bois et biosourcé en dessous de R+8 et en solutions mixtes, en filière sèche, au-delà. Un cap pour la filière bois, notamment, qui doit s’organiser pour relever le défi et entrer dans la course.
Salle comble lors du premier Meet-Up Francebois 2024 au Pavillon de l’Arsenal. Les annonces faites lors du Mipim à Cannes sont confirmées. Le futur village olympique sera en grande partie en bois. Entièrement en bois et labellisés BBCA (E3C2) pour les bâtiments de moins de 28 mètres. En solution mixte et filière sèche, labellisés E3C1 au-delà. « Le bois sera préconisé au-delà des R+8, mais pas imposé », précise Celine Terrier-Laurens, directrice du pôle Ambitions écologiques et Héritage au sein de Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques) en charge de la livraison du village. Les objectifs étant de limiter les Atex, de permettre aux équipes de répondre et de construire vite.
Le calendrier est très serré : les premières offres sont attendues pour le 15 avril, moins de un mois ! Les équipes devront être composées d’architectes, de bureaux d’études environnemental et de promoteurs. Se grefferont en mai des spécialistes du bois en mai (architectes, BET et promoteurs). Les constructeurs entreront également dans la course en mai, afin de permettre aux équipes d’être dans les clous. « L’offre initiale doit être déposée en septembre et l’offre finale mi-octobre. Mi-novembre, le conseil d’administration de la Solideo actera des équipes retenues »* Une course contre la montre ! Les permis de construire seront délivrés fin mars 2020, les travaux devront impérativement débuter début 2021 pour une livraison le 31 décembre 2023 et occupation en mars 2024.
La barre est haute
Ce projet est un beau terrain de jeu. En effet, le futur village s’étalera sur trois communes – L’Île-Saint-Denis, Saint-Denis et Saint-Ouen – avec 445 000 m2 de surface de plancher dans le village olympique et paralympique et le cluster des medias. Quarante bâtiments seront à construire ou à transformer par 29 maîtres d’ouvrage publics et privés. Anne Hidalgo, présidente de la Solideo, met le curseur haut et souhaite que ces constructions soient exemplaires en termes d’émission carbone et qu’elles ne se limitent pas aux jeux Olympiques. Ces édifices seront pensés pour être réversibles – la filière bois travaille d’ailleurs sur le sujet ; ils deviendront après les jeux olympiques en 2025 des bureaux, logements, commerces… Ils seront aussi conçus en fonction des futurs changements climatiques : « Le confort d’été sera pensé pour que ces bâtiments soient adaptés à horizon 2050 », précise Anne Hidalgo. L’accent sera mis sur la préfabrication, les circuits courts et le recyclage.
Ces bâtiments seront aussi des laboratoires d’innovation et d’expérimentation. Concernant les toitures, elles devront être actives, intégrant l’énergie et produisant de l’énergie renouvelable, la biodiversité, la gestion des eaux pluviales… Tous seront full BIM au service d’une ville collaborative, accessibles et résilients dans le contexte du climat de 2050. « Les objectifs seront mesurables et mesurés, donnant lieu à un retour », précise Anne Hidalgo. Ce village comprendra également des constructions laboratoires : un bâtiment 100 % déplaçable ; un autre issu à 100 % du recyclage, dont 50 % du réemploi ; un avec zéro déchet d’exploitation ; un qui réinvente le béton via des bétons bas carbone ; un autre qui décline des matériaux alternatifs.
Sécurisation de la matière première
Un cap pour la filière bois française qui « ne sera plus l’exception, mais la norme », selon Jean-Louis Missika, adjoint au maire de Paris à l’urbanisme, projets du Grand Paris, développement économique et attractivité. Reste quelques interrogations et défis à relever : d'une part, la sécurisation de la matière première, d’autant que l’objectif visé par Anne Hidalgo est de 50 % de bois garanti origine France. Par ailleurs, 70% des entreprises impliquées devront être françaises. La question du coût est aussi à creuser : « Le dépassement toléré est de 10 %, selon Céline Terrier-Laurens. C'est possible étant donné les économies d’échelle et l’ampleur du projet. »
Prochain Meet-Up le 10 mai, dans les locaux de la CCI Paris Île-de-France. Il rassemblera les PME/TPE/Structures de l’ESS et constructeurs et opérateurs pressentis pour le village des athlètes.
* Cette procédure ne concerne que deux des trois parties du village olympique : celle située sur Saint-Ouen gérée par la Solideo et celle située sur L’Île-Saint-Denis, qui s’inscrit dans le cadre d’une ZAC préexistante et pilotée par la SEM Plaine Commune Développement.