Les matériaux issus de la déconstruction devraient trouver une seconde vie sur près de 150 chantiers dans l’Hexagone.
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Quelque 30 maîtres d'ouvrage se réunissent au sein d'un « booster du réemploi » pour lancer 150 chantiers tests axés sur la seconde vie des matériaux de construction.
Cette initiative a été annoncée ce jour à l'occasion du Mipim Urban Forum. Pour rappel, le secteur du BTP produit chaque année pas moins de 42 millions de tonnes de déchets, mais à peine 1% de ce volume est réemployé, en étant peu ou pas du tout transformé. Fort de ce constat amer, des maîtres d'ouvrages privés ont décidé de renverser la tendance et de s’unir au sein d’un « booster du réemploi », un groupe pilote qui s’engage à valoriser le réemploi des matériaux de construction sur ses chantiers. Sorte d’alliance stratégique portée par un objectif commun de réduire l’empreinte carbone des bâtiments et de diminuer la quantité de déchets issus de la démolition, cette initiative lancée par Groupama Immobilier fédère d’ores et déjà des acteurs majeurs de la filière tels que Cogedim, BNP Paribas, Bouygues Immobilier, Gecina, Icade, Hines ou encore Spie Batignolles Immobilier. En attendant la venue d’autres participants notamment publics comme la Mairie de Paris qui a d’ores et déjà fait part de son intérêt pour cette démarche inédite. Ce club du réemploi sera piloté par la société A4MT, spécialisée dans la transition bas carbone des entreprises, et l’Institut Français pour la performance du bâtiment (IFPEB). « Il s’agit clairement d’un «go-tank» et non d’un «think-tank, résume Lætitia George, directrice de l’immobilier tertiaire chez Groupama Immobilier. Nous voulons sortir de la réflexion pour agir concrètement au travers d’engagements fermes. L’objectif consiste à massifier la demande pour parvenir à l’horizon 2024 à un taux compris entre 15 et 20 % de réemploi de matériaux sur nos opérations».
Une plateforme numérique pour massifier la demande
Pour convaincre, ce «groupement d’intérêt écologique» s’engage pour commencer sur 150 chantiers de construction (soit cinq projets par maître d’ouvrage) à travers toute la France. Certains sont déjà lancés, comme c’est le cas à Lille (59) du Metropolitan Square, à Bordeaux (33) de l’immeuble #Community, à Paris (75) du L1ve, ou encore à Reims (51) de l’imposant projet de transformation de la friche des Magasins Généraux. Ils serviront de tests grandeur nature et permettront à terme de tirer un bilan environnemental qui servira de canevas opérationnel pour l’ensemble de la filière. Afin de mieux organiser le circuit du réemploi, une plateforme en ligne conçue par le spécialiste des services numériques Fabernovel permettra de centraliser et de standardiser les besoins en matériaux. En clair, les quelque 60 fournisseurs œuvrant actuellement sur le marché français, comme Moebius ou CycleUp, et qui ont du mal à identifier la demande disposeront bientôt d’un outil commun qui facilitera les échanges. L’accès y sera autorisé moyennant un abonnement modique dont le montant reste encore à fixer. «Il ne s’agit pas de déséquilibrer une filière déjà fragile mais bien au contraire de mettre en valeur la demande et de la rendre disponible pour tous les professionnels, poursuit Lætitia George. La plateforme rétablira le décalage qui existe aujourd'hui en France entre l’offre et la demande en rendant visible cette dernière sur un outil numérique simple d’utilisation». À terme, la plateforme sera à même de produire des certificats d’économie de carbone, d’eau et des déchets.