Haut de 50 m et large de 18 m pour le côté le plus grand, le silo Jacques Vabre a été repeint en trois mois aux couleurs de la marque Carte Noire. La difficulté résidait avant tout dans la réalisation des lettres et des motifs au pochoir.
Outre la préparation minutieuse et la reprise des façades, la peinture de ce silo aux couleurs de la marque a représenté un défi technique. Les pochoirs de 6 m de côté ont été nécessaires pour reproduire les motifs d'un paquet de café sur 50 m de hauteur.
Peint en quelques mois, le silo Jacques Vabre à Lavérune (Hérault) a été primé dans le Guinness book des records en tant que « plus gros paquet de café ». Sa forme rectangulaire a été peinte aux couleurs de la marque « Carte noire » sur une hauteur de 50 m, avec des côtés de 18 et 9 m. Des dimensions exceptionnelles, qui ont nécessité une organisation rigoureuse. Les travaux devaient être terminés pour les 40 ans de l'entreprise, soit le 15 septembre dernier, avec un début de chantier le 20 juin 2009. « Le bâtiment était scindé en deux et comprenait donc un soubassement de 9 m de hauteur et le silo proprement dit », indique Thierry Prot, directeur de l'agence Languedoc-Roussillon chez Omnium Façades, superviseur du chantier. Avant les opérations de peinture, il était nécessaire de réaliser un diagnostic sur l'état du silo. Il s'agissait d'un bâtiment en béton coulé en place, datant des années 1960-1970. « Malgré l'enduit, les traces des anciens coffrages en bois étaient encore bien visibles par endroits. La planéité était loin d'être parfaite, ce qui risquait de compliquer la peinture du décor ».
Préparation du support : des étapes incontournables
Les opérations se sont donc déroulées en plusieurs étapes, façade par façade, en commençant par la plus visible et la plus large. Le silo avait déjà été peint en 1993 à l'image d'un autre produit de la marque. À l'époque, un échafaudage fixe avait été mis en place. « Une solution qui présente l'inconvénient de nécessiter des points d'ancrage. Une fois que l'échafaudage est retiré, il est nécessaire de reprendre ces points avec du mastic acrylique et la différence de couleur est toujours légèrement perceptible », estimait Thierry Prot. L'entreprise a donc décidé d'utiliser des ponts volants de 11 m de longueur et des harnais pour les personnes travaillant dessus. Par mesure de sécurité, deux câbles supplémentaires ont été mis en place, avec l'avantage de ne pas impacter l'organisation de l'usine. En revanche, ces ponts ne pouvaient être utilisés lorsque le vent souffle au-delà de 50 km/h, ce qui s'est produit à plusieurs reprises cet été là, empêchant ainsi les équipes de travailler. Les vents étaient d'autant plus fréquents que le silo se trouve au milieu d'une cour intérieure.
La première étape a consisté à nettoyer la façade pour ensuite passer un produit anticryptogamique. Le nettoyage de cette façade a nécessité une journée. Le traitement anti-mousse, une solution à base de chlore, a été appliqué ensuite à l'aide d'un diffuseur à refus, afin de saturer le support avant le laisser sécher. Ce traitement anti-mousse est à la fois préventif et curatif. Sur des bâtiments de cette taille, les pollutions atmosphériques se déposent et des mousses se développent, en particulier dans les interstices et les défauts de planéité. Le traitement détruit les mousses existantes et ralentit leur réapparition. Grâce aux ponts volants et toujours entre 4 et 6 personnes sur le chantier, l'application de ce traitement a nécessité deux jours et 24 heures de séchage. Excepté le vent, les conditions météo estivales ont facilité les délais de réalisation sur le chantier en accélérant les temps de séchage.
Enfin, la préparation du support nécessitait le sondage à intervalles réguliers de toute la façade. L'opération a permis de mettre en évidence que 15 % des 900 m2 (pour la grande façade) nécessitaient des opérations plus importantes de maçonnerie. « À de nombreux endroits, c'est l'oxydation des fers qui était responsable. Nous les avons donc mis au jour, avec la brosse métallique puis passivés avec un antirouille. L'ensemble a ensuite été recouvert de mortier résine », indique Thierry Prot. Au total, trois jours ont été nécessaires pour traiter ces désordres, finalement assez limités, l'ancienne façade ayant été réalisée 15 ans plus tôt.
Préalable nécessaire à la peinture et au décor, une couche de fixateur en phase solvant a été appliquée sur le support déjà peint. Cette solution appliquée au rouleau méché à raison de 150 g/m2 a servi à le préparer à l'accrochage des couleurs en évitant que le film de l'ancienne peinture ne se décolle.
Des pochoirs de 6 m de côté
C'est la décoration proprement dite qui a demandé le plus de temps et de précaution. En effet, une fois les deux couches de noir acrylique appliquées, la réalisation des différents éléments de décor exigeait précision et rigueur. Gilles Mariat, architecte du cabinet Colomb, Mariat et associés à Nîmes a fourni tous les plans et les mesures nécessaires au calepinage.
Ce dernier a été réalisé sur le silo par le chef d'équipe qui a reporté toutes les cotes pendant la réalisation des pochoirs. Commandés auprès d'une entreprise locale spécialisée dans les panneaux publicitaires, les plus grands pochoirs livrés mesuraient 6 m de côté. Les plus grandes lettres à réaliser représentaient 1,50 m de hauteur. Afin de prendre en compte à la fois les risques de décollement liés au vent et la taille des pochoirs, ces derniers ont été découpés et numérotés, pour être utilisés sur la façade. Si les parties très larges ont pu être peintes au rouleau, de nombreux éléments ont été tracés à la main, afin d'obtenir un réchampi impeccable. Pour peindre les lauriers et autres éléments de couleur dorée, l'entreprise a cherché la teinte qui correspondait le mieux, en l'occurrence la couleur baptisée « or riche », préparée par la société Tourde (Seine-et-Marne), spécialisée dans ces teintes. « Très liquide, cette peinture nous a obligés à faire des retouches sur les coulures et de repasser du noir ou du blanc à certains endroits. Nous avons profité de cette expérience sur la première façade pour changer notre approche sur les trois autres », explique Thierry Prot.
Les mêmes opérations se sont déroulées ensuite concomitamment sur les deux façades de 450 m2, puis sur l'autre façade de 900 m2. À chaque fois, une première couche de noir a été appliquée avant les pochoirs et les décorations. La deuxième couche de noir était ensuite posée en finition. L'expérience a permis de gagner une semaine sur la peinture de la seconde façade de 900 m2. En toiture, des couvertines ont été installées sur les acrotères pour protéger les peintures. L'édicule du toit a été peint en bleu dans un premier temps et pourrait être recouvert de miroirs pour se fondre davantage dans le ciel. Les travaux se sont achevés quelques jours avant l'inauguration et ont coûté 223 000 e.