Les 23 000 m3 de boues ont été aspirés dans le port, au moyen d’une dragueuse, avant de transiter dans des conduites de 1,4 km qui les ont menés jusqu’à la zone de traitement située en sortie de ville.(Doc. Ph.D.)
Cette technique d’essorage, à base de tubes tissés en polyéthylène haute densité, a permis de traiter les 23 000 m3 de terres polluées dragués dans le port d’Honfleur (76). Une première en France.
Avec le temps et la force des marées, une fréquentation du port en forte augmentation et le développement de la motorisation des bateaux, le projet de « désenvasement » du port de plaisance d’Honfleur (76) était devenu une nécessité incontournable, tant pour le nettoyer que pour en faciliter la navigabilité.
« La dernière campagne de dragage datait de 1996 », souligne Nathanaël Delporte, chef du service Port et littoral au conseil général du Calvados, d’où l’explication de cette première opération qui a nécessité le traitement de 23 000 m3 de boues (une autre intervention devrait être programmée dans les années à venir pour permettre l’accueil des navires de plaisance).
Pollution aux métaux lourds
« La contrainte la plus importante résultait du fort taux de contamination des sédiments, poursuit Nathanaël Delporte, qui faisait suite à la présence de métaux lourds, essentiellement mercure, plomb et cadmium. » Le projet initial, qui prévoyait la construction d’une chambre de ressuyage classique, avec bassin de décantation pour le traitement des eaux était ouvert à variante.
C’est finalement une technologie innovante qui a été employée pour clarifier l’eau de mer polluée. En l’occurrence, l’utilisation de tubes « essoreurs » tissés en Polyéthylène haute densité (PEHD), développée par la société néerlandaise TenCate Industrial Fabrics. Le chantier constituant la première application de ce type dans l’Hexagone. « Cette solution qui présente un coût intéressant, permet également une réduction significative de la hauteur des merlons de la chambre de ressuyage, dans le cas de cette opération », explique Nathanaël Delporte. Autres avantages : une diminution des nuisances olfactives et visuelles, ainsi qu’une sécurité accrue. « La chambre de dépôt, qui doit bien entendu être sécurisée, [ndlr : clôtures et signalétique appropriée] présente beaucoup moins de dangerosité en cas d’intrusions accidentelles, les matériaux dragués étant confinés dans les Géotube. » Dans la pratique, les boues de dragage ont été aspirées dans le port, au moyen d’une dragueuse, avant de transiter dans un réseau de conduites de 1,4 km qui les a menées jusqu’à la zone de traitement située à la sortie de la ville.
Réduction de 90 % des volumes de boues
À ce stade, les eaux chargées de sédiments subissent une réaction de floculation, via l’ajout de polymères qui provoque un épaississement du mélange vaseux, avant d’être transférées dans les systèmes Géotube, sorte de boudins géants positionnés directement sur le sol à l’intérieur du bassin de décantation (la chambrede dépôt).
En l’occurrence, une trentaine d’unités de 9 m de large sur 50 à 55 m de long. Près de 99 % des solides présents dans le mélange s’agglomèrent et restent prisonniers des structures en PEHD. L’enveloppe est, en effet, tapissée de micropores qui bloquent les sédiments, mais permettent le passage de l’eau clarifiée, exsudée sous l’effet de la pression du mélange vaseux. « La réduction du volume initial de la boue peut atteindre 90 % », précise-t-on chez TenCate. L’eau expulsée de chacun des boudins est ensuite collectée dans un bassin étanche, puis rejetée directement dans la mer, les sédiments prisonniers des Géotube étant ensuite évacués vers des sites spécifiques. Côté avantages, cette technique permet d’accélérer le processus de clarification, tout en réduisant les travaux de génie civil, la chambre de dépôt ayant des dimensions moindres que celles qu’aurait dû avoir un bassin de décantation, dans le cas d’une solution classique. À signaler que les unités Géotube peuvent être empilées, caractéristique qui limite encore, si besoin était, l’emprise au sol. Sur le plan du timing, « le système s’est montré conforme à nos attentes, mais le chantier a connu un retard dû à la présence, au démarrage des travaux, de macrodéchets » – vélos, chariots de supermarché et équipements de bateaux abandonnés – « qui nous a obligés à faire intervenir, dans les premiers temps, une pelle avec dégrilleur.
Les mauvaises conditions climatiques qui ont régné au milieu de l’hiver ont également perturbé la construction de la chambre de dépôt », conclut Nathanaël Delporte.