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Le confort d'été à l'épreuve des usages

Le confort d'été à l'épreuve des usages

Le confort d'été de la résidence Château d'eau, à Miramas (13), a été passé au crible lors du colloque organisé par EnvirobatBDM.

© Lucie Moraillon

Évincé des priorités constructives par la climatisation et la recherche d'un coût du mètre carré minimal, le confort d'été revient questionner les pratiques.

Le colloque Bâti'Frais, qui s'est tenu en septembre à Marseille, a été l'occasion de retours d'expérience sur le confort d'été. Une opération de 36 logements sociaux réalisée à Miramas (13) pour ICF Habitat Sud-Est Méditerranée a permis à ses concepteurs, Kir Vesselovsky, de MAP Architectures et Audrey Barthélemy, du Bet AB-Sud Ingénierie, de dévoiler les enseignements d'une campagne de mesures et d'une enquête auprès des résidents menées a posteriori.

Pics de chaleur

Les trois bâtiments du programme se caractérisent par des appartements traversants, avec des terrasses sud et ouest, une distribution par des coursives extérieures munies de brise-soleil en béton. Livrés en juillet 2014, ils ont fait l'objet d'une étude thermique détaillée et d'une campagne d'enregistrement des valeurs du 21 juin au 5 septembre 2017, effectuée dans quatre logements (cinq data-loggers pour mesurer la température, l'humidité et la lumière juste après la semaine la plus chaude de l'été). Le tout complété par une enquête de ressenti auprès des locataires. Il s'avère que si les bâtiments fonctionnent pendant 10 mois de l'année avec des consommations de chauffage très faibles et un confort d'hiver appréciable, l'analyse de l'été 2017, avec ses très fortes chaleurs, démontre que la température est insuffisante pour qualifier le confort d'été. Les courbes de température des appartements étudiés sont presque similaires (delta de 0,5° à 1 °C), mais les ressentis des locataires varient de température « supportable » à « trop chaude ». La température supérieure des pièces donnant au sud pose également la question du rayonnement des parois. À noter toutefois que les bâtiments de cette opération sont RT2005 et ne bénéficient pas d'un traitement des ponts thermiques des planchers et des murs de refends.

Une insuffisance de ventilation

Ce constat illustre trois freins au confort d'été dans le logement collectif : la forte demande de T2 rendant impossible la généralisation des appartements traversants ; des contraintes financières limitant la prescription de matériaux et d'équipements plus performants ; et enfin les usages mêmes des occupants, qui préfèrent que l'air circule, même s'il est chaud, et se montrent rétifs à fermer leurs volets durant la journée pour éviter une sensation de confinement. L'insuffisance de ventilation, moins bien supportée que les fortes températures, supposerait donc d'aller plus loin dans l'isolation thermique et la recherche de l'étanchéité. Des axes de progrès se sont ainsi dégagés à la faveur de ce retour d'expérience. En particulier, l'intérêt d'une meilleure protection des coursives (du vent, du froid, de la chaleur et des poussières), de hauteurs d'étages plus importantes pour augmenter le volume d'air (ou l'installation de brasseurs d'air pour créer du mouvement) et, enfin, le renforcement de l'isolation thermique des volets roulants. Des solutions qui feront probablement école.

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