L’adaptation des locaux aux personnes handicapées représente un investissement budgété à 10 millions d’euros pour toute l’université. Des travaux ont déjà été réalisés : installation de lignes au sol - en carrelage quand c’est possible pour des raisons de pérennité -, transformation de sanitaires, rampes d’escalier et signalétique.
La gestion technique d’une université recevant du public est délicate, surtout quand il s’agit d’un immeuble de grande hauteur, soumis à un taux d’usure élevé et doté de fenêtres originales. Le centre Tolbiac-Pierre-Mendès-France, à Paris, en est l’exemple.
Programme Des espaces indispensables créés après-coup
Conçue pour répondre aux besoins de l’après-Mai 68, la tour Tolbiac de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne a été livrée en un temps record de vingt mois, pour la rentrée 1973. L’exiguïté de la parcelle triangulaire sur laquelle elle est implantée, un ancien dépôt municipal de pavés, a dicté ce parti pris vertical. Aujourd’hui classé, l’ensemble de 23 étages (entresols compris) est composé de six cubes de 5 à 6 niveaux, accrochés en trois groupes à un noyau central, ce qui rompt avec le monolithisme classique des tours : bâtiment A (un cube), bâtiment B (2 cubes), bâtiment C (3 cubes). Quatre niveaux de sous-sol sont desservis par des escaliers, des rampes d’accès automobiles et un monte-charge réservé à l’administration. Au rez-de-chaussée, 8 amphithéâtres, d’une capacité totale de 2 350 places, entourent la tour pour accueillir les cours magistraux.
Dans les plans d’origine, les architectes ont omis plusieurs espaces indispensables au fonctionnement d’une université publique : cafétéria ; bureaux pour les chercheurs, les enseignants et le personnel administratif ; locaux pour la logistique, les services généraux ou l’accueil. Ces équipements ont été créés après-coup, en fonction des disponibilités et des contraintes du bâtiment. Dès l’ouverture, une partie des parkings du sous-sol est transformée en locaux techniques pour la maintenance, les ateliers, l’archivage ; même si leur hauteur sous plafond, limitée à 1,93 m, pose souvent problème. Quelques années plus tard, la cafétéria s’est nichée dans une terrasse cloisonnée, entre deux cubes. Des bureaux ont été mis en forme en cloisonnant des salles de cours dans les étages hauts. La dernière création date d’août 2013 : l’espace d’accueil emprunte une surface auparavant réservée aux circulations du rez-de-chaussée. Les agents y renseignent et orientent les visiteurs, distribuent les polycopiés aux étudiants, et surtout, assurent une présence permanente dans le hall.
État des lieux De l’amiante et des fenêtres inadaptées
Deux grands thèmes concentrent aujourd’hui l’attention. Tout d’abord, le désamiantage. Opéré par Snadec Epaurif à partir de 2010, il a consisté à éliminer l’amiante présente dans les portes et clapets coupe-feu, les tresses et joints de dilatation, les portes d’ascenseur, ainsi que certains enduits muraux. Par sécurité, les percements restent toujours interdits et tous les éléments et revêtements muraux sont désormais collés. Le dépoussiérage des gaines et des plénums se poursuit, le minéral ayant pu s’y accumuler pendant des années. Toute intervention est formellement interdite, sauf exception très organisée, car c’est dans ces espaces que passent les circuits téléphoniques. Seconde préoccupation : les fenêtres, qui posent de continuels problèmes. En effet, le nettoyage des verres - non autonettoyants - est délicat et coûteux. En 2009, la façade, jamais nettoyée, était couverte d’une épaisse couche de crasse et les services généraux doivent de plus en plus souvent faire appel à des cordistes. En outre, originalité pour un IGH, ces fenêtres s’ouvrent à l’italienne, c’est-à-dire en poussant le bas de l’ouvrant vers l’extérieur, selon un axe horizontal à partir de la traverse haute. Les objets posés sur le grand dormant horizontal sont susceptibles de tomber dans le vide. Par ailleurs, pour limiter le rayon solaire, les fenêtres sont dotées d’occultants simples à enroulement manipulés par une manivelle. Or la tringlerie se coince parfois dans l’entrebâillement lors de la fermeture de la fenêtre, générant par effet de levier un effort sur l’ouvrant. Plusieurs fois, cette pression a brisé le verre : heureusement, il s’agit d’un Sécurit dont l’éclatement fait chuter dans le vide des milliers de morceaux presque inoffensifs, sans éléments coupants.
Les bris se multipliant, les verres ont d’abord été remplacés par d’inesthétiques plaques en bois, faute de moyens financiers. Le grand chantier de leur rénovation par un système sécurisé est engagé en 2009. Vincent Sabatier (Sabatier Sitoleux Architectes) est choisi sur appel d’offres pour assister la maîtrise d’ouvrage. Les travaux sont réalisés en 2010-2011 sur les 800 fenêtres par Stim Technibat, pour un budget total de 5,4 millions d’euros (soit 6 750 €/fenêtre). Des baguettes de jointure chromées sont installées pour encadrer les carreaux, elles sont doublées verticalement pour empêcher que le verre se brise sous l’effet de levier. De petits compas Wicona sont posés dans l’encadrement vertical pour limiter l’angle d’ouverture. Mais cela reste insuffisant puisque, deux ans après, de nombreux compas sont tordus. Plusieurs fenêtres sont de nouveau condamnées. Aujourd’hui, le maître d’ouvrage doit trouver une nouvelle solution efficace, rapide à mettre en œuvre et surtout simple d’usage. Une action en garantie est en cours contre les prestataires de l’époque.
Bilan Une maquette en 3D pour la gestion préventive
La tour Tolbiac, représentative d’une époque architecturale, présente des atouts. Ainsi, tous les éléments techniques sont regroupés et leurs positionnements bien identifiés. Les câblages électriques sont de très bonne qualité : après quarante ans, ils tiennent la charge sans faiblesse, malgré l’augmentation des tensions due à la multiplication des équipements informatiques. Ce réseau innerve également les amphithéâtres et les salles de cours de prises individuelles pour les étudiants. Un groupe de 800 kVA assure le relais en cas de panne, ce qui suffit.
La maintenance et l’entretien sont assurés au quotidien en régie par huit agents de la direction du patrimoine immobilier présents sur le site. Ils utilisent des plans électroniques en 3D. Cette modélisation - réalisée en interne par deux agents de l’université - est utile à double titre. D’abord, pour mener quelque 700 interventions annuelles, principalement en électricité, plomberie, téléphonie et serrurerie. Ensuite, pour passer progressivement à une maintenance préventive. Encore conduite au coup par coup en fonction des possibilités et du temps disponible, celle-ci concerne les sanitaires (problèmes d’hygiène, obturations) ; l’éclairage (les néons T5 sont plus performants que les led pour les amphithéâtres) ; les circulations et les éléments de sécurité (encombrements, signalisation). Les travaux de rénovation sont planifiés en fonction des économies réalisées sur le fonctionnement. Ils sont de plus en plus souvent effectués en régie. Pour les gestionnaires, c’est moins coûteux en temps et en prix des matériaux et matériels que s’ils étaient confiés à des entreprises extérieures.