Lasures : combiner protection, durabilité et décoration du bois

Par définition, une lasure est un « produit d’imprégnation et de revêtement qui confère aux ouvrages en bois exposés aux intempéries à la fois la protection (hydro­fuge, insecticide et fongicide) et la décoration (teinte naturelle ou coloration). » En fait, les lasures, qui protègent et décorent la plupart des bois (chalets, charpentes, menuiseries, bardages, clôtures, etc.), se répartissent en deux grandes catégories : les produits d’imprégnation (primaires) et ceux destinés à la finition. Leur fabrication et leur composition diffèrent selon le mode préparatoire qui peut être soit en phase solvant diluable au white-spirit, soit en phase aqueuse, à base d’eau. Les produits en phase solvant – constitués de résines alkydes ou acryliques – ont l’inconvénient d’être inflammables, peu écologiques et nocifs pour la santé, du fait de leurs émissions solvantées.

Trois types de consistances

Pour leur part, les produits en phase aqueuse (le solvant est ici de l’eau) sont classés non dangereux. Relativement dénués d’odeur, ils ont aussi l’avantage de sécher plus rapidement. À ­titre d’exemple, la marque ­Tollens (du fabricant Materis Paints) propose deux gammes de lasures. Celles composées de ­résines alkydes, dont les procédés de fabrication changent, présentent trois types de consistances : le fluide, le gel et le haut extrait sec. Le premier, le fluide (lasure solvant fluide NV), pénètre plus dans le bois, à raison de 80 % environ, et n’est pas filmogène, c’est-à-dire qu’il ne reste pas en surface, et présente donc une bonne adhérence. Le second, le gel (lasure solvant gel NV), est un liquide additionné de résines uréthannes. Plus dur en surface, il résiste mieux à l’abrasion. De haute durabilité, il est adapté aux éléments en bois très exposés aux intempéries, comme les volets ou les fenêtres des bâtiments. Et le troisième produit, la lasure haut extrait sec, plus riche en résines, recèle entre 60 et 68 % d’extrait sec qui lui confère une bonne adhérence au support, lorsque les matières volatiles se sont évaporées, ainsi qu’une excellente durabilité.

Nécessaire préparation des supports

Tollens propose un quatrième type – la lasure mate d’imprégnation – qui est non-filmogène et pénètre bien le bois. Elle le prépare à recevoir un produit de finition et sert à homogénéiser un bois neuf, ou à restructurer un bois usagé. Cette même marque offre également deux autres produits en phase aqueuse. La lasure acryl satin, composée de résines acryliques, est translucide et peut être teintée (tons bois ou couleurs). Et la lasure opaque 2 qui, comme son nom l’indique, opacifie le support, est recommandée pour les bois neufs ou décapés. Plus généralement, la lasure d’imprégnation au fort pouvoir couvrant représente la première couche, alors que la lasure de finition est la dernière couche à être appliquée sur le bois. Certaines lasures détiennent même un double rôle, d’impégnation et de finition, comme le Toll-azur égalisateur de Tollens, en phase solvant. Ce liquide semi-opacifiant teinté uniformise et éclaircit l’aspect des bois foncés, vieillis ou ­noircis.

Le choix d’une lasure est conditionné à l’essence du bois support (feuillus, résineux et bois exotiques). Les travaux préparatoires de ces derniers varient donc en fonction de ces essences. Après diagnostic, chaque support fait l’objet d’un dégraissage, d’un brossage, d’un ponçage ou bien d’un grattage, selon l’essence ou son état (neuf ou non). Un bois neuf non revêtu doit d’abord subir un dégraissage à l’aide d’un diluant (pour éliminer ses exsudations, tanins), puis un ponçage à l’abrasif. Un bois revêtu d’une peinture, d’un vernis ou d’une cire, devra être décapé ou poncé mécaniquement, suivant les cas. De même, un support en lasure écaillée sera poncé ou gratté afin d’éliminer les feuils mal adhérents. Sur une ancienne lasure adhérente, il convient de ­dégraisser le support puis de ­mater les surfaces brillantes et satinées par un ponçage fin ­général. Si certaines lasures sont applicables sur toutes les sortes de bois non revêtus ou dérivés, plutôt peu absorbants, d’autres ne ­peuvent être utilisées sur des bois tendres à essences antisiccatives, tels que l’iroko, le doussié, le teck ou le cèdre rouge.

Hormis leur effet protecteur et de la couleur, les lasures possèdent d’autres propriétés, variables selon les fabricants : ­hydrofuge et régulatrice d’humidité (protection contre les intempéries), anti-UV (protection contre le grisaillement ou le bleuissement du bois), ­antipoussières, antimoisissures, insecticide, ou fongicide (protection contre les champignons parasites). Généralement micro­poreuses et souples, elles laissent le bois respirer et ralentissent son vieillissement.

Un temps de séchage supérieur en phase solvantée

Leur mise en œuvre s’effectue à une température supérieure à  5 °C (Astral, Gori, Bondex, Obbia, etc.). Certaines marques préconisent une température plus élevée de l’ordre de 10 à 12 °C (Europ Labo,etc.), ou bien comprise entre 5 et 30 °C, voire 35 °C (Produits Durieu, Onip, Sikkens). Elle varie en fonction des supports, des produits et des procédés délivrés par chaque fabricant. Sachant qu’avant de procéder à leur pose, il est nécessaire de préparer le support, tel qu’on l’a vu ci-dessus, et suivant le DTU 59-1, relatif aux travaux de peinture. L’application s’effectue à la brosse, au rouleau ou au ­pistolet mécanique (ou Air Less) par projection d’une ou deux couches de finition sur une première couche d’impression. Le temps de séchage, variable selon les marques, est nettement plus important pour les produits en phase solvantée, puisqu’il oscille entre 8 et 24 h. En émulsion à l’eau, le séchage de la lasure varie de 2 à 12 h. Le rendement varie également d’un produit à l’autre, de 6 à 17 m2 par litre. Normé, ce rendement ­varie également selon la porosité du support. ­Incolore à la base, la lasure peut être également teintée selon des tons bois, ou présenter toute la gamme chromatique avec un ­effet plus ou moins transparent.

Le nombre de teintes proposées varie de 5 à 10 (Astral), 6 à 8 (Cecil, Bondex), ou 18 (Europ Labo), par exemple. Il peut s’élargir à un choix de 31 teintes (oxydes métalliques), complété de 7 couleurs opacifiantes et de 10 tons bois, pour le fabricant Obbia, et même 60 teintes, pour Renaulac. La marque Sikkens va jusqu’à proposer un nuancier très fourni de 1 160 coloris.

Pour les tons bois, la gamme est plus restreinte, de l’ordre de 7, 8, 9, voire 10 tons (acajou, châtaignier, chêne, merisier, noyer, palissandre, pin, teck, etc.). L’aspect final obtenu est presque toujours un satiné qui peut être doublé d’un mat, brillant, ou opaque. Moins ­courantes, ­certaines lasures proposent des finitions mates, mates ambrées, ou gras et ciré. Quant à la garantie, elle n’existe qu’officieusement pour une surface inférieure à 1 000 m2.

En effet, elle ne peut s’officialiser que quand le service technique de la marque, accompagné du maître d’ouvrage et de l’architecte, ­visite le chantier et signe ensuite un contrat de ­garantie, pour une durée de 5, 8 ou 10 ans. Cette promesse de durabilité est sous-tendue par un engagement d’entretien, à réaliser tous les trois ans, par un nettoyage ou un ponçage des zones lasurées.