© (Doc. Pieri.)
Système de décoration et, dans une moindre mesure, de protection des surfaces, les lasures pour béton associent couleurs et transparence. Des produits économiques, qui demandent cependant une préparation sans faille des supports.
La tendance, qui est de laisser des bétons à l’état brut, n’est pas nouvelle. En revanche, celle qui consiste à ajouter une dimension réellement décorative à ce matériau est plus récente. Aujourd’hui, utiliser la surface des matériaux bruts comme élément décoratif tend à se développer. Cette mise en valeur est réalisée par une coloration qui permet dans le même temps de conserver par transparence les effets de surface. Le béton n’échappe pas à la règle et, en se sens, les lasures pour béton apportent une nouvelle portée décorative à ce qui n’était, jusqu’alors, qu’une volonté technique de protection.
Les lasures, plutôt réservées au bois à l’origine, désignent de façon générale tout produit d’imprégnation et de revêtement qui assure à la fois protection et décoration des ouvrages. Avec ce type de produits, l’objectif, outre la fonction de protéger, est indéniablement de valoriser le béton, en jouant avec la couleur et la matière. Ce matériau regagne ainsi, petit à petit, ses lettres de noblesse. En effet, grâce à la qualité des éléments utilisés pour sa fabrication (ciments, agrégats, adjuvants…) et les techniques de mise en œuvre, via des coffrages aux aspects de surface très variés, ce dernier acquiert une nouvelle considération. D’où un crédit inédit. A l’image du bois, on le laisse volontiers à l’état brut afin de faire ressortir une certaine forme d’authenticité, sa surface devenant un plus d’un point de vue décoratif. Veinages, imperfections, microfaïençages ou autres imperfections deviennent des éléments de décoration par un effet de transparence, en couleur qui plus est.
Les lasures pour béton, apparues il y a une vingtaine d’années, sont des systèmes décoratifs à part entière, adaptés aux bétons bruts de décoffrage ou architectoniques et qui s’inscrivent totalement dans cette démarche. Des systèmes qui s’appliquent en intérieur comme en extérieur, et qui s’adressent aux bâtiments publics (mairies, école, hôpitaux…), aux bâtiments industriels ou commerciaux, aux logements collectifs, voire aux ouvrages d’art. Sous certaines conditions de mise en œuvre, ils sont également utilisables en rénovation et sur d’autres supports maçonnés revêtus d’un enduit au mortier de liant hydraulique ou sur plâtre.
Une barrière étanche au CO et SO
A la différence d’une peinture dont l’apparence uniforme et homogène modifie l’aspect du support, les lasures bétons contiennent moins de pigments et surtout moins de charges. Cette concentration fait que le produit appliqué n’est pas ou peu opacifiant avec un aspect homogène, mais pas uniforme. Comme les peintures, elles se fabriquent avec un liant, des charges, des adjuvants et un solvant, dont la tendance est à la formulation en phase aqueuse. Les produits entrant dans la formulation des lasures étant identiques à ceux employés en peinture, on retrouve donc des aspects de surfaces semblables : mats, satinés ou brillants et ce dans tous les coloris. Les limites dépendant bien sûr des résines utilisées et des contraintes techniques.
Si l’on retient d’abord leurs qualités décoratives, les lasures béton ne restent pas moins des produits destinés à la protection des surfaces, certaines d’ailleurs, totalement invisibles, ne remplissent que cette fonction. Schématiquement, ces produits de classe D1 (1), conformes à la norme NF P 84-403 qui classifie les revêtements de façade à base de polymères, forment un léger film imperméable microporeux, tout en imprégnant le support. Les lasures assurent une barrière étanche et durable contre la pénétration des eaux de ruissellement et offrent une protection contre les salissures. Certaines d’entre elles garantissent également une protection antigrafitti. Cependant, on ne saurait les considérer comme des produits d’imperméabilité. Il peut être nécessaire d’appliquer en amont un traitement de surface hydrofuge invisible, notamment s’il y a un risque d’efflorescences. Selon les produits, leur formulation contribue tout de même à l’hydrofugation des surfaces. Ils constituent ainsi, sur le long terme, une barrière étanche au dioxyde de soufre (SO) et au gaz carbonique (CO), responsables de la carbonatation des bétons, cause première de la détérioration des supports.
Une préparation rigoureuse des supports
Produit décoratif par excellence, la lasure exige une préparation impeccable du support. Une réflexion qui doit donc être menée en amont de la construction. En effet, choisir une lasure comme élément de finition décoratif, c’est d’abord travailler sur la qualité du support béton. Ainsi, la surface idéale aura une planéité correcte, sera exempte de ragréage, de rayures et de tâches, et le béton, gris ou blanc, aura une couleur homogène sans être totalement uniforme. Un soin tout particulier doit donc être apporté à la conception des bétons. Des conditions que l’on retrouvent le plus souvent avec des bétons préfabriqués, en raison d’une plus grande maîtrise de la fabrication. Ce type de résultat peut être bien entendu obtenu avec un béton coulé en place… à condition d’être très rigoureux, d’utiliser le même ciment, les mêmes agrégats, le même sable pendant tout le chantier et de prendre en compte la technique de coulage : vibration du béton, délai de décoffrage, conditions climatiques…
D’une façon générale, pour être parfaitement adhérents et offrir toutes les garanties attendues, les fonds se doivent d’être propres, secs, sains, dégraissés et sans trace d’huile de décoffrage. Pour les bétons anciens, le lavage à haute pression s’impose, suivi éventuellement d’un brossage ou d’un sablage, puis à nouveau de plusieurs rinçages afin de retrouver l’aspect d’origine. Problème : il est difficilement envisageable, en cas de rénovation, de procéder à un ragréage. En effet, l’aspect de surface serait alors différent entre les parties ragréées et les fonds non ragréés. Si toutefois le ragréage ne peut être évité, il convient de le réaliser le plus proprement possible en respectant la peau et la couleur du béton, mais avec le risque d’obtenir, au final, une couleur inesthétique par rapport au support. Cet inconvénient est l’une des raisons pour lesquelles les lasures sont utilisées dans le neuf dans 80 % des cas. L’application en elle-même, au rouleau, à la brosse ou au pistolet, requiert une rigueur technique dans la méthode, couplée à un savoir-faire quant à l’esthétique du produit. Selon les systèmes, il est nécessaire d’appliquer ou non un primaire ou une couche d’impression. Sur les bétons non homogènes, le primaire retenu aura un pouvoir plus ou moins opacifiant, destiné à masquer ou à atténuer les imperfections. Conséquences : perte de transparence au niveau du béton.
Des lasures béton plutôt économiques
Avant l’application de la couche de finition, il convient de définir à l’avance un plan de calepinage. Le but : travailler par panneaux entiers de 5 à 6 m afin d’éviter les reprises. Lesquelles, si elles s’avèrent nécessaires, se réalisent frais sur frais pour éviter les surcharges et donc les différences de teintes. D’une manière générale, les fabricants conseillent, avant l’application, de procéder à des essais de couleur dans des conditions d’application identiques à celles du chantier. En effet, la teinte finale dépend en grande partie de la nature du support.
Globalement, le coût d’une lasure béton est relativement faible (entre 6 et 20 euros HT/m) et se situe en bas de l’échelle des revêtements de façade. Cependant, le résultat dépend très largement de la qualité du support et donc des travaux préparatoires réalisés en amont.
12 familles de lasures pour donner des couleurs au béton | ||||||||||||||||||
Fabricant/marque | Service lecteur | Nom du produit | Définition | Destination | Propriétés | Application | Rendement (L/m2) | Teintes | Aspect final | Coût fourni posé pour 1 m2 HT en euros(1) | ||||||||
Intérieur | Extérieur | Support neuf | Façade en service | Rouleau | Brosse | Pistolet | Mat | Satiné | Brillant | |||||||||
Chabaud | 82 | Façasur | Lasure à base de copolymères acrylique | – Transparence et coloration– Protection contre les eaux de ruissellement et la carbonatation (résistance à la diffusion de CO2 et SO2) | • | 0,1 à 0,3 | Incolore teintes à la demande | nc | De 12 à 20 | |||||||||
Ocean | 83 | Lasure ocean PU | Système comprenant un primaire acrylique et une finition polyuréthanne | – Transparence et coloration.– Protection contre les eaux de ruissellement et la carbonatation (résistance à la diffusion de CO2 et SO2)– Antigraffiti | Primaire 4 finition :8 à 12 | Nuancier (RAL) | De 15 à 18 | |||||||||||
84 | Lasure ocean A | Système comprenant un primaire acrylique et une finition acrylique | – Transparence et coloration– Protection contre les eaux de ruissellement et la carbonatation (résistance à la diffusion de CO2 et SO2) | Primaire 4 finition :8 à 12 | nuancier | |||||||||||||
85 | Lasure ocean V | Système comprenant un primaire acrylique ou vinylique et une finition vinylique | – Transparence et coloration– Protection contre les eaux de ruissellement et la carbonatation (résistance à la diffusion de CO2 et SO2)– Antisalissure et lavable | Primaire 4 finition :8 à 12 | Coloris réalisés avec des oxydes et des ocres | |||||||||||||
86 | Lasure ocean M | Système comprenant un primaire minéral et une finition minérale | – Transparence et coloration– Protection contre les eaux de ruissellement et la carbonatation (résistance à la diffusion de CO2 et SO2) | Primaire 4 finition :8 à 12 | Idem précédent | |||||||||||||
Pieri | 87 | Prelor 3 | Système polyuréthanne en deux produits applicables successivement : régulateur de fond prêt à l’emploi et finition teintée bicomposante | – Transparence et coloration– Protection contre les eaux de ruissellement et la carbonatation (résistance à la diffusion de CO2 et SO2)– Antisalissure et antigraffiti | Régulateur de fond : 5 à 8finition :8 à 10 | 20 et teintes à la demande | De 18 à 20 | |||||||||||
88 | Prelor 4 | Système polyuréthanne comprenant un fixateur opacifiant teinté prêt à l’emploi et finition lasurante bicomposante | – Transparence et coloration– Protection contre les eaux de ruissellement et la carbonatation (résistance à la diffusion de CO2 et SO2)– Antisalissure et antigraffiti | Fixateur opacifiant : 5 à 7finition :8 à 10 | 12 | |||||||||||||
Seigneurie | 89 | Kubik égalisateur | Sous couche mate acrylique en phase solvant. | – Couche égalisatrice des fonds hétérogènes | 5 | Blanc et gris béton teintes pastel sur demande | De 12 à 18 | |||||||||||
90 | Kubik | Lasure pour béton aux polymères méthacrylatiques en solution | – Transparence et coloration– Protection contre les eaux de ruissellementet la carbonatation (résistance à la diffusion de CO2 et SO2) | 5 à 10 | Incolore 16 teintes | |||||||||||||
Sika | 91 | Sikagard 681 protection | Préparation prête à l’emploi à base de dérivés acrylique en phase solvant | – Aspect mouillé ou satiné selon la nature du support– Protection contre les agents atmosphériques | 100 à 150 | Incolore | nc | |||||||||||
Sto | 92 | StoCryl V 400 | Monocomposant en phase aqueuse et pigmentée, à base de dispersion acrylique pureet prêt à l’emploi | – Transparence et coloration– Protection contre les eaux de ruissellement et la carbonatation (résistance à la diffusion de CO2 et SO2) | 0,15 à 0,25(2 couches) | Incolore nuancier | De 6 à 8 | |||||||||||
Viero | 93 | Vierobéton | Système à base de copolymères en émulsion aqueuse, de fragments organiques et inorganiques | – Transparence et coloration– Protection contre les eaux de ruissellement et la carbonatation (résistance à la diffusion de CO2 et SO2)– Inhibiteur des affleurements de rouille et des efflorescences des sels de surface | nc | 100 teintes | De 11 à 15 | |||||||||||
Tableau non exhaustif réalisé en fonction des réponses des fabricants. 1. Prix calculé hors échafaudage et préparation des supports. |