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La lumière, cet instrument au service de l’architecture

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La lumière, cet instrument au service de l’architecture

Les salles de concerts constituent, la plupart du temps, des lieux signifiants du point de vue architectural. La lumière y joue un rôle important : elle met en scène les volumes, crée des ambiances adaptées et assure le confort du public, mais également des musiciens.

Il ne faut pas confondre l’éclairage scénique avec l’éclairage de la salle proprement dite. Dans le premier cas, les projecteurs sont installés sur un gril, constitué de structures métalliques au plafond qui permettent de fixer les appareils ou autres accessoires scéniques devant être placés en hauteur. Dans le second cas, la salle est mise en lumière, pour que le public bénéficie d’un éclairage confortable et adapté aux différents moments du spectacle et mettre en valeur les détails architecturaux.

La norme de référence NF EN 12464 indique trois exigences : des éclairements au niveau du sol de 200 lux, un UGR (Unified Glare Rating, à savoir un taux d’éblouissement unifié) de 22 et un indice de rendu des couleurs de 80. Si elle n’apporte pas davantage de précisions, c’est pour laisser aux concepteurs leur libre arbitre et, surtout, leur permettre de créer l’ambiance lumineuse appropriée. Selon Rémy Cimadevilla, concepteur lumière associé de l’agence 8’18’’, leur rôle consiste à « implanter la lumière où cela fait sens, en associant le beau et l’utile », ainsi qu’à obtenir les meilleures performances. Se pose alors la question de la source lumineuse - quelle technologie choisir ? - et du luminaire - doit-il s’afficher en tant qu’objet lumineux ou au contraire s’intégrer discrètement dans l’architecture ?

Led ou fluo

Aujourd’hui, les concepteurs lumière, les architectes et les bureaux d’études n’hésitent plus à recourir aux performances de la diode qui, outre sa durée de vie, offre des flux lumineux importants et un large choix de températures de couleur.
Autre avantage de l’électroluminescence : les économies d’énergie. Ainsi, l’éclairage du Zénith de Strasbourg, construit en 2007, vient d’être complètement revu. La salle, de 7 862 places et pouvant accueillir jusqu’à 12 079 spectateurs assis et debout, était éclairée par 84 projecteurs halogènes de 1 500 W équipés de gradateurs pilotables à forte puissance (Dynalite) ; soit une puissance installée de 126 kW. Chaque année, un remplacement des lampes (« relamping ») était nécessaire, induisant des problèmes de sécurité (chute de bris de glace dû à l’échauffement des lampes) et des coûts de maintenance élevés. En 2014, les projecteurs énergivores ont été remplacés par 84 armatures GentleSpace² de Philips, avec une interface Dmx/Dali Dynalite, soit une puissance installée de 19,6 kW. Résultat : 84,5 % d’économies d’énergie, sans compter l’absence de maintenance durant une période d’environ vingt ans.
Cependant, la fluorescence demeure un concurrent de poids, grâce à des efficacités lumineuses élevées, ainsi que de longues durées de vie. En outre, tout comme la diode électroluminescente, les tubes T5 offrent la possibilité de la gradation, très utilisée dans les salles de concerts au début et à la fin du spectacle, où il est primordial de ne pas plonger le public dans le noir ni de l’éblouir par un allumage brutal. C’est le parti pris par Rémy Cimadevilla pour la grande salle des Fuseaux (architecte Nicolas Michelin, ANMA) à Saint-Dizier (Haute-Marne). La salle pluridisciplinaire, logée au cœur de l’édifice, a une capacité d’accueil de 1 130 personnes assises (750 sur le devant de la scène, 380 en mezzanine et sur les balcons latéraux) et comporte une peau en bois dont les lames parcourent le plafond dans un mouvement fluide. La lumière accompagne le principe architectural, en descendant du centre vers les côtés et des côtés vers le bas.

Lumière-objet

S’il n’est pas rare, dans le tertiaire, que les sources et l’implantation des luminaires soient soumises à des exigences réglementaires, il en va différemment dans les théâtres et salles de concerts. En dehors de l’éclairage de sécurité obligatoire et des niveaux d’éclairement précités, les concepteurs sont plutôt confrontés à des contraintes techniques liées à l’architecture de la salle elle-même. Des contraintes qu’ils peuvent d’ailleurs utiliser pour mettre en valeur l’objet lumineux, comme l’illustre le théâtre Daguan (photo p. 52), à Shanghai. Le traitement scénique de la salle, comme le mobilier et l’éclairage sont conçus selon un système flexible permettant de faciles modifications et de multiples configurations. Ainsi, Georges Berne, concepteur lumière chez 8’18’’ a créé des appareils lumineux à led concentrés sur des « nuages » modulaires pendus, formés de mailles en nid-d’abeilles, et pilotés par un système de gestion.
Autre exemple de lumière-objet au Legacy Hall du RiverCenter à Columbus (USA). La salle, de 450 places, baigne dans une ambiance intime et chaleureuse. L’orchestre, le parterre et les balcons sont éclairés par la célèbre suspension PH Artichoke, signée Poul Henningsen pour Louis Poulsen. Sur les 12 arches d’acier de celle-ci sont placées 12 rangées circulaires de 6 feuilles concaves, répartissant la lumière en différentes configurations.
Ces deux exemples se trouvent loin de nos frontières. Faut-il en déduire que les Européens seraient plus frileux à mettre l’objet lumineux en avant, ou que la réglementation applicable aux ERP constituerait un frein ?

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