© Doc. Powidian
Souvent situés en pleine nature, parfois dans des lieux reculés, les villages de vacances servent de laboratoires pour une gestion vertueuse des ressources, eau et énergie, dans l’optique d’une plus grande autonomie.
Les complexes touristiques les plus avancés en termes d’autonomie énergétique sont les sites les plus excentrés, par exemple, ceux situés en haute montagne, comme le refuge du col de Sarenne, qui est Bepos, ou celui du col du Palet, équipé depuis juin 2015 d’une pile à combustible, ou ceux situés sur les îles, comme le complexe hôtelier de luxe The Brando, sur l’atoll polynésien de Tetiaora. Concernant les grands groupes, leur politique sur le sujet est plus ou moins volontariste. Au sein de Pierre & Vacances-Center Parcs, les Center Parcs, ainsi que le futur projet de Villages Nature Paris, sont les fers de lance de leur stratégie verte. Le Club Med, quant à lui, revendique une politique globale ambitieuse de longue date et environ un quart de ses villages possèdent des installations solaires. Dès 1978, le vacancier avait installé un très grand champ solaire photovoltaïque au village des Boucaniers, en Martinique. Depuis des décennies, les eaux usées sont épurées et récupérées pour l’arrosage. « Ces pratiques anciennes sont davantage organisées depuis dix ans, mais ce n’est toujours pas systématique, cela dépend des conditions locales, affirme Agnès Weil, directrice du développement durable au Club Méditerranée. Les bâtiments sont conçus bioclimatiques afin de minimiser les ressources. Avec de nombreux villages situés dans des endroits très reculés, nous travaillons pour préserver l’eau et l’énergie, mais aussi nous innovons. » En 2007, le Club a ainsi mis en service sa première station d’épuration avec des plantes filtrantes au village d’Albion, sur l’île Maurice. En Chine, la première piscine biologique naturelle a ouvert au village de Guilin (lire CTB n° 342).
Le solaire en tête
Au Club Med, environ un quart des villages sont équipés de solaire PV et un quart de solaire thermique. Leur plus belle réalisation en PV est aux Maldives, à Finolhu, où environ 6 000 m2 de panneaux ont été installés il y a un an et demi, en autoconsommation.
Chez VVF Villages, le recours aux énergies renouvelables se développe timidement. À ce jour, leur installation la plus importante a eu lieu en 2015 pour la rénovation du village d’Amboise. Les travaux d’isolation sur les bungalows ont été associés à la pose, sur la toiture de l’espace forme, d’une surface d’environ 80 m2 de panneaux solaires PV de marque SolarWorld, en autoconsommation (d’une puissance d’environ 13 kWc pour un prévisionnel de production de 14 000 kWh/an) et, pour l’ECS, de quatre panneaux thermiques Weishaupt qui préchauffent l’eau d’un hydroaccumulateur mixte Max’o Solaire Gaz (Charot) de 720 litres. « Sur les trois mois d’été 2015, la production en thermique a été de 1 433 kWh pour 1 600 estimés, c’est cohérent, et nous n’avons pas eu de surchauffe », se félicite François Ayral, chargé d’affaires chez l’installateur Solenvi. « Le recours aux ENR offre plusieurs avantages, explique Michel Roubert, directeur technique de VVF Villages. Outre le fait d’être vert pour notre image de marque, nous réalisons des économies sur la consommation, nous obtenons des certificats d’économie d’énergie et c’est aussi un argument pour obtenir des subventions régionales. »
Diversifier les solutions
Au Club Med, outre le solaire, la récupération de chaleur sur groupe froid se fait dans un tiers des villages, et des PAC sont installées dans 15 à 20 % des villages. Concernant la géothermie, un exemple est donné avec Villages Nature Paris, dont l’ouverture est prévue en 2017. Conçu par l’architecte Jacques Ferrier, l’Aqualagon se compose d’un parc aquatique couvert de 9 000 m2, de forme pyramidale, et dont l’eau de baignade sera chauffée tout au long de l’année à plus de 30 °C grâce à la géothermie profonde (aquifère du Dogger à 1,8 km de profondeur). Les besoins en chaleur du site (chauffage et ECS de l’ensemble des bâtiments) seront aussi couverts par ce puisage géothermique, dont la puissance calorifique générée est estimée à 13,5 MW. Mais le système de production d’énergie peut être sous-dimensionné, comme au village Club Med de Finolhu, où la consommation électrique réelle est plus importante que prévue, comme chaque bungalow est équipé de sa clim, de sa TV à écran plat, etc. Pour atteindre l’autonomie, il faut parfois diversifier les sources de production et stocker. Au complexe hôtelier The Brando de Tetiaroa, la production d’électricité solaire (avec batteries) est complétée par un générateur fonctionnant à l’huile de noix de coco. Un autre exemple est donné pour le chalet du col du Palet, qui est autoalimenté en électricité grâce à des panneaux solaires PV. Powidian y a installé, fin juin 2015, Sages, une pile à combustible d’une puissance de 6 kW avec stockage hydrogène située dans un petit bâtiment isolé, à côté du chalet principal. « Pour réguler la production d’électricité solaire en fonction des besoins, le système intègre un double stockage, explique Pierre Langer, président et fondateur de Powidian. Un stockage à court terme se fait par batteries Lithium-Ion et, sur plusieurs jours, c’est la chaîne à hydrogène qui est mobilisée. Le système est contrôlé intelligemment avec un algorithme prédictif et de l’autoapprentissage. »