La gestion technique du bâtiment

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La gestion technique du bâtiment

Exemple de schéma et de tableau des points particuliers d'une installation de GTB mise en œuvre dans le cadre d'une chaufferie monogénérateur

Les systèmes de gestion technique du bâtiment (GTB) ont fait l’objet de très peu d’études en fonctionnement. Leur installation et leur réglage sont d’autant plus délicats que leur efficacité en dépend totalement. Le guide Rage, « Gestion technique du bâtiment, bonnes pratiques pour concevoir et réaliser les systèmes de GTB », publié en juin 2014 constitue le premier document sur la question. Marie Hélène Huzé, directrice technique adjointe au Costic, nous présente son contenu.

Quelles sont les bases de ce guide Rage ?

En 2009, à la demande de l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), le Costic a mené un audit à l’île de La Réunion portant sur quatre systèmes de gestion technique du bâtiment (GTB). Il s’agissait de vérifier, sur le terrain, les performances réelles de ces installations et de définir des voies d’amélioration. Cela a également été l’occasion de trouver les fondements de la rédaction d’un cahier des charges type en fonction des besoins spécifiques des maîtres d’ouvrage : champ de couverture, définition des postes techniques et, plus largement, type de gestion, voire de gestionnaire.
Ce projet constituait une première : il n’existait alors presque rien sur le sujet. Certes, la NF EN 15232 d’août 2012 décrit bien les différentes fonctions de la GTB et en établit un classement, mais l’utilisation de ce document n’est pas toujours simple pour concevoir des installations. Parallèlement, la norme NF CEN/TS 15810 d’octobre 2009 fournit un tableau synoptique des symboles graphiques utilisés aussi bien dans les documentations techniques que pour la présentation graphique des installations. Le guide Rage vient donc combler un vide. Les professionnels disposent désormais d’un document qui présente les bonnes pratiques assurant la réalisation d’ouvrages efficaces.
Le champ d’application concerne surtout les constructions de moins de 3 000 m2 car, au-delà, la conception nécessite une ingénierie aux compétences plus larges.

Le texte concerne-t-il aussi bien la conception que la mise en œuvre ?

Oui, car pour obtenir un résultat satisfaisant, il est nécessaire d’impliquer tous les intervenants de la chaîne de construction, y compris d’ailleurs - et c’est stratégique - le maître d’ouvrage. La partie rédaction des cahiers des charges fonctionnels est conçue pour le maître d’ouvrage. C’est assez atypique dans le programme Rage, mais essentiel pour ce sujet.
Cette partie commence donc par les questions auxquelles le maître d'ouvrage doit répondre impérativement, afin de préparer un dossier qui pourra faire l’objet de la réflexion de conception. L’exigence est parfois assez élevée, avec l’obligation de fournir des caractéristiques d’exploitation précises, de définir des phases et scénarios d’alerte, etc.
La seconde partie s’adresse davantage aux bureaux d’études. Les trois objectifs de la GTB y sont rappelés. Le premier d’entre eux consiste a minima en la surveillance et la gestion des alarmes. Vient ensuite une supervision liée à la programmation horaire, le paramétrage des régulations, etc. Enfin, le plus utile in fine, la GTB s’intéresse au suivi des indicateurs énergétiques et des compteurs. Ce niveau permet la maîtrise des consommations et évite les dérives. Ces données sont d’ailleurs rappelées en détail dans le chapitre II du guide.

Comment ces données sont-elles présentées ?

Un travail considérable a été effectué pour établir des tableaux de points particuliers qui listent les différents aspects contrôlés par la GTB (voir page suivante). Les fonctions sont indiquées dans les colonnes. L’idée est de faciliter la mutualisation. Ces tableaux accompagnent des exemples de systèmes. Conçus pour être directement exploitables, ils listent des points physiques du bâtiment et des systèmes de génie climatique traités par domaine (chauffage, production de froid, traitement d’air, production d’eau chaude sanitaire, etc.). Pour chaque point (placé en première colonne), on connaît sa nature - alarme, signalisation, commande, réglage, etc. (deuxième colonne) - et le régulateur ou l’équipement qui supporte la fonction (troisième colonne).
Les autres colonnes sont consacrées aux fonctions utiles des systèmes de GTB : surveillance, supervision ou suivi énergétique. On trouvera ainsi l’affichage, le journal, les priorités, le fonctionnement, la régulation ou l’optimisation, et enfin, le bilan. Quand nécessaire, d’autres données y figurent, telles que des caractéristiques techniques des équipements, les renvois aux schémas, nomenclatures, dessins d’exécution, ou toutes les informations indispensables à l’exploitation. Ces tableaux ne sont pas seulement des outils pour la réalisation des installations, ils font partie du dossier remis à la réception et doivent être ajustés au moment de la mise en route et des réglages.

Qu’en est-il des installations ?

Les audits ont relevé des dysfonctionnements liés à l’absence de « commissionnement », c’est-à-dire la réalisation de l’ensemble des réglages avant la livraison de l’installation. On a ainsi détecté une série d’erreurs de repérage ou de signalétique dans les points de mesure, débouchant sur des inversions d’identification de capteurs ou de compteurs. La nécessité d’un « commissionnement » abouti est donc apparue comme un élément indispensable à l'efficacité d'un système, au-delà, bien entendu, d’une installation réalisée dans les règles de l'art. Aussi tout ce qui concerne la vérification du câblage et de l’adressage est-il particulièrement souligné. Ce peut être aussi le contrôle des points d’entrée, telle une sonde de température extérieure dont on s’assurera qu’elle renseigne une température cohérente. L’attention doit être portée sur la programmation des intermittences, en veillant à ce qu'elle réponde au plus juste à l'occupation réelle des locaux. Les niveaux de température ambiante ont un impact certain sur les consommations.

Considérez-vous ces réglages comme un point essentiel de la mise en œuvre ?

Oui. D’autant que sur une seule installation, on compte parfois plusieurs centaines de points de mesure. La mission est souvent confiée à des spécialistes. Vient ensuite le paramétrage, possible seulement si chaque point de mesure est parfaitement repéré.
L’entreprise doit prendre conscience de l’importance de cette étape, qui peut être longue et coûteuse, et dont elle doit parfaitement évaluer la charge, notamment en temps. Une autre étape s’impose : la post-réception. Car ce n’est pas au lendemain de la réception que le bâtiment fonctionne en régime d’exploitation courante. Cette prestation doit faire l’objet d’un contrat spécifique. En effet, du point de vue juridique, la transmission est considérée comme effective au moment où le propriétaire prend possession des lieux et que les entreprises quittent le chantier. Les prestations qui relèvent de cette étape sont de taille : mettre en service les fonctions, placer le système dans les mains des futurs utilisateurs, assurer les formations, accompagner l'organisation de la maintenance, etc. Cette première année est stratégique pour que le système atteigne les performances attendues.

Le guide Rage répond-il à toutes les questions des concepteurs et des installateurs ?

Non, mais cela est volontaire. Par exemple, nous n’avons pas abordé les protocoles de communication. La question est fréquemment posée, notamment entre les systèmes ouverts et propriétaires. Mais le groupe de travail, considérant qu'il ne pourrait pas apporter de réponses pérennes puisque les systèmes évoluent, n’a pas jugé opportun de traiter de tels sujets.

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