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La crise énergétique dope le développement des réseaux de chaleur, selon l'enquête annuelle de la Fedene. En plus d'un prix avantageux, leur mix énergétique composé à plus de 60 % d’EnR&R permet, en moyenne, de réduire de moitié les émissions de carbone par rapport à une chaudière au gaz naturel.
Les réseaux de chaleur bénéficient de la flambée des prix de l’énergie pour s’imposer progressivement en France. Selon l’enquête annuelle de la Fedene (la fédération des services énergie environnement qui regroupe des acteurs concentrés autour de l’efficacité énergétique, la performance des bâtiments, la production et la valorisation de la chaleur renouvelable et de récupération), les réseaux de chaleur constituent une source d’énergie particulièrement compétitive. La filière installait jusque-là environ 25 nouveaux réseaux par an. Elle a déjà reçu 90 demandes de raccordement en 2022, venant de particuliers comme d’acteurs privés et publics. Très répandu dans les pays du nord de l'Europe, ce procédé de chauffage ne représente encore que 5 % de la chaleur en France, avec 45 000 bâtiments raccordés et 29,8 TWh de chaleur livrée nette en 2021. Les 898 réseaux du territoire chauffent à 52,7 % des habitats collectifs et sociaux, à 35,8 % le tertiaire et l’industrie à 5,8 %.
Composé à 62,6 % d’EnR&R (biomasse, UVE, géothermie) en moyenne, le mix énergétique des réseaux coûte moins cher que la seule utilisation d’énergies fossiles. L'enquête évalue à 75,2 € HT le MWh issu d'un réseau alimenté à plus de 50 % par des EnR&R. En moyenne, l’association Amorce qui participe également à l'étude, chiffre à 1 347 € annuels par logement le coût global d’un système de chauffage raccordé à un réseau de chaleur en 2021, contre 1 827 € pour une pompe à chaleur individuelle et 2 307 € pour une chaudière à gaz à condensation collective. Par ailleurs, le prix du MWh semble plus stable que celui des énergies fossiles. Amorce n'a recensé qu'une légère hausse de prix de 1,5 % entre 2020 et 2021. Son directeur général, Nicolas Garnier, indique qu'au pic de la crise énergétique en septembre dernier, « sans le bouclier tarifaire du gouvernement, les usagers auraient connu un écart de prix du simple au double entre ceux reliés aux réseaux de chaleur et ceux qui partagent une chaudière collective au gaz naturel. »
L’Etat mise sur ces réseaux
Les réseaux de chaleur classés "vertueux" par l'Etat (qui recourent au moins à 50 % d’EnR&R) répondent aussi à un enjeu climatique. Leur mix énergétique se verdit chaque année pour diminuer sa part d'énergies fossiles. Selon la Fedene, la chaleur de ces réseaux émet désormais deux fois moins de carbone que les chaudières au gaz naturel. Or, la production de chaleur représente 41 % de la consommation énergétique française. Les subventions publiques du Fonds chaleur ont triplé depuis 2017, avec un budget annuel de 520 millions d’euros. Depuis le mois de septembre, un dispositif permet à tous les bâtiments situés à moins de 50 m d’un réseau de s’y raccorder en déboursant seulement 100 €. A ce titre, une carte de France Chaleur Urbaine recense les réseaux existants. La filière espère raccorder 3 000 bâtiments d’ici 2024. A partir de juillet 2023, des périmètres de développement prioritaire de réseaux classés vertueux imposeront ce raccordement à tout bâtiment neuf ou en rénovation énergétique en son sein.