Après trois années de travail, le monde complexe du bois dispose désormais d’un outil d’évaluation économique : la veille économique mutualisée (VEM). Elle permet de renforcer sa crédibilité, mais aussi de faciliter les choix stratégiques, sachant que, comme le révèle la VEM, 50 % de la valeur ajoutée de la filière bois française relève de la construction.
Jusqu’à présent, les représentants des pouvoirs publics manquaient de données tangibles pour étayer leurs interventions. Quatre ministères se sont mobilisés pour porter la VEM afin d’avoir une vision économique globale et opérationnelle. Elle révèle que la filière pèse presque 25 milliards d’euros en valeur ajoutée, 1,1 % du PIB 2017, 12,7 % de l’industrie française, 1,4 % de la population active en termes d’emploi, 12,4 % des emplois industriels, 378 000 emplois directs. Ces chiffres contribueront sans doute à faire évoluer le discours réprobateur et obsolète sur la filière bois « second poste de déficit de la balance commerciale » par un discours plus positif centré sur l’idée que la filière bois est aujourd’hui un pilier de l’économie française.
Résultats
Sous la coordination d’Éric Toppan, déjà en charge de l’Observatoire économique France Bois Forêt, une équipe d’économistes de FCBA, sous la conduite de Francis de Morogues, s’est chargé de créer une vision systémique de la filière, à partir d’outils d’analyse modernes, ce qui n’a pas été fait à ce jour, apparemment, dans les autres filières qui composent le Conseil national de l’industrie. Qu’est-ce que cela donne ? La VEM opère une distinction entre cinq marchés (construction, meuble, emballage bois et carton, énergie, produits de consommation courante) et en sépare le domaine des « commerces et services ». Elle distingue au total 51 sous-marchés spécifiques et 300 liens directs entre ces marchés. Chaque fois, l’analyse conduit à évaluer la valeur ajoutée d’un marché, son poids en termes d’emploi, et la façon dont fonctionnent les flux. Par exemple, le flux de bois d’œuvre, qui vient de la forêt et va vers la consommation finale ou l’exportation, et qui représente environ 30 millions de mètres cubes équivalent bois rond.
VEM-fb, mode d’emploi
La veille est accessible à tous en ligne sur un site cofinancé par France Bois Forêt et le Codifab, qui représentent les organes collecteurs de la CVO en amont et de la taxe affectée en aval. L’approche est pédagogique, avec des diagrammes d’une lecture parfois complexe flanquée d’explications bienvenues. La difficulté est triple. Premièrement, les utilisateurs ne sont pas forcément au fait de notion élémentaire d’économie comme le taux de couverture. Pourquoi parler de valeur ajoutée si on est habitué à raisonner en chiffre d’affaires, tandis que le nouvel outil ne parvient pas à dépasser le clivage traditionnel entre le domaine exprimé en mètres cubes, et celui exprimé en tonnes (bois d’industrie) ? Le second degré de difficulté, ce sont notamment les diagrammes de Sankay qui permettent certes de visualiser des flux, mais qui demandent qu’on se familiarise avec leur lecture. Enfin, le principal enjeu reste le maniement de toutes ces données dans la perspective de prises de décisions stratégiques.