Pierre Verzat, président de Syntec-Ingénierie.
© Syntec-Ingénierie.
Syntec-Ingénierie alerte sur les conséquences de la crise sanitaire liée au Covid-19 sur les entreprises d’ingénierie. 90% d’entre elles anticipent une baisse de leur activité au second semestre 2020 et ne prévoient pas de redémarrage avant un an. La fédération professionnelle de l’ingénierie propose une série de mesures afin d’accélérer la relance.
Le tableau que dresse Syntec Ingénierie est dans la lignée des signaux d’alerte lancés ces dernières semaines : 90% des entreprises d’ingénierie anticipent une baisse de leur activité au second semestre 2020 et plus d’une entreprise sur deux estime que cette baisse excédera les 50%. Ces résultats, issus du baromètre* du syndicat au sujet des impacts de la crise Covid-19 sur les entreprises d’ingénierie, alerte sur les risques d’un effondrement de l’ensemble des filières économiques. « 50% de projets d’ingénierie en moins aujourd’hui, c’est 50% de construction et d’installations en moins demain dans le BTP, l’industrie, l’énergie, etc. Notre secteur est un indicateur avancé de tendance de l’activité économique et du monde de demain », explique Pierre Verzat, président de Syntec-Ingénierie. Parmi les raisons de cette baisse d’activité : une chute des commandes publiques et privées (pour 70% des entreprises d’ingénierie) mais aussi le gel des contrats, la suspension des appels d’offres en cours, le report du second tour des élections municipales…
Parmi les conséquences : les problématiques de trésorerie pour les ingénieristes. Sans reprise de l’activité économique, plus d’une entreprise sur deux sera en difficulté de trésorerie sous 6 mois. En effet, 62% des répondants ont demandé des délais de paiement pour les échéances sociales et/ou fiscales, 33% ont eu recours aux fonds de solidarité et 23% au prêt garanti par l’État. Mais également l’emploi : 54% des collaborateurs sont aujourd’hui en télétravail, mais le taux d’occupation s’amenuise au fil des mois : 30% sont désormais au chômage partiel. Par ailleurs, la mise en place des mesures de sécurité sanitaire en vue de la reprise entrainera des coûts supplémentaires, pouvant atteindre pour une entreprise 200€ par salarié par mois.
Préparer la relance ?
60% des entreprises d’ingénierie ont néanmoins préparé un redémarrage économique qui sera « lent et étalé sur plusieurs mois ». Car pour plus d’un tiers des entreprises, celui-ci n’aura pas lieu avant au moins un an. La profession juge la reprise bien trop lente et appelle les maîtres d’ouvrages et industriels à maintenir leurs projets d’investissement, « sous peine d’asphyxier l’ensemble du tissu économique de nos territoires et d’entrainer la disparition de beaucoup d’entreprises, souvent des PME, qui créent de l’emploi en local », explique Pierre Verzat.
Afin garantir un maintien de l’activité économique, la fédération demande la mise en place des conditions de soutien à la commande publique : relever le seuil de dispense de procédure pour la passation des marchés publics de prestations intellectuelles actuellement à 40K€, à 100K€ HT, jusqu'à la fin de la crise sanitaire ; garantir le bon fonctionnement des Commissions d’appels d’offres ; proroger d’un an les accords-cadres signés avec les acheteurs publics, expirant dans le courant de l’année 2020. Selon la fédération, la simplification et l’accélération des procédures administratives favoriserait la relance économique. Elle appelle à assouplir de manière transitoire la règle du plafonnement des évolutions de contrats de prestations intellectuelles et à accélérer l’adaptation de l’administration au télétravail et plus largement la dématérialisation des procédures administratives.
La fédération syndicat souhaite également des mesures pour soutenir la sante économique des entreprises en garantissant un niveau suffisant de trésorerie (garantir l’application de la réglementation concernant les délais de paiement afin d’alimenter la trésorerie des entreprises et poursuivre les projets en phase travaux en autorisant les surcoûts de travaux liés à la réorganisation des chantiers, du fait du Covid-19) et un accompagnement vers la reprise (prévoir des modalités de sortie graduelle du dispositif exceptionnel d’activité partielle après le 31/12/20 ; proposer des outils d’accompagnement aux entreprises en difficulté ou souhaitant être coachées pour la reprise ; développer l’innovation pendant la période de crise sanitaire à travers des mécanismes dédiés comme le Crédit impôt recherche (CIR)).
*Baromètre réalisé par Syntec-Ingénierie auprès de ses adhérents au cours de la semaine du 27 avril. Les répondants sont des entreprises de toutes tailles, qui interviennent dans l’industrie et la construction et dans tous les secteurs d’activité d’ingénierie.