L’ESPCI Paris se réinvente

Stéphanie Obadia
L’ESPCI Paris se réinvente

© ESPCI

Les élèves et chercheurs scientifiques du site de la rue Vauquelin expérimenteront progressivement au cours des prochaines années des laboratoires derniers cris et une école remise au goût du jour. 

Le projet de rénovation de l’École supérieure de physique et de chimie industrielles de la Ville de Paris (ESPCI Paris), qui n’était alors plus aux normes d’accessibilité et de sécurité, vient d’être adopté. De gros travaux de restauration et de réorganisation de l’école ont été pensés en partenariat avec les chercheurs et les enseignants : « L’ensemble hétéroclite que compose l’ESPCI Paris constituait une difficulté pour assurer la sécurité. Des petits travaux ne suffisaient pas, explique Jean-Baptiste Hennequin, secrétaire général de l’ESPCI Paris. Avec ce projet, dessiné par l’architecte Anne Démians, nous avons pour ambition de proposer un bâtiment à l’avant-garde, tant sur le plan de la sécurité que de la fonctionnalité ».

Des impératifs techniques

L’ESPCI Paris sera réorganisée par « entités », rendant les espaces et les circulations plus fluides et fonctionnels. La nouvelle entrée, située place Alfred-Kastler, facilitera les interactions avec les autres établissements faisant partie de Paris Sciences et Lettres (PSL), tels l’ENSAD ou l’ENS voisines.

Plusieurs impératifs étaient à prendre en compte pour cette démolition, rénovation, reconstruction. Tout d’abord réglementaires afin que tous les espaces soient accessibles aux personnes en situation de handicap, que le bâtiment réponde aux normes énergétiques conformément à la RT2012 (partie tertiaire) et au Plan Climat de la Ville de Paris et qu’il puisse atteindre de nombreuses cibles HQE. Les autres obligations concernent plutôt les laboratoires et constituent un véritable défi technique : ils doivent être irrigués par tous les réseaux indispensables à la recherche moderne et offrir les meilleures conditions afin que les expériences soient réalisées dans un environnement contrôlé avec des équipements plus modernes. Enfin, les contraintes organisationnelles : la réorganisation des espaces était un véritable casse-tête pour Dimitri Roditchev, professeur à l’ESPCI Paris. « Il y a six niveaux de 2 000  m² à répartir avec des laboratoires et services nécessitant des infrastructures différentes. Certains laboratoires utilisent les champs magnétiques tandis que ces derniers peuvent gêner la recherche d’équipes voisines, quelques expériences génèrent des vibrations tandis que d’autres en souffrent. »

De nombreuses contraintes doivent être intégrées comme les sorbonnes (extraction de 2 000 m3/h), la distribution des eaux glacées pour le rafraîchissement et le refroidissement des machines scientifiques, la gestion de la température pour l’animalerie. Une GTB poussée sera mise en place avec plusieurs milliers de points pour obtenir des remontées d’informations : température, air, pannes, défauts électriques. Pour information, la consommation énergétique de ces bâtiments est considérable : estimée à 4  GWh par an.

Une façade de panneaux de mousse d’aluminium

Ce projet ambitieux est à mi-chemin entre rénovation et restauration. « Tous les bâtiments intérieurs en cœur de parcelle seront démolis. Le PLU nous permettant de densifier la parcelle, la décision a été prise de démolir pour reconstruire afin d’avoir un ensemble beaucoup plus cohérent. La façade historique des années 30 en briques rouge-orangé incrustées de céramique sera, elle, maintenue sur les deux premiers niveaux », précise Ludovic Dehri, secrétaire général adjoint de l’ESPCI Paris. Au-dessus, une nouvelle façade plus contemporaine sera construite, avec un parement en mousse d’aluminium incrusté de morceaux de verre de couleur ambre. Des panneaux de verre ondulé viendront accompagner le tout au-dessus de la future entrée de l’établissement. Cette mousse d’aluminium, déjà utilisée dans l’aéronautique ou dans la construction pour quelques bâtiments à l’étranger, est en cours d’Atex. « Cette nouvelle façade donnera de la résonance à la façade historique de brique rouge », argumente Ludovic Dehri.

1 Voile béton structurel
2 Isolation en laine de roche
3 Parement aluminium expansé avec insertions de verre
4 Coursive d’entretien en acier galvanisé
5 Store extérieur motorisé type sunscreen
6 Cadre métallique thermolaqué
7 Menuiseries aluminium thermolaquées
8 Verre courbe extra clair
9 Attache du verre en acier inoxydable

Des hauteurs de dalle à dalle réduites pour gagner un niveau

Cette reconstruction permettra également de gagner en surface. « Les hauteurs de dalle à dalle des constructions existantes sont très importantes dans le bâtiment actuel. En reconstruisant avec des hauteurs de planchers plus standards, nous gagnerons un étage et 10 % de surfaces supplémentaires. Les espaces de recherche seront ainsi agrandis et l’école pourra accueillir plus de 100  élèves par promotion, contre 90  actuellement », souligne Ludovic Dehri.
Ce bâtiment sera également équipé de panneaux photovoltaïques en toiture. Deux cuves de récupération des eaux pluviales de 60  m3 alimenteront l’arrosage du jardin, les toilettes et le nettoyage de la façade. Elles seront également raccordées au réseau d’eau non potable de la ville de Paris, « ce qui laissera la possibilité d’utiliser cette source en appoint pour l’alimentation des cuves », poursuit-il.

Cinq ans de travaux sont prévus pour ce grand chantier avec un coût estimé à 176 millions d’euros, financés à plus de 80 % par la Ville de Paris. La démolition en cœur de parcelle, les injections, le terrassement et les aménagements temporaires débuteront à l’automne pour quatorze mois. De  2019 à  2021, la construction du bâtiment en cœur d’îlot (18 000 m2 SDP) accueillera le cœur logistique indispensable au fonctionnement des laboratoires, la plupart des espaces scientifiques, les salles de TP et l’animalerie. Et de  2021 à  2023, la construction de la couronne (17 000  m² SDP) qui accueillera les laboratoires restants et les espaces tertiaires, à savoir l’administration, les amphithéâtres, la vie étudiante, la bibliothèque. Le principal enjeu est la réalisation des travaux en site occupé, sur une parcelle contrainte dans un tissu urbain dense. Des écrans acoustiques seront installés pour protégés les riverains, des appareils de mesure seront installés à différents points pour suivre en temps réel le respect des niveaux sonores imposés aux entreprises. Afin d’empêcher les vibrations, les outils à percussion (type marteau-piqueur, BRH…) seront proscrits sur le chantier. Contre la poussière, des brumisateurs seront prévus pour limiter la diffusion dans le quartier pendant les phases de démolitions.

Ce sera donc en 2023 que l’ESPCI sera parée pour accueillir de nouveaux étudiants et offrir les meilleures conditions aux chercheurs.

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