L’emprise du doute

Que penser de l’initiative de la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, de distribuer plusieurs dizaines de milliers de convecteurs aux ménages en situation de précarité énergétique ? Peut-être sentez-vous poindre le scepticisme ? Eh bien, détrompez-vous. Ma première réaction fut de me dire qu’enfin les pouvoirs publics prenaient le taureau par les cornes et investissaient dans du concret. Je me suis ensuite demandé si la consommation de ressources liée à la production de tous ces convecteurs serait un jour compensée par les économies d’énergie réalisées. J’ai douté. Et puis je me suis dit que, non, malgré tout, c’était un message fort, et que « la loi de transition énergétique profite aussi directement aux gens » pouvait aider à sa mise en œuvre. Un bon coup d’écologie politique, en somme. Soit, ai-je pensé, mais le b.a.-ba de la performance énergétique, c’est de mieux isoler, pas de remplacer des convecteurs par de nouveaux, même mieux régulés. Certes. Pourtant, à eux seuls, la régulation et le réglage des matériels permettent des économies de l’ordre de 20 %. D’accord. Mais est-ce un progrès de se dire que plusieurs dizaines de milliers de convecteurs électriques resteront des convecteurs électriques, alors qu’ils auraient pu devenir des radiateurs à eau chaude alimentés par des pompes à chaleur, des chaudières à bois ? À l’inverse, est-ce raisonnable de croire que des ménages à faibles revenus aient pu installer des équipements si coûteux ? Et j’ai continué longtemps comme ça. Jusqu’à faire le vœu que cette initiative et sa mise en œuvre soient tout simplement guidées par la justice et le réalisme.