Olivier Beaunay directeur de la communication et des affaires publiques du Nickel Institute
Utilisé pour la construction d’immeubles, de ponts ou pour de multiples applications en design d’intérieur, l’acier inoxydable est un matériau essentiel et irremplaçable de l’industrie de la construction. Aujourd’hui, la crise financière mondiale impacte fortement le prix des matières premières composant l’inox, qui bondit ou chute au rythme de l’évolution de la demande et des anticipations des investisseurs.
Les prix du nickel qui avaient fortement augmenté en 2007 ont ainsi connu, à l’instar des autres métaux, une forte baisse en 2008.
Cette volatilité des cours et ce prix du nickel qui a été, ces dernières années, très élevé, a pu pousser certains producteurs à promouvoir la fabrication d’aciers sans nickel. Or, ces matériaux, moins onéreux, se révèlent in fine un choix payé au prix fort. En effet, si 2/3 de l’inox utilisé dans le monde contient du nickel, ce n’est pas pour rien. « L’atout nickel » pour l’industrie de la construction est multiple.
Le nickel rend tout d’abord l’inox plus malléable et facile à souder, en faisant le matériau idéal pour les façades et œuvres d’art originales. Ensuite, il confère à l’inox une grande solidité, c’est-à-dire une force et une capacité à résister aux chocs à très haute ou très basse température (à la différence des aciers dits ferritiques, qui en contiennent très peu ou pas du tout).
Plus important encore, le nickel est essentiel pour lutter contre la corrosion du matériau. En effet, il en réduit la propagation, et il est le seul à résister dans les environnements contenant peu d’oxygène, dans les usines pétrochimiques par exemple. Ainsi, la plate-forme pétrolière Hibernia, située à 300 km des côtes de Terre-Neuve au Canada, est composée de plus de 1?000 tonnes d’acier inoxydable contenant du nickel, notamment pour les revêtements. Cette forte résistance à la corrosion se traduit également par de très faibles coûts d’entretien?: ainsi, l’Empire State Building et le Chrysler Building à New York, tous deux quasiment centenaires, ont été respectivement nettoyés 1 et 2 fois depuis leur construction?!
Enfin, atout considérable, le nickel permet à l’inox d’être un métal durable. Pourquoi ? Tout simplement parce que le nickel est facilement recyclable et que 80 % des déchets sont réutilisables. En effet, le nickel ne se « consomme » pas, il « s’utilise », quasi indéfiniment. Grâce à son exceptionnelle durée de vie – le Stonecutters Bridge en cours de construction à Hong Kong est prévu pour durer 120 ans ! – et à ses faibles coûts de maintenance, l’acier inoxydable se révèle ainsi peu coûteux au plan économique et judicieux au plan environnemental sur l’ensemble de son cycle de vie.
Ses qualités environnementales en font un composant essentiel pour répondre aux normes de la certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) dans le bâtiment, appliquée dans plus de 25 pays - et peut-être appelée à être étendue en France. En effet, cette certification prend en compte l’ensemble du cycle de vie du bâtiment.
Ainsi, le premier et plus grand bâtiment à recevoir la mention LEED «?Or?» est le Centre de convention de Pittsburgh, dont le toit de près de 140?000 m² a été construit en inox. Cela rend ses coûts d’entretien extrêmement faibles, comparé à un toit peint, qui devrait de plus être entretenu avec des produits chimiques. Ce choix a surtout réduit de façon drastique la consommation d’énergie du bâtiment. Celui-ci a été construit à partir d’acier inoxydable recyclé, issu du Mellon Bank office, un bâtiment ancien de Pittsburgh dont l’inox a été nettoyé, reformé
et réutilisé dans ce nouveau centre de convention «?vert?».
À l’heure où nombre de gouvernements veulent à la fois relancer de grands chantiers d’infrastructures, promouvoir une économie plus verte et une société plus durable, les aciers inoxydables au nickel s’imposent donc comme un composant essentiel de la construction.