Le secteur du Bâtiment est désormais confronté à plusieurs difficultés : la désolvabilisation de la demande d’abord révélée par une conjoncture difficile, une crise dans le renouvellement de la pyramide des âges de son encadrement et la multiplication de nouvelles exigences qui tiennent à des effets d’échelle sur le plan environnemental par exemple. Pour y faire face, deux constats doivent être faits et assimilés.
Au cours de ces dix dernières années, le statut d’un bâtiment a profondément changé. Ce n’est plus celui d’un objet statique, mais cela devient celui d’un système dynamique. En particulier son “ fonctionnement ” demande désormais à être garanti.
Pour s’en persuader, il suffit d’avoir en tête trois propositions de bon sens :
• La finalité d’une construction n’est pas d’être construite, mais bel et bien de permettre à ses utilisateurs de mener à bien leurs activités, et ce, pour une certaine durée.
• Cette étroite corrélation entre le bâti et son utilisateur conduit à admettre que le dimensionnement de la construction passe d’abord par une connaissance plus précise et mieux renseignée des usages à venir.
• Le produit résultant ne peut être jugé satisfaisant que si son fonctionnement réel est vérifiable, c’est-à-dire que les solutions constructives retenues et mises en œuvre répondent réellement aux attentes initiales.
C’est à ce prix seulement que l’industrie de la construction qui produit des biens à usage unique pourra tirer pleinement parti de méthodes dites “ industrielles ” et tenir son rang de premier secteur économique français.
La conséquence d’une mobilisation des capacités de réponse au point précédent est d’introduire la nécessité d’une nouvelle fonction au sein de la chaîne de valeur : celle d’ensemblier, c’est-à-dire d’une entité pleinement responsable du produit.
Là encore, le raisonnement tient à l’enchaînement de trois processus de transformation :
• Le calibrage et l’ajustement du système bâti supposent un dialogue constructif entre deux parties : la demande et l’offre. La garantie de performance intrinsèque d’un bâtiment ne peut pas être partagée, ni divisée.
• L’économie d’un projet passe par une étroite coopération entre la construction et la conception, et entre la production et la spécification. Ce codéveloppement est indispensable pour utiliser au mieux les ressources disponibles.
• La production qui ne peut être que de proximité implique alors une organisation des intervenants suivant le modèle de “ l’entreprise-réseau ”. Une certaine surface pour investir dans les études plus poussées et une flexibilité locale pour être au plus près de l’utilisateur final.
Le rôle d’ensemblier qui se dessine est plus une optimisation raisonnée des différentes compétences à différentes échelles d’intervention, qui conduit ainsi à un enrichissement des tâches, qu’une nouvelle répartition des pouvoirs.
Ces deux composantes complémentaires d’une réorganisation raisonnée de la filière bâtiment sont les conditions indispensables pour réaliser un cadre de vie plus attractif et plus compétitif. Celui-ci doit fournir plus de services, tout en minimisant les impacts dus à sa mise à disposition. Il sera difficile d’y échapper sous peine d’un appauvrissement collectif, mais la feuille de route est assez claire pour ceux qui veulent échapper à la fatalité du “ business as usual ”.