La souplesse absolue de l’acier pour l’aménagement, la transformation et donc la durabilité, trouve une particulière illustration à l’école d’architecture de Nantes. En effet, les architectes ont imaginé une exploitation très particulière de la mixité des matériaux.
Comment proposer à un maître d’ouvrage un bâtiment répondant non seulement à ses besoins présents mais assez souple pour s’adapter à ses besoins futurs, une exigence de conformité à la qualité environnementale ? C’était le programme de l’école d’architecture de Nantes dont les maîtres d’ouvrage souhaitaient laisser la liberté pour modifier les distibutions, prévoir la possibilité d’extensions tout en répondant à un programme complet à installer dans un îlot du centre-ville strictement délimité, dans le cadre d’un plan d’urbanisme précis.
La solution retenue est particulièrement efficace. Trois sols superposés sont reconstitués via une lourde structure de béton qui permet d’exploiter au maximum le gabarit autorisé dans le cadre du plan d’urbanisme. « Nous avons créé trois rez-de-chaussée reliés par une rampe, un cheminement quasi naturel entre les plateaux », explique Florian de Pous, architecte de l’Agence Lacaton et Vassal. Selon une trame très stricte (10,7 x 10,66 m) le système poteaux-poutres crée des niveaux à des hauteurs respectives de 9,16 et 22 m. Chacun d’entre eux peut porter 1 t/m2.
Un parking au cœur des étages
C’est dans ce squelette grossier que vient s’insérer le véritable ouvrage. Partant du principe que chaque niveau est un rez-de-chaussée, les architectes y ont « glissé » des ensembles métalliques de trois niveaux au rez-de-chaussée et deux niveaux aux autres étages, d’une charge structurelle de 200 kg/m2, chaque niveau pouvant admettre 400 kg/m2 de charge ultérieure. « Des poteaux acier HEA sont posés sur le sol béton via des platines de répartition de 40 par 25 cm, poursuit Florian de Pous. Les complexes en sol et plafonds et en cloisons sont coupe-feu une heure ». Le complexe sol souple acoustique associé à un platelage de bois de 25 mm, un isolant laine de verre de 100 mm et deux plaques de plâtres est particulièrement performant y compris sur le plan acoustique.
« L’utilisation de la structure métallique intermédiaire est la solution qui permet des redistributions ultérieures sans intervention lourde, commente Florian de Pous. D’ailleurs, au départ, nous n’avons pas suivi strictement le programme du concours et fort heureusement car, en cours d’étude, les utilisateurs ont demandé des changements. Une structure lourde ne l’aurait jamais permis. C’est aussi ce qui permet d’installer au second étage de notre grand rez-de-chaussée, le parking de l’école en élévation. Car nous tenions à éviter toute rupture entre l’école et la rue. Par ailleurs, nous tenions aussi à garder la terrasse de l’ensemble comme lieu de manifestations. Si nous avons, pour cette partie de l’ouvrage, assuré un coupe-feu 2 heures, rien n’empêche les futurs utilisateurs de le supprimer s’ils le souhaitent pour le transformer en locaux d’enseignement, d’exposition, etc. C’est aussi cette souplesse et cette liberté d’aménagement du système qui nous ont permis de revoir l’ensemble des implantations après le concours. Cela nous a autorisé à mieux répondre aux critères environ-nementaux concernant l’énergie ou encore la lumière ».