La ressource publique est suffisamment rare et précieuse pour être distribuée à des entreprises capables de mettre en œuvre des solutions qualifiées. »
Toute la profession se congratule de cette “ révolution dans le Bâtiment ”
Alors que les pouvoirs publics créent des organismes de qualification, appellent de leurs vœux, à longueur de colonne ou de conférences, la formation et la qualification des entreprises d’exécution, la réalité est que l’achat public se résume au choix du moins-disant. Une pratique essentiellement motivée par la crainte du recours contentieux des candidats malheureux, mais qui alimente chaque jour le grand bêtisier du Bâtiment et donne à voir, au quotidien, le folklore des chantiers : où il faut parler sept langues pour se coordonner ; essayer de rattraper, le jour, le travail de nuit et des week-ends de sous- traitants de troisième rang ; motiver les ouvriers aux harnachements de sécurité face à des clandestins en espadrilles, sans compter les malfaçons qui seraient burlesques, si elles n’étaient parfois pas si graves et irréversibles. Alors que la qualité a nécessairement une valeur, qui enfle la deuxième enveloppe à l’appel d’offres, la non-qualité, elle, a un coût masqué qui se paye sur le chantier, un an ou dix ans après, quand plus personne ne regarde, ne compte, ni n’assume la responsabilité in fine.
Alors, dans ce tableau devenu normal sous le poids de l’habitude et du renoncement, on se demande d’où vient ce désir si soudain d’éco-conditionnalité, qui arrive à un moment où les aides de l’État sont au plus bas, après quatre ans et plus de 2 MdE injectés dans une filière si peu regardante quant à la qualité des entreprises. En cherchant bien, jusque dans les détails des méandres de notre métier, on finit par trouver que l’éco-conditionnalité est plus accrochée à l’obtention des certificats d’économies d’énergie via la formation qu’à une franche volonté d’assainir le marché du bâtiment. Entre 2008 et 2012, EDF a investi environ 35 ME dans un programme de formation technique pour les artisans et les entreprises d’installation - de très bonne qualité au demeurant - générant, en échange, l’obtention de certificats d’économies d’énergie. L’objectif de 50 000 personnes formées mit cinq années au lieu d’une à être atteint, d’où une certaine impatience, d’autant plus vive que les objectifs d’économies d’énergies de l’obligé augmentent. Et les grandes paroles sur l’argent public qui se mérite, malheureusement s’arrêtent bien là. Car, dès lors que le mécanisme de remontée des certificats est en place, l’éco- conditionnalité s’arrête. Ainsi, les aides de l’Anah (294 ME en 2012 générant plus d’1 MdE de travaux) ne sont pas éco- conditionnées, puisqu’une répartition géographique des certificats a été organisée en amont avec 3 fournisseurs obligés. De même pour les marchés publics, puisque les certificats sont négociés directement par les maîtres d’ouvrage.
Ainsi, mise à l’épreuve de la réalité, l’éco-conditionnalité est une excellente mesure prise pour de médiocres raisons, un joli masque sur une petite vertu !
L’éco-conditionnalité : un joli masque sur une petite vertu !
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