Lancée en 2009, la réhabilitation thermique de cet ensemble de 120 bâtiments commence à produire ses effets. Le passage à une production d’eau chaude sanitaire collective par minichaudières améliore le taux d’énergie renouvelable.
Contexte Des tranches de travaux par zones de sous-stations de chauffage
La réhabilitation thermique de la résidence Beauregard est une œuvre de longue haleine. Il faut dire que cet ensemble de 35 hectares (dont 20 d’espaces verts) est de taille : 2 316 logements (2, 3 ou 4 pièces) répartis dans 120 bâtiments collectifs (R+2, R+3 et R+4), desservis par 365 cages d’escalier sans ascenseurs. Ces immeubles des années 1950 et 1960, majoritairement en parpaing, enduits en façade et aux toits à bipente recouverts de tuiles, reposent sur des fondations en béton (un sous-sol de caves). Quelques-uns disposent de toitures-terrasses et de murs en pierre de taille agrafée. Le site abrite également 152 pavillons individuels (F5) autonomes (chauffage et ECS au gaz) et 30 ateliers établis dans 5 bâtiments (chauffage électrique). Depuis l’origine, le chauffage à eau chaude est assuré par un réseau de distribution, rénové en 2000, qui relie tous les immeubles par dix sous-stations à une chaufferie centrale collective de trois chaudières gaz à haute capacité. L’eau chaude sanitaire, au gaz, est individuelle.
En 2006, le propriétaire exploitant, la Société immobilière d’économie mixte de la ville de Paris (Siemp), établit un plan stratégique du patrimoine. Son objectif est de rénover l’ensemble en intégrant une forte dominante énergétique. En 2007, les trois chaudières sont changées pour des modèles à récupération de chaleur. Les travaux sont lancés en 2009, pour une durée de dix ans, en huit tranches délimitées par les zones de sous-stations de chauffage dont les bâtiments dépendent ; le but étant de réduire la consommation de gaz de la chaufferie centrale. La première opération consiste à isoler tous les bâtiments par l’extérieur (murs, toiture et sous-sol).
Et alors que l’étude prévoyait de produire l’ECS par des chauffe-eau solaires collectifs en toiture, l’idée est abandonnée au profit d’une production collective au gaz.
Exploitation Vers un comptage individualisé des consommations
Programmée dans le plan de 2006, la création d’une production d’ECS solaire a été abandonnée pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le retour sur investissement était trop long, du fait du climat de l’Île-de-France. Ensuite, outre la mauvaise orientation des toitures bipente pour un fonctionnement optimal, les équipements existant à l’époque se révélaient peu fiables. Enfin, les coûts réels incluant l’entretien n’étaient pas chiffrés, et les compétences absentes pour maintenir le système. « Sur le papier, le solaire semble accessible et performant, mais à l’usage, il ne répond pas aux impératifs d’une production stable, équilibrée et économique », affirme Mathieu Paradas Arroyo, responsable de la sous-direction technique de la Siemp. La maîtrise d’ouvrage a réorienté ses choix en produisant l’ECS à partir de minicentrales au gaz installées dans les sous-sols de chaque immeuble.
Dans les appartements, la dépose des chaufferies individuelles amène un gain de place dans les cuisines. Côté chauffage, un comptage étant effectué pour chaque sous-station, qui correspond aux tranches de travaux, il devient possible d’individualiser les consommations par groupe de bâtiments. Même si la Siemp ne croit pas au comptage individuel de chaleur, la méthode de calcul aux tantièmes sur une consommation réelle par bâtiment devrait générer des économies. En tout cas, elle assure un suivi réel des consommations.
Les travaux sont pris en charge par la Siemp. Une partie est toutefois récupérée sur quinze ans, selon les calculs du décret relatif à la contribution du locataire au partage des économies d’énergie (n° 2009-1439 du 23 novembre 2009). Soit 50 % des économies de charges énergétiques réalisées grâce aux travaux.
Résultat Récupérer des calories pour produire l’eau chaude sanitaire
À ce jour, seule la consommation du groupe d’immeubles rénovés lors de la première tranche a été calculée (voir le tableau ci-contre). Selon les performances théoriques de la méthode TH-C-E ex, elle devait baisser de 60 %. La réalité montre un taux un peu supérieur à 40 %, ce qui reste un très bon résultat.
En revanche, la Siemp n’escompte aucun bonus financier de l’installation collective d’ECS. Toutefois, l’économie réalisée sur le chauffage augmentant la capacité de production de la chaudière centrale, cela dégagerait une puissance calorifique suffisante pour assurer la production de l’ECS dans toute la résidence, avec le même niveau d’équipement. La Siemp envisage déjà, à moyen terme, de supprimer les minicentrales et de relier les réseaux collectifs à la chaufferie centrale ; ce qui serait rentable à partir de 1 000 logements. À plus long terme, le gestionnaire envisage d’exploiter des énergies moins carbonées (pompes à chaleur, bois, biocarburants, voire combustibles alternatifs ou issus de la récupération). L’énergie géothermique est déjà éliminée : des forages dans l’Albien montrent une production insuffisante, des débits instables et la présence de sables incompatibles avec une bonne exploitation.