Franck Perraud, président de l’Union des métalliers.
Les 9es Assises de la métallerie organisées par l’Union des métalliers (FFB métallerie) se tiendront à Paris, les 4 et 5 juillet, dans un contexte mitigé. Trois questions à Franck Perraud, président de l’Union des métalliers.
C’est dans un climat plutôt prospère que s’ouvrent ces assises ?
La reprise d’activité est bien au rendez-vous. Cependant, pour la première fois lorsqu’il s’agit de reprise, celle-ci n’est pas homogène sur tout le territoire, la fracture territoriale se creuse. La reprise se ressent dans les métropoles et les départements proches des grandes villes. Mais autour, c’est plutôt calme, notamment dans les départements ruraux.
Comment l’expliquez-vous ?
Plusieurs raisons à cela : 60 % de l’activité porte actuellement sur l’entretien-rénovation ; les dispositifs d’aides type CITE ont été rabotés et l’incertitude pèse encore sur leur avenir, et les budgets des collectivités ont chuté : en zone urbaine, les pertes de marché se rattrapent sur le privé et le tertiaire, ce qui est beaucoup moins évident en zone rurale. Nous avons certains de nos métalliers aujourd’hui en souffrance. D’autant que la hausse du coût des matières premières, de l’ordre de 20 % pour l’acier entre septembre 2017 et mai 2018, ne peut pas être compensée, surtout dans le privé où la révision de prix n’existe pas. En cette période de reprise d’activité, nous devons notamment faire face à la difficulté de recruter du personnel qualifié, de fidéliser nos collaborateurs et de les faire monter en compétences en utilisant les nouvelles technologies.
Parmi les ateliers la question de la métallerie dans dix ans sera abordée ? Quelle est votre vision ?
L’avenir de la métallerie passera par l’automatisation des machines, la percée du numérique et des nouvelles technologies (BIM, scan 3D…). C’est déjà le quotidien de certaines grandes entreprises et cela sera probablement celui de toutes les autres très bientôt. Mais cela n’effacera pas le savoir-faire manuel qui fait de la métallerie un travail de qualité. Autres tendances : l’aide à la pose et à la mise en œuvre avec l’arrivée des exosquelettes, l’amélioration des conditions de travail et de la sécurité sur chantier et en usine ou encore la spécialisation de nos métiers. L’offre se personnifie : les escaliers ou les garde-corps par exemple deviennent la signature d’un architecte et sont souvent le fruit d’une collaboration étroite entre architecte et bureaux d’études.