Acousticien, un métier aux mille facettes, telle est la campagne de communication du FAFIEC et de CINOV GIAc. Denis Bozetto, le président du syndicat Cinov GIAc revient sur le métier et les enjeux actuels du métier d’acousticien.
Pourquoi cette campagne de communication ?
Les vidéos métier* ont été réalisées dans le cadre de la promotion du métier d’acousticien (grâce au soutien du FAFIEC notre OPCA) car notre métier n’est pas assez connu des jeunes et cela complique les embauches dans les périodes de demandes que nous connaissons depuis quelques années en lien avec la croissance des métropoles. La formation par l’apprentissage est également un axe à renforcer. Par ailleurs, nous souhaitons mieux faire reconnaître notre métier. Et la meilleure façon de lutter contre le bruit, c’est d’écouter les acousticiens et de suivre leurs préconisations.
Avec les mutations de l’ingénierie et des nouvelles technologies, quelles incidences sur votre profession ?
Le numérique modifie notre métier et nos outils de travail de mesurage et de modélisation numérique, même si la finalité est toujours l’application d’une bonne solution. Les nouvelles technologies permettent, par exemple, de faire des analyses sur le bruit, mieux connectées avec les territoires et les attentes du grand public. La bonne utilisation de ces données renforce notre rôle d’expert. Indispensable dans une discipline où la science doit sans cesse être en phase avec le terrain ! Au-delà du savoir-faire notre métier nécessite un savoir être.
Une nouvelle réglementation s’applique à partir du 1er octobre 2018 à tous les lieux diffusant des sons amplifiés. Quels en sont les enjeux et les difficultés ?
Les enjeux sont très importants, notamment en termes de santé publique, avec un renforcement des limites de bruit en direction de notre jeunesse, et de bien-être de vie dans un environnement de plus en plus urbain et dense. La ville apaisée ne doit pas être seulement un slogan. La gestion des bruits doit à la fois être respectueuse de la qualité des sons amplifiés pour le monde du spectacle, mais surtout des riverains. Notre profession représentée par le GIAc attend avec un grand intérêt le projet d’arrêté afin d’émettre un avis sur l’application pratique, ce qui ne semble pas si simple au regard du décret (émergence 3 dB et contenu de l’étude d’impact prévisionnelle) ! Raison pour laquelle notre implication dans la rédaction d’un guide d’application vise à rendre les interventions des praticiens (acousticiens et contrôleurs) plus fluides. La réalisation courante du diagnostic de l’étude de l’impact, par exemple, nécessitera des adaptations méthodologiques, notamment vis-à-vis des constatations chez les riverains en fréquences et connaîtra des difficultés de mesurage.
La tendance aujourd’hui est de bien isoler les bâtiments ayant pour incidence de faire ressortir les bruits solidiens et aériens (intérieurs). Comment alors concilier isolation thermique, confort acoustique et qualité de l’air intérieur ?
Ce sujet, traité sérieusement depuis une dizaine d’années par notre profession, a largement contribué à concilier sur le plan technique ces trois thématiques qui sont les fondamentaux du bien-vivre dans un environnement de plus en plus contraint. La difficulté vient du fait que la matière grise n’est pas assez valorisée dans l’acte de construire, ce qui cloisonne les prescriptions alors que nous devrions faire résonner ensemble écologie, économie et innovation ! Le BIM doit justement permettre de favoriser la conciliation technique en mettant l’accent sur la notion de confort et de durabilité sans oublier la maintenance des systèmes.
Quant à la prise en compte des bruits solidiens, c’est une belle avancée vers la qualité des constructions qui sont de plus en plus implantées au plus près des infrastructures ferroviaires pour favoriser la mobilité. Les acousticiens sont également des experts en (bonnes) vibrations et nous comptons apporter notre contribution à la Smart city, celle résolument ancrée dans la qualité environnementale.
Comment voyez-vous l’acousticien de demain ?
Il sera pluriel. On aura des acousticiens généralistes pour soigner les cas simples et des spécialistes, puisque les solutions vont beaucoup évoluer avec les nouvelles technologies au service des diagnostics (drône) et de l’insonorisation (électronique, méta-matériaux, imprimante 3D). L’impact sur le métier viendra également de la transition énergétique et de la fabrication additive, de la robotique, des biomatériaux et des travaux des chercheurs. On aura également des acousticiens connectés et « gestionnaires » des données et de systèmes de surveillance permettant de corriger en temps réel des nuisances sonores comme par exemple celles générées par les chantiers.
L’acousticien de demain aura le sens développé de la diversification de l’offre de prestations. Les futures formations devront intégrer ce côté pluriel. Il conviendra aussi de favoriser des passerelles vers l’ingénierie acoustique pour des ingénieurs ou techniciens formés à d’autres secteurs. Enfin, l’acousticien exercera son activité en libéral, dans de gros bureaux d’études, parfois dans les entreprises mais il aura toujours la préoccupation de travailler pour lutter contre bruit ou améliorer la qualité sonore des espaces.
Le mot de la fin ?
L’acoustique est désormais bien maîtrisée par les professionnels dans toutes les situations. La dernière étape qu’il nous faut désormais franchir pour améliorer le cadre de vie de tous est de systématiquement intégrer cette compétence dans tous les projets, petits ou gros, quelle que soit l’activité concernée, le logement, le lieu de sport et de loisir, l’environnement professionnel, le commerce. Tous les espaces sont concernés, prestigieux ou non, et méritent cette attention. C’est le message qui transparaît dans les vidéos que nous venons de réaliser.
* Les vidéos sont disponibles sur le site Cinov GIAC : Acousticien, ça vous fait penser à quoi ? Découvrez un métier aux mille facettes Acousticien, un métier aux 1000 facettes