Immeuble de bureaux à Luxembourg construit selon le procédé Steligence.
La division Steligence d’ArcelorMittal a modélisé un bâtiment pilote mixte acier et béton de manière à ce qu’il ait un faible impact économique, environnemental et social.
Penser l’intégration de l’acier de manière globale et en toute intelligence, tel est le principe de Steligence développé par ArcelorMittal depuis juin 2018. « Le concept, fruit de deux ans de R & D, est radicalement nouveau, explique Olivier Vassart, récemment nommé à la tête de cette division. Il vise à concevoir des bâtiments en fonction des interactions et des complémentarités entre matériaux. » Une méthodologie basée sur dix-sept critères répartis en trois catégories d’impacts (économique, environnemental et social) a ainsi été mise au point afin que le bâtiment soit moins coûteux, plus léger et plus flexible.
Une conception rationnelle
L’opération modélisée est un immeuble de bureau, situé à Luxembourg, d’une capacité de 1 036 occupants, sur huit niveaux et doté d’une distance entre façades de 13,60 m. Il a été pensé selon une combinaison optimale de béton, d’acier et de planchers collaborants. La structure est constituée de poutrelles en H à larges ailes laminées à chaud et de poutres alvéolaires légères d’une longue portée (13 m) permettant de concevoir de vastes espaces sans poteaux. « Les poutres alvéolaires constituent une alternative aux treillis et aux systèmes de solives ajourés. Elles allient la fonction à la flexibilité, permettent d’intégrer des installations techniques en optimisant les rapports poids-hauteur ou charge-poids. » Les planchers collaborants sont composés de tôles d’acier trapézoïdales à nervures ouvertes et bossages spécifiques pour assurer une action composite avec le béton.
« Ce type de produit permet des économies considérables en termes de poids, de temps et de coûts. » La tôle sert de coffrage pour le béton frais et de renforcement dans la phase finale. La façade est composée d’un mur rideau en acier au carbone plat revêtu des deux côtés d’un alliage Magnelis (zinc-aluminium-magnésium) et recouvert d’un système de parement de façade plane en Granite Silky Shine (un nouveau revêtement peint assurant une longévité plus importante). Des brise-soleil en tôles en acier perforées laissent filtrer la lumière du jour. Quant aux faux-plafonds, ils sont réalisés avec des aciers perforés.
Des économies à la clé
Avec cette configuration, et par rapport à un bâtiment équivalent réalisé en structure béton préfabriquée et combiné avec un système de façade en aluminium, Steligence permet une économie de 15 % sur le coût total de la construction. Plus précisément, une économie de 11 % pour la façade, les escaliers et les éléments de base ; de 39 % pour les fondations (moins profondes grâce aux structures acier deux fois plus légères) ; de 24 % grâce à une construction deux fois plus rapide ; et de 34 % sur les besoins en transport par rapport au béton préfabriqué.
Par ailleurs, une construction Steligence a une faible empreinte carbone : 16 % de carbone en moins par rapport à une solution béton équivalente. La pertinence de cette démarche a été validée par des experts indépendants, « parce qu’on ne construit pas de la même manière en béton, en acier ou en bois », fait valoir Olivier Vassart. D’autres bâtiments seront modélisés selon le même principe, notamment un bâtiment mixte acier et bois pour le logement. « L’objectif final étant de répondre au challenge environnemental en générant des gains d’efficacité dans les phases de conception, de construction et dans la configurabilité des bâtiments, poursuit-il. Il n’y a pas de matériaux magiques, il s’agit juste d’effectuer les bonnes combinaisons. » D’ailleurs, la conception de la tour D2 à La Défense s’est inspirée d’une partie des principes développés par Steligence. D’autres bâtiments devraient prochainement en faire l’application en France.