Lorsque la structure en acier est traitée, les premiers blocs de façade préfabriqués sont mis en œuvre en partie supérieure. Les travaux se déroulent de haut en bas, ce qui est plutôt inhabituel. (Doc. TVDW.)
Ne répondant plus aux normes thermiques et de sécurité en vigueur, la tour a été désossée, puis rhabillée d'une nouvelle façade performante. Le tout après la restauration de la structure porteuse existante, traitée contre l'incendie, comme l'ensemble de l'édifice.
Dominant le campus de Jussieu à Paris (ve), la tour centrale - dite tour Zamansky du nom du doyen de l'université de l'époque - a été érigée en 1971 par les architectes Cassan, Coulon et Richard. Ces derniers l'ont conçue et adaptée selon les plans d'Edouard Albert, auteur de l'ensemble du campus, réalisé entre 1964 et 1968. Elle se remarque par sa verticalité et son implantation sur la diagonale par rapport au « gril » orthogonal organisant l'ensemble des bâtiments. Depuis 2006, la tour fait l'objet d'une restructuration complète menée par le bureau d'étude Cotéba et Thierry Van de Wyngaert Architectes Associés, après une longue phase de désamiantage. La tour couvre une surface hors œuvre nette de 11 400 m2 et le coût d'investissement de l'opération s'élève à 25 ME HT. Cet immeuble de grande hauteur à vocation administrative, qui s'inscrit dans un carré de 23 m de côté et se dresse à 90 m de hauteur, comprend vingt-quatre étages. Si le niveau de sous-sol permet l'accès des camions de pompiers et contient des locaux techniques, le rez-de-chaussée abrite un hall d'accueil ainsi que le poste de sécurité gérant le campus entier. Les niveaux courants logent des bureaux et des salles de réunions, alors que les deux derniers étages voués à la présidence de l'université contiennent surtout des salles de réunions. Le dixième étage à double hauteur (auparavant plateau technique) est désormais occupé, sur une moitié, par une centrale de traitement de l'air, et sur l'autre moitié, par des espaces de réunions offrant des volumes importants. Mesurant 12 x 12 m, le noyau central en béton armé renferme les dessertes verticales, soit un escalier et quatre ascenseurs, des sanitaires et des gaines techniques. Respectueuse de l'architecture en place, la démarche de réhabilitation de l'édifice a consisté à conserver l'intégralité de la structure en acier et les planchers mixtes en acier et béton, ainsi que le noyau central et les escaliers en béton.
Une structure porteuse mixte restaurée
L'objectif principal visé résidait dans la mise en conformité totale de l'ossature métallique, des planchers, des façades et du noyau, aux normes thermiques et de sécurité en vigueur. La structure de l'édifice, rejetée sur l'extérieur, est formée de quinze piliers, disposés tous les 1,50 m, sur chaque côté. « La particularité de ces piles réside dans leur section qui diminue progressivement tous les deux étages, en montant vers le haut. Elles ressemblent à des bambous s'élançant vers le ciel. Au sol, leur section est de 26 cm de diamètre », énonce l'architecte Thierry Van de Wyngaert. Le système constructif préservé et restauré est de facture simple. Il se compose de ces colonnes en acier périphériques remplies de béton et pourvues de sabots assurant l'accroche des poutres de planchers qui supportent les dalles béton. Ainsi, la première phase de travaux a consisté à démonter l'ensemble des façades en place, afin de ne conserver que le « squelette » structurel en acier et en béton constitué des poteaux, des planchers et du noyau dur. Ces composants devaient impérativement être traités contre l'incendie. Toutes les pièces en acier ont ainsi été soigneusement décapées par sablage (par l'extérieur). Colonnes, sabots et poutres ont ensuite été recouverts de peinture antirouille, d'une peinture intumescente et d'une couche de finition. À noter que les différentes étapes du chantier se sont déroulées de haut en bas, sur deux pans de façade à la fois, grâce à deux plates-formes élévatrices qui coulissent verticalement sur des bimâts fixés sur les parois. Les interventions efficaces s'effectuent non pas d'étage à étage mais simultanément sur deux niveaux, avec deux passerelles superposées et deux équipes d'ouvriers qui travaillent conjointement. Le matériel, acheminé par le monte-charge intérieur, est ensuite stocké sur les plateaux, en attente d'être posé.
Protection incendie draconienne
La troisième phase a consisté à mettre en place un mur-rideau qui a été réétudié et préfabriqué en usine, par blocs menuisés en aluminium de 1,50 m de largeur sur 3,10 m de hauteur, pour se calquer sur la trame de construction de base de 1,50 m. Ces blocs sont livrés par camions sur le site. Chaque ensemble menuisé assemble une partie haute vitrée et une allège pleine traitée coupe-feu. L'augmentation nette de surfaces vitrées est due à l'affinement des trumeaux et au surbaissement des allèges, par rapport aux anciennes façades déposées. Ce principe octroie aux espaces intérieurs « une vision panoramique exceptionnelle sur l'environnement alentour », souligne l'architecte. Le chantier se poursuit par la pose des nombreuses gaines de ventilation et de désenfumage en sous-face de planchers des bureaux et des diverses salles ainsi que dans les couloirs de desserte autour du noyau central. Il a fallu renforcer la protection incendie, à l'intérieur du bâtiment, à chaque niveau. Ainsi, un jeu de cloisons de recoupement en plâtre, posé sur la hauteur de la tour, a partagé cette dernière en deux zones spécifiques nord et sud : sur chaque étage et en bordure du noyau, les circulations sont protégées. Les sanitaires existants ont été rénovés et agrandis, pour devenir accessibles aux personnes à mobilité réduite. Autre point intéressant : la conception d'un faux plafond à double gorge dissimulant les gaines. « Nous avons inséré un carré désaxé, pour traiter une gorge de faux plafond qui est décalée par rapport aux cloisons. À chaque étage, il pivote d'une trame, pour apporter du mouvement à l'ensemble », explique l'architecte. Ce système est agrémenté d'une mise en lumière du concepteur François Migeon. Aussi, ce faux plafond coloré intègre des bandeaux de luminaires à tubes fluorescents qui doivent éclairer le plafond et la paroi peinte se trouvant devant la façade. Le subtil dégradé de couleurs évoluant à chaque étage sera visible de l'extérieur et animera le bâtiment.