© Photo Leo Paul Ridet
Doté de fortes ambitions environnementales, L'Allianz Riviera de Nice tient son originalité des choix structurels et des matériaux employés. « Un choix qui s'impose sur la planche à dessin ou devant l'ordinateur », explique Jean-Michel Wilmotte, architecte qui pratique depuis longtemps le mélange des matériaux dans ses créations.
CTB : Comment vient l'idée de mixer des matériaux dans la conception ?
Jean-Michel Wilmotte : Pour le concepteur, la technologie doit se fondre dans l'esthétique.
C'est particulièrement vrai dans le rapprochement des matériaux que l'on utilise à la fois pour leur chaleur, leur beauté, leur sensibilité, mais aussi d'abord pour leurs qualités purement physiques.
Mais cette utilisation s'impose d'elle-même de deux façons. En premier lieu au moment des choix des grands partis architecturaux du projet, en second lieu par des besoins essentiellement techniques. Si je prends l'exemple du stade de Nice, l'option bois nous est rapidement apparue évidente.
Mais, sur de telles portées, même s'il existe théoriquement des possibilités de lier entre eux des éléments de bois, l'utilisation de nœuds d'acier s'imposait.
C'était d'autant plus sensible à Nice que nous avions parfois jusqu'à quatre éléments à liaisonner.
CTB : Parlez-nous de ces pièces métalliques ...
JMW :Ces nœuds qui constituent de véritables éléments de la structure ont été particulièrement travaillés en maquette à l'agence afin d'aboutir à un modèle au plus proche du besoin technologique. Ouvrages en eux-mêmes, nous devions les élaborer au mieux, avant d'en faire valider le principe par les ingénieurs structure.
Au final, ces composants structurels, travaillés architecturalement, chantent au milieu du bois, autant qu'ils valorisent ce dernier. J'aime cette association d'un matériau tendre avec un matériau fort.
CTB : Quelles sont les conditions d'une réussite de la mixité ?
JMW :Pour que le mariage soit heureux, il est indispensable que l'on utilise des matériaux « très vrais », très solides, d'une forte densité quelles que soient leurs caractéristiques propres, comme dans les associations de bois, de verre, de métal et de pierre (granit, marbre, etc.) qu'il nous arrive de pratiquer.
Sur le projet Lumen à Montrouge, le verre et l'acier trouvent ainsi place dans une façade à la trame très dense, alternant vitrages transparents et lames d'acier qui sont posées perpendiculairement au verre. De côté, la façade apparaît métallique, de face, elle est totalement transparente. Les lames d'acier jouent, en outre, le rôle de brise-soleil. Autre exemple intéressant de mixité sur le chai du Cos d'Estournel, où nous avons fait réaliser des poteaux constitués d'une tôle d'inox perforée prise entre deux plaques de verre. Ce complexe, alliant deux matériaux aux caractéristiques franches, donne le pas au verre, élément décoratif, sur l'acier : d'une certaine façon, en le protégeant, il le rend précieux. D'autant que la perforation de l'acier, avec des trous oblongs, rappelle un ouvrage de dentelle.
CTB : A Nice comme dans ce cas, vous magnifiez l'acier ?
JMW :Nous créons un équilibre différent qui n'est pas industriel, qui enlève à l'acier cette forme de force brute qui est la sienne. Le bois apporte de la tendresse, le verre de la fragilité.
Sans oublier aussi les traitements de surface, comme la galvanisation à chaud sur ce projet. Car les finitions ont beaucoup d'importance. Il existe une quantité infinie de possibilités dans ce domaine.?