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Isolation ITE : de nouvelles perspectivesd’application

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Isolation ITE : de nouvelles perspectivesd’application

L’ITE a été réalisée par 180 mm de panneaux de fibre de bois en deux couches croisées de 100 + 80 mm (StoTherm Wood) sous enduit. Le bâtiment réhabilité en 2008 est passé à une consommation de 39 kWh/m2/an.

L’isolation thermique par l’extérieur n’est pas nouvelle, mais elle fut longtemps réservée à la réhabilitation thermique des HLM. Avec les retours d’expériences, les projets se multiplient et la recherche de solutions techniques simples s’intensifie.

Pour réduire la consommation d’énergie des bâtiments existants, le traitement le plus efficace est l’isolation thermique par l’extérieur (ITE). Elle supprime 80 % des ponts thermiques (jusqu’à 40 % des déperditions) et améliore l’inertie des parois, facteur de confort thermique et d’économies d’énergie. Le système protège aussi la maçonnerie des risques d’infiltration d’eau, des chocs thermiques et de la condensation, évitant les désordres à la structure ou l’air malsain causé par les moisissures.

Autre avantage : ne pas déloger l’occupant. Pour cette raison, les organismes HLM ont commencé à l’adopter dans leurs réhabilitations à partir des années 80. Mais le système n’est pas entré dans les habitudes constructives françaises : « 30 millions de m2 ont été isolés par l’extérieur en 20 ans, contre 200 millions chaque année en Allemagne », déclare Gérard Fleury, consultant chez TBC Générateur d’innovation. Le système est toutefois voué à se développer avec la généralisation de la basse consommation. Les panneaux collés ou fixés sous enduit ou l’isolant sous bardage se partagent le marché, tel le polystyrène, matériau isolant le plus employé, malgré ses défauts : énergie grise et toxicité en cas d’incendie. Pour Gérard Fleury : « C’est le matériau sous enduit qui s’adapte le mieux aux nombreuses contraintes extérieures des façades ». Pour des constructions ouvertes à la diffusion, mieux vaut se tourner vers des systèmes respirants comme la fibre de bois, avec les systèmes Diffutherm ou StoTherm Wood. Sous bardage, sont envisageables la laine de roche (classée incombustible), de bois, de chanvre ou la ouate de cellulose insufflée ou projetée entre montants. Tous les types de parements peuvent y être associés. Une ITE se réalise en général à des moments particuliers de la vie du bâtiment (ravalement, changement de propriétaire…), ce qui permet d’atténuer un investissement important. Elle entraîne souvent d’autres travaux en cascade, comme en témoigne Pierre Lévy, architecte au cabinet Détry & Lévy de Lyon. « L’isolant entrant en contact avec les menuiseries, la question du changement des fenêtres se pose. Puis, les occultations doivent être changées. Pour être performant, il faut isoler la toiture et l’acrotère, et les murs en partie basse. Lorsque le traitement concerne la sous-face de dalle, l’électricité sera noyée. Avec de nouvelles menuiseries hermétiques, il faudra refaire la ventilation. Enfin, le bâtiment étant mieux isolé, la chaudière devient trop puissante. »

Traiter l’enveloppe dans sa complexité

La décision d’isoler ou non un bâtiment par l’extérieur résulte donc d’un arbitrage « à partir des éléments thermiques, architecturaux, budgétaires, patrimoniaux, etc. », estime Pierre Lévy. En centre-ville, elle est parfois difficile à mettre en œuvre pour des raisons réglementaires. La solution consistera alors à isoler par l’extérieur les parties non visibles (pignons, façades sur cours) et par l’intérieur les façades visibles, comme le préconise le Centre d’études, de recherche et d’action en architecture (Ceraa) de Bruxelles.

« L’ITE en rénovation est un projet d’architecte », avertit Julien Fontaine, conseiller à l’Agence locale de l’énergie de Lyon. « Car il s’agit d’un enveloppe qui doit être traitée dans la complexité de sa modénature. » La maîtrise d’œuvre s’intéressera au traitement des points singuliers, à la découpe des isolants, à la qualité des fixations mécaniques. Pour résoudre les ponts thermiques au niveau des linteaux, balcons, nez de planchers ou mur de refend, etc., les fabricants proposent des réponses adaptées à leurs systèmes. Des solutions sont aussi proposées par le Groupement du mur manteau, une association d’industriels pour la promotion de l’isolation par l’extérieur (1).

Face à cette complexité, comment faciliter la tâche du maître d’ouvrage ? Le programme Mitech, en réponse à un appel d’offres lancé en 2005 par la Fondation ­Bâtiment Energie, s’est penché sur le parc de 3,3 millions de pavillons peu ou pas isolés, construits entre 1949 et 1974, qui consomment aujourd’hui entre 245 et 375 kWh/m²/an. Objectif : proposer une offre cohérente de produits et systèmes afin de les mener au facteur 4. Piloté par TBC Générateur d’innovation, le consortium que forme ­Mitech (2) planche ainsi depuis deux ans sur des solutions techniques.

Au final, le système proposé consiste en un ensemble de « packs », tels que pack isolation, composants de baie, modénature, surtoiture, ventilation, etc., tous modulables et compatibles entre eux, conçus pour réaliser l’ensemble des travaux depuis l’extérieur, y compris l’installation de la ventilation double flux.

Celle-ci, plate, installée en applique sur la façade est noyée dans l’isolant de 25 cm d’épaisseur, comme les autres équipements du type coffre de volet roulant, descentes d’eau ou gaines de ventilation. Définies dans leurs principes, elles seront testées sur des bâtiments cette année et doivent être validées par le Cstb courant 2009, visant une mise sur le marché en 2010. Pour d’autres types de constructions, la recherche continue. En bâti ancien traditionnel, une étude de la Direction générale de l’urbanisme, de l’habitat et de la construction (DGUHC) conseillait en 2007 de « proscrire toute solution générique », de « tirer parti des qualités intrinsèques du bâtiment et d’opter pour les matériaux naturels ». Concernant les bâtiments collectifs, le Plan urbanisme construction architecture (Puca) a lancé un appel d’offre en novembre 2008 (projet Réha) pour la requalification de l’habitat collectif en haute performance énergétique. De nouvelles solutions ingénieuses pourraient donc voir le jour dans les prochaines années.

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