ISOLANTS PROJETÉS Des systèmes deux en un

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ISOLANTS PROJETÉS Des systèmes deux en un

Le mode de mise en œuvre par projection, au cours duquel l’isolant est élaboré en même temps qu’il est posé, présente l’avantage de supprimer en un même geste les fuites d’air. Plusieurs familles de produits existent, couvrant tous les domaines d’application. Les exigences d’étanchéité à l’air ne pouvant que se renforcer, ce type d’isolation devrait se développer.

La mise en œuvre d’isolation thermique par projection présente des atouts indéniables en comblant les recoins inaccessibles, en épousant toutes les formes, et en créant une couche isolante monolithique. Cela dit, ce n’est pas la forme la plus répandue. L’élaboration in situ est rapide : l’applicateur voit tout ce qu’il fait et recouvre d’un seul coup l’ensemble des surfaces à isoler, y compris, par exemple, des réseaux complexes.

Autre avantage : avec le temps, il ne se tasse pas.

Il existe deux types d’isolants thermiques projetables : ceux utilisant une fibre isolante associée avec un liant (laines minérales, ouate de cellulose, chanvre…) et ceux élaborés à partir de composants chimiques (mousses de polyuréthanne…). La laine minérale est le seul des isolants projetés à avoir fait l’objet d’un DTU (DTU 27.1, norme P 15-202-1, « Réalisation de revêtements par projection pneumatique de laines minérales avec liant »). Apparu il y a une vingtaine d’années en France comme anti-incendie alternative à l’amiante, le procédé a pu être utilisé plus tard en thermique, grâce aux améliorations de sa formule qui ont réduit la masse volumique, permettant d’augmenter l’épaisseur projetée (120 mm maximum sans treillis). Elle s’emploie donc idéalement lorsqu’une protection antifeu est également recherchée, en particulier en sous-face de dalles de parkings ou entre local chauffé et local non chauffé.

Ouate de cellulose : l’eau, le seul liant

En thermique, la projection s’effectue à partir de laines de laitiers, résidus de basalte provenant des hauts fourneaux, fondus à très haute température puis fibrés et cardés.

Les industriels vendent les laines sous forme de balles aux transformateurs qui composent ensuite leur produit à projeter, en les mélangeant à leur propre liant hydraulique inorganique (ciments, chaux) et à des adjuvants divers (retardateurs de feu, agents de cohésion, traitement antipoussière, antichampignons…). Le produit fini est vendu aux entreprises de projection sous forme de matière sèche, dont le liant sera activé par un ajout d’eau lors de la projection. La qualité de l’application joue un rôle très important dans la performance finale du produit : le résultat dépendra des dosages, de la machine, de la pression exercée… Une certification d’isolation projetée existe pour les entreprises (Qualibat 7142, « Isolation thermique – correction acoustique par projection – injection »). « Les projeteurs apprennent surtout sur le terrain : il faut un coup de main et une véritable stratégie de pose pour projeter une épaisseur constante au plafond d’un parking de 2000 m2 », explique Christian May (Entreprise provençale d’isolation), président de la section Projection au Syndicat national de l’isolation.

Plus connue en soufflage ou en insufflation à l’intérieur de cavités, la ouate de ­cellulose projetée a aussi ses inconditionnels.

Chez Soprema, distributeur de la marque Univercell : « La projection humide prend le pas sur tout le reste », affirme Jean Charmel, directeur Univercell. Fabriquée à partir de journaux recyclés auxquels sont ajoutés des sels de bore (fongicides, insectifuges, antimoisissure et ignifuges), la ouate est projetée à sec. Un brouillard d’eau à la sortie de la buse suffit à réveiller la colle naturelle (lignine) contenue dans la cellulose, faisant adhérer les fibres entre elles ainsi qu’au support, sans primaire d’accrochage. Au final : une couche isolante légère (entre 30 et 50 kg/m3), d’aspect un peu cartonneux, aux bonnes performances thermiques d’hiver (? de 0,041)et d’été. Absorbant jusqu’à 30 % de son poids d’humidité, elle agit aussi en tant que régulateur d’hygrométrie.

La ouate s’applique sur toutes les surfaces, même légèrement humides, et dans de nombreux domaines : sous-plafond, paroi verticale, isolation intérieure ou extérieure. Elle est agréable à manipuler et rapide à mettre en œuvre : jusqu’à 25 cm d’épaisseur en une fois. Elle se projette entre deux montants, qui seront nécessaires à la pose d’un parement, après égalisation à la fraise rotative et séchage (pas plus de 20 % d’humidité avant la fermeture d’un caisson).

Elle évite l’utilisation d’un pare-vapeur.

La plupart des fabricants proposent un produit projetable, même si cela ne représente qu’une petite part de leur marché (5 % chez Homatherm). Certains sont même réticents à la mettre en avant, à cause de la difficulté de sa mise en œuvre. Elle réside notamment dans le dosage précis de l’eau et de la fibre. Courante en Amérique du Nord, la mousse de polyuréthanne perce timidement en France avec moins d’une dizaine d’entreprises de projection. Des avis techniques récemment délivrés pourraient accélérer le processus. Le procédé consiste à provoquer sur site une réaction chimique entre deux composants : le polyol et l’isocyanate, associés à des agents gonflants et stabilisants. On obtient ainsi des mousses rigides à cellules fermées, étanches à l’eau. Le produit durcit lors de son expansion et sèche en quelques minutes.

Des masses volumiques selon les applications

Les produits chimiques de base sont transformés chez des formulateurs auprès de qui s’approvisionnent les applicateurs. Ceux-ci, équipés d’une unité de projection (camion, groupe électrogène, les deux cuves de produits, machine de mélange et long tuyau), projettent la mousse par couches successives jusqu’à l’épaisseur désirée, en général entre 5 et 10 cm. Le dosage doit être très précis : une dose de polyol doit correspondre exactement à une dose d’isocyanate et une température de 50 °C doit être maintenue en permanence. Sinon, l’isolation n’est pas uniforme et plane, ce qui peut, pour un plancher chauffant, diminuer sa performance. La projection liquide est toxique et des protections (combinaison, masque, lunettes…) sont obligatoires. La mise en œuvre ne peut, par conséquent, être effectuée que par des professionnels formés à cette technique.

Le produit est proposé en masses volumiques différentes en fonction des applications. Pour le sol, elle se situe autour de 35 kg/m3 (60 kg/m3 en étanchéité-isolation de toitures). La projection permet d’obtenir un bloc isolant sans aucun joint de jonction, même au niveau des murs. Le chantier peut recevoir un plancher chauffant ou une chape en moins d’une journée. L’économie de la dalle de ravoirage rend ce procédé très compétitif. Avec une conductivité thermique de 0,021 W/m°C, elle présente le meilleur lambda parmi tous les isolants projetés.

D’autres mousses, également en provenance d’Amérique du nord, apparaissent en France. À base d’isocyanate et d’une résine propriétaire, le produit Icynene est une mousse à cellules ouvertes dont l’expansion se fait en phase aqueuse, sans dégagement toxique. De faible densité (6,1 kg/m3) et perméable à la vapeur d’eau, elle s’applique à tous types de bâtiments, neufs ou existants, de faible et moyenne hygrométrie, pour les murs, rampants, planchers, façades. Le produit, qui gonfle en prenant 100 fois son volume en quelques secondes, s’applique en une seule couche.

Autre principe, le système Fiberiffic, importé des Etats-Unis par la société Isoprojex, permet de projeter tout type de fibre isolante sous forme de mousse. La machine mélange la fibre à un liant au latex, à forte pression. À la pose, les bulles éclatent et le liant encapsule chaque fibre. En séchant, les fibres adhèrent les unes aux autres, créant une barrière isolante. Un brevet a été déposé par la société Isoprojex pour le Fiberjex, avec une laine de verre à grosses fibres.

Mais c’est la ouate de cellulose qui a été choisie par le maître d’ouvrage pour isoler 9 000 m2 de plafonds sur 100 mm d’épaisseur à la Cité nationale d’histoire de l’immigration à Paris. Les enduits isolants sont des mortiers de chaux auxquels ont été incorporées des particules de matériaux isolants (billes de polystyrène, verre expansé, liège, chanvre…). Ils ont un lambda plus élevé que les autres isolants projetés et sont aussi plus chers. Les crépis isolants (plus couramment 5-6 cm et jusqu’à 12 cm), sont utilisés depuis longtemps en Suisse, en rénovation thermique de bâtiments existants, anciens ou plus récents, obtenant des gains de 30 à 40 % sur le chauffage. Ils se projettent avec n’importe quelle machine à crépir.

Béton de chanvre : mise en œuvre à sec

La société Haga propose deux produits, l’un contenant des billes de polystyrène (? = 0,054) et l’autre, « bio », du liège et de la pierre volcanique (? = 0,06). Un produit italien, Unilit 20 (? = 0,066), distribué en Europe par la société belge Arte Constructo, contient perlite et silices expansées. Très poreux, ces deux derniers produits sont particulièrement adaptés à l’assainissement et à la déshumidification de bâtiments anciens car ils favorisent, par différence de pression, le drainage vers l’extérieur de l’humidité contenue dans les matériaux des parois. Ils peuvent toutefois s’appliquer sur des parois étanches, à condition que le matériau puisse respirer d’un côté. Le béton de chanvre est mis en œuvre à sec grâce à une guniteuse à béton adaptée. Au moment de la projection, l’eau pulvérisée lie les éléments entre eux (25 % de liant 75 % de paille de chanvre). Pour 200 l de mélange, on ne compte que 30 à 35 l d’eau. La technique concerne encore essentiellement l’isolation rapportée de bâtiments en pierre, mais s’applique aussi au neuf et aux bâtiments récents : l’isolation par l’extérieur de murs en parpaings de béton est ainsi possible. Elle permet aussi de réaliser des murs pleins, en projetant le béton contre un panneau de coffrage, à l’intérieur d’une ossature. La maison se monte ainsi en quelques jours. La conductivité thermique de ce béton projeté est relativement élevée (? de 0,06 à 0,08) mais, affirment ses promoteurs, ses performances sont meilleures que le lambda car des changements de phase se créent à l’intérieur du mur (une étude Prébat-Inra est en cours pour étudier ces phénomènes). Une nouvelle mouture des règles professionnelles, validées en 2007 par la Fédération française du bâtiment, l’Apave et la C2P (Commission prévention produits mis en œuvre) de l’Agence Qualité construction, est actuellement en préparation.

TABLEAU : Marques et caractéristiques des produits

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