Projet Wood'Up, à Paris.
En septembre 2017, les lauréats du concours ADIVbois - Les Immeubles à Vivre Bois étaient dévoilés à Bordeaux. Un an après qu’en est-il ?
Treize projets démonstrateurs de la construction bois en moyenne hauteur, constitués d’équipes de conception, de réalisation et autant que possible de promoteur, avaient été retenus lors du concours Adivbois – Les immeubles à Vivre Bois. À ce stade, sont dans la course dix projets au final - plusieurs lauréats avaient été désignés pour le même site, ce qui entraîna une nouvelle étape de sélection. Ces futurs immeubles dont la structure, l’aménagement et l’agencement sont en bois sont de véritables pilotes et démonstrateurs du Vivre bois.
Braver les difficultés

© Dietrich Untertrifaller Architectes
Porté par Icade, le grand projet de neuf étages de la Cartoucherie Wood’Art, à Toulouse, avance doucement mais sûrement. Le projet a été un peu adapté. L’autorisation du permis de construire, dont la demande avait été déposée dès la fin de l'année dernière, ne devrait pas tarder. Il a fallu faire par exemple quelques aménagements comme intégrer un séparatif coupe-feu en béton que la réglementation rend indispensable pour s'interposer entre la partie hôtel et la partie privative de la tour.
Le projet Les Bois d'Angers tenait également la corde mais en cours d'élaboration, il est apparu que le coût de la prestation du lot bois paraissait incompatible avec le prix marché auquel doit s'accorder le promoteur, Groupe Duval. A ce jour, aucun dossier de permis de construire n’a été déposé. La maîtrise d'œuvre a proposé des variantes non encore validées pour résoudre l'équation économique, même si la ville semble très attachée au projet tel qu'il a été primé. Pour autant, le groupe Duval ne baisse pas les bras et affirme « travailler avec enthousiasme et détermination sur ce beau projet qu'est le Bois d'Angers selon le calendrier initial et selon les modalités annoncées ».
Pour ce qui concerne le projet parisien Wood'Up porté par REI Habitat, Compagnie de Phalsbourg et l'agence LAN, une campagne publicitaire inédite sur les panneaux parisiens a annoncé ces jours-ci le démarrage de la phase commercialisation fixé à samedi 30 septembre. Un article dans le Parisien précise que les 107 logements seront commercialisés à un prix situé entre 11 000 et 15 000 euros le mètre carré, dans le 13e arrondissement de Paris, où la moyenne est encore à moins de 8 000 euros. Selon Sébastien Vial, directeur de projet pour REI Habitat, la demande de permis de construire a été déposée le 3 juillet 2018. Le projet est en phase APS. Le partenaire charpentier est CPL Bois, entreprise normande du groupement Maître Cube. Reste à traiter la problématique de l'encapsulage en verre des façades bois. L'achèvement des travaux est désormais prévu pour 2021.
A St Herblain, le projet Balcons en forêt, mené par Atelier Pascal Gontier et Sathy architecte, s’était imposé face à un second projet lauréat dans le cadre d’une mise en compétition qui exigeait de disposer d’un promoteur. Ensuite, les édiles ont voulu pouvoir choisir entre deux projets en concurrence. Désormais, la voie semble enfin dégagée pour Balcons en forêt et un pré-dossier de demande de permis de construire a été déposé.
Dans l’expectative
La Tour commune
Pour ce qui est des autres projets lauréats, WOA attend toujours des éclaircissements de la RATP au sujet de la bouche de métro au-dessus de laquelle la Tour Commune doit s'élever. Le projet du Havre (Wood Up), finalement confié à l'Atelier d’Architecture Marie Schweitzer, est en cours sans autres précisions. De même, il n'y a apparemment pas de nouveaux éléments concernant les projets lauréats de Dijon (Ecopolis) et Paris Porte de Vanves (Casa Jenga).

Timber Loggias
Les deux projets de l’AuRA, Timber Loggias à Grenoble, et Pop Up à St Etienne, sont également à l’arrêt pour le moment. Selon l’agence Tekhnê Architectes, le projet de Grenoble bute sur un problème de foncier, car la parcelle envisagée pour édifier le bâtiment appartient en partie à l’Etat. Si ce verrou était levé, plusieurs promoteurs seraient intéressés pour porter le projet. Le travail en R&D associant des spécialistes de la construction bois comme l’agence R2K, Arborescence et Tekhnê n’en est pas moins jugé comme passionnant et prometteur, notamment pour ce qui concerne les développements en matière de plancher inversé.
Quant à l’agence Tectoniques qui a conçu Pop Up, Max Rolland explique que les études sont suspendues depuis un an, en attendant que le promoteur GCC Immobilier achève son tour de table : « On se doutait un peu que cela allait durer. Le marché stéphanois n’est pas très dynamique, les prix de construction d’une telle tour innovante s’annoncent peu compressible, mais les prix de sortie sont également peu mobiles et plutôt bas. Il faut trouver des investisseurs qui misent sur le long terme. »
En fin de compte, la démarche AdivBois devrait au moins conduire à la construction de quelques démonstrateurs, ce qui était l’objectif initial. Elle a le mérite de pousser la construction de bâtiments de grandes hauteurs, mais aussi d’avoir un effet d’entrainement et de généralisation quant à la construction d’ouvrage bois ou mixte de moyenne hauteur qui se développe en France comme dans le monde.
Jonas Tophoven