Habitat bioclimatique à La Réunion

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Habitat bioclimatique à La Réunion

Ce projet, réalisé en plein centre de la ville du Port, favorise la mixité sociale. Il comporte, outre l’intégration d’une toiture photovoltaïque et de panneaux solaires, de nombreuses mesures constructives et environnementales permettant d’éviter le recours à une climatisation coûteuse.

L’opération d’habitat et de renouvellement urbain Florès et Malacca a été conçue pour répondre à la forte croissance démographique que connaît la ville du Port, sur la côte ouest de La Réunion.

Cette opération, située en plein cœur de la commune réunionnaise, constitue la porte d’entrée d’un important secteur d’aménagement, le Mail de l’Océan, un nouvel axe qui permettra à la ville de se tourner vers la mer et de retrouver ses origines. « Nous nous devions de réaliser un signal architectural fort, en adéquation avec l’ensemble des préoccupations de développement durable qui caractérise l’ensemble du projet », souligne Philippe Jouanen, directeur général de la Sidr, celui-ci ayant été récemment récompensé par le Trophée des EPL (Entreprises publiques locales) dans la catégorie « Habitat et développement urbain » (1) . « Il s’agissait également, comme le souhaitait la Ville du Port, de créer une véritable mixité sociale en mélangeant, sans aucune stigmatisation, différentes couches de population », poursuit le directeur.
Pour ce faire, les architectes ont imaginé une stratification horizontale qui favorise les rencontres et permet véritablement aux gens d’aller les uns vers les autres. Ce brassage des genres s’effectue « par l’intermédiaire de coursives en bois agréables, largement dimensionnées, qui facilitent les opportunités de rencontres et les rapports humains conviviaux », souligne Antoine Perrau, un des architectes du projet, l’absence d’entrées distinctes évitant, par ailleurs, tout sentiment de hiérarchisation sociale. Dans la pratique, cette opération qui représente un coût total de 20,3 millions d’euros, comprend la construction de 138 logements - dont 53 logements étudiants, 24 logements locatifs sociaux et 61 logements locatifs intermédiaires - près de 1 000 m 2 de commerces et 120 places de parking en souterrain (une première à la Réunion).

Centrale solaire en toiture

Sur le plan architectural, les bâtiments à épanelage progressif ont une hauteur limitée à R 5, la présence de deux espaces en creux et vis-à-vis, formant deux placettes en pleine terre (voir encadré) plantées d’arbres de hautes tiges, accentuent la végétalisation des abords. Le projet, qui va au-delà des prescriptions, comprend 400 m 2 de jardins en pleine terre et 250 m 2 sur dalle béton, soit 24 % de perméabilité. Autre première dans l’île, sur une opération de logements sociaux : l’intégration, en toiture, d’une centrale photovoltaïque produisant 10 000 kWh par mois (l’électricité, revendue à EDF, assure 6 000 euros de recette mensuelle). Des panneaux solaires assurent, par ailleurs, l’approvisionnement en eau chaude sanitaire pour l’ensemble des bâtiments, « mais le stockage s’effectue de manière individuelle dans chaque logement, souligne Philippe Jouanen. De manière à sensibiliser chaque locataire à sa propre consommation d’eau ».
Un dispositif électrique de secours est prévu pour pallier les éventuelles déficiences d’ensoleillement durant l’hiver austral, « mais le système se désenclenche automatiquement après deux heures de fonctionnement ininterrompu, afin d’éviter que les locataires à faibles revenus ne soient confrontés à des consommations financièrement ingérables ». Le projet, caractérisé par une conception en pointe en matière de développement durable - et notamment en terme de respect de la RTAA DOM (2) - ne recourt à aucun système de climatisation, les bâtiments étant orientés de sorte que les logements soient ventilés naturellement par les alizés dominants.

Protection de l’enveloppe

« Les façades correspondantes sont poreuses à au moins 25 %, commente Philippe Jouanen, et ce, afin d’assurer le renouvellement d’air et le confort thermique d’été. Des ombrières et des casquettes étant, par ailleurs, placées sur les ouvertures les plus soumises au rayonnement solaire. Nous sommes vraiment dans une logique de protection de l’enveloppe », ajoute Antoine Perrau.
C’est pourquoi la solution en bardage bois a été privilégiée sur les façades est et ouest, celles qui sont les plus exposées au rayonnement biais, contrairement aux façades sud et nord qui, du fait d’une incidence moindre, sont beaucoup moins impactées. Côté couverture, « Nous avons eu recours à un bardage Ondulit qui, du fait de son pouvoir de réflexion solaire important, permet de réfléchir jusqu’à 90 % du rayonnement » et donc, là encore, de limiter les phénomènes d’échauffement dans les logements sous toiture.
Dernier point remarquable : une récupération des eaux de pluies (réinflitrées dans le terrain) et des eaux grises qui sont utilisées pour l’arrosage des jardins. Ces dernières sont récupérées dans une fosse classique à décantation surdimensionnée, afin de prendre en compte la présence des mousses (pas d’effluents solides). Un système par surverse aboutissant ensuite dans un dispositif de filtre à sable à drainage vertical.

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