Le premier cadre de référence des usages du BIM est désormais à la disposition de tous les professionnels du bâtiment. L’objectif étant de générer de la valeur via la maquette numérique. Les premiers retours et bâtiments tests sont attendus pour la rentrée.
Bim4value, le premier cadre de référence des usages du BIM, est désormais disponible. Téléchargeable gratuitement sur le site de Smart Buildings Alliance, il permet aux acteurs de la maîtrise d’ouvrage, de la conception, de la construction et de l’exploitation-maintenance de mieux utiliser la maquette numérique afin de créer de la valeur. « L’objectif principal de ce référentiel est de mettre en avant les bénéfices du BIM en termes économiques, environnemental… », précise Jérôme Mayet, membre du bureau Bâtiment de Syntec-Ingénierie.
Trente-trois usages du BIM ont été développés – contre 29 prévus à l’origine – tout au long du cycle de vie du bâtiment : de la programmation, à la conception, construction, jusqu’à l’exploitation maintenance. L’impact environnemental sur la déconstruction et le réemploi a même été étudié, tout comme les nouveaux services du bâtiment intégrant les objets connectés. Un travail titanesque qui a rassemblé pendant deux ans sept fédérations professionnelles (Cinov, CNOA, EGF.BTP, Fedene, FSIF, SBA et Syntec-Ingénierie) et une cinquantaine d’experts. « Nous avons été plus loin dans les usages en exploitation maintenance, la partie qui génère le plus de valeur en soi. Nous avons d’ailleurs commencé ce référentiel par l’exploitation maintenance avant de travailler sur la programmation et la conception. Il est en effet crucial dans tous projets BIM d’envisager l’exploitation maintenance dès le départ », expliquent de concert Jérôme Mayet et Nicolas Régnier, président de la Commission BIM de la SBA.
Six grands types de valeur
Concrètement, le référentiel peut être utilisé soit sur des opérations en neuf, en réhabilitation ou des bâtiments existants. Le point de départ étant la création de valeur que peut apporter le BIM. Six grands types de valeur ont été identifiés :
- accroître la performance économique du projet,
- améliorer la maîtrise des délais,
- contribuer à une meilleure maîtrise des risques,
- renforcer la qualité environnementale du projet,
- amener de meilleurs services aux usagers,
- favoriser une meilleure appropriation du projet.
À partir de ces valeurs proposées, il est possible de choisir parmi les usages (33 définis) durant les différentes les phases (programmation, conception, construction, exploitation/maintenance). Apparaissent alors les exigences opérationnelles. Le référentiel va même jusqu’au retour d’expériences et l’autoévaluation avec les points de contrôle.
Cette première version de Bim4Value sera testée à la rentrée sur au moins une dizaine de bâtiments. « Toutes les contributions visant à améliorer le cadre de référence seront les bienvenues. Nous cherchons des projets de tous types, de toutes tailles et pour tous acteurs avec différents niveaux de maturité. Nous encourageons les professionnels à utiliser le guide et nous faire leurs retours », précise Nicolas Régnier. Des pistes d’amélioration pourraient donc être envisagées comme éventuellement quantifier et évaluer de façon chiffrée les bénéfices en termes de coûts, de temps…
Optimiser l’usage du BIM
BIM4Value comprend le cadre de référence sur un document papier de 100 pages, la matrice et le guide méthodologique. Utile certes mais fastidieux ? « Nous avons essayé de faire simple. Le contact avec le terrain et les bâtiments tests nous rassureront sur l’usage. Mais l’utilisation du BIM est déjà en soi un investissement. Nous donnons la méthodologie pour générer de la valeur et tirer vers le haut le BIM dans les usages les plus complexes. Ce référentiel est utile aussi bien pour des débutants que pour des professionnels aguerris. D’ailleurs, alors que Setec est un acteur avancé dans l’utilisation du BIM, nous l’utiliserons », assure Jérôme Mayet. Ce référentiel ne vient pas s’ajouter au BIM, mais permet aux acteurs d’utiliser de façon optimale le BIM, de s’organiser, de mieux collaborer, et surtout de progresser dans leur pratique du BIM.
BIM4Value est également adapté aux différents niveaux de maturité BIM des acteurs. Pour Georges Neyret, architecte associé de l’Agence ARC/POLE comptant huit collaborateurs et ayant testé le référentiel, « ce cadre de référence devrait permettre aux maîtres d’ouvrage de définir clairement leurs besoins et les livrables réellement nécessaires. Quel que soit le type et la taille de structure, des agences d’architecture aux artisans en passant par les entreprises d’ingénierie ».
Ce référentiel pourrait-il être le début d’une norme ? Sera-t-il exporté à l’international ? « Nous ne l’avons pas envisagé comme ça, explique Nicolas Regnier. C’est avant tout un guide d’utilisation mettant en avant les valeurs potentielles du BIM, les bénéfices et les progrès à mettre en place. » Quant à l’international, restons modestes et pragmatiques. Mais si nous pouvons le déployer à l’international ce serait effectivement très bien. BIM4value pourrait d’ailleurs être traduit en plusieurs langues.