© Bruno Levy
Lutter contre l'étalement urbain, préserver les espaces cultivables, trouver une solution à la densification… les immeubles de grande hauteur étaient jusque-là une solution intéressante pour les métropoles, en plus d'être de véritables laboratoires de technicité constructive et de créativité architecturale.
Mais la crise sanitaire est passée par là, faisant évoluer nos habitudes de vie et de travail. Et nos envies : exit les appartements sans espaces extérieurs et exigus… place aux jardins, terrasses et maisons hors des zones surpeuplées. Exit les open spaces des bureaux et la contrainte d'une présence quotidienne, place au télétravail. Désormais, les quartiers d'affaires comme celui de La Défense voient leurs espaces se vider, et perdre leur âme (à supposer qu'ils en aient une). Que faire des tours existantes ? Est-il encore pertinent d'en construire de nouvelles ? Faut-il s'obstiner à faire la ville par le haut ? À l'heure de l'urgence climatique, le modèle de ces bâtiments, hautement consommateurs de matériaux et d'énergies, aux contraintes de sécurité incendie élevées, et dont les coûts d'exploitation le sont tout autant, est à revisiter.
Certains concepteurs innovent : ils explorent l'intensification des usages (par exemple, des bureaux le jour qui deviennent hôtel la nuit en un tour de passe-passe) ; l'emploi de matériaux plus vertueux (béton décarboné, biosourcés… ) et d'équipements toujours plus performants ; l'introduction du végétal ou encore le dépassement de la verticalité pour jouer sur l'horizontalité, etc. Décarbonation de la construction oblige, la grande ou très grande hauteur doit se repenser pour être en phase avec nos envies et les enjeux de l'environnement…
Peut-être le moment est-il venu de freiner la densification à outrance pour proposer des projets à taille humaine fondés sur une meilleure qualité de vie et éviter ainsi que les métropoles se vident ? Autant de pions à avancer pour ne pas mettre la tour en échec.