La plate-forme du logiciel Archicad est conforme au modèle BIM. Elle obéit au format d'échange normalisé IFC pour être chaîné avec toutes les applications métier compatibles. Mais elle intègre aussi des extensions directement accessibles en propriétaire, depuis le menu principal, comme ici, pour réaliser une estimation thermique.
© ArchiCad
Les add-ons, ou extensions logicielles, entre applications de CAO et celles orientées métiers sont très performants. Revit et ArchiCad, en tête, développent des univers propriétaires ouverts aux normes du BIM.
Interopérabilité. Depuis toujours, l'informatique court après cette volonté d'assurer une communication sans entrave entre plusieurs logiciels et applications issues d'éditeurs différents et concurrents en utilisant des formats et des normes les plus ouverts possibles. Dans la construction, c'est l'objectif du BIM : servir de modèle d'échange de données numériques sur les composants d'un bâtiment représenté dans une maquette numérique en 3D. Le format informatique IFC ( industry foundation classes) est le fichier standardisé (norme ISO 16 739) orienté objet adopté internationalement dans ce sens.
Mais, comme le note Sam Cordier, architecte et responsable BIM informatique chez Costes Architectures, « ce n'est qu'une passerelle, pas une fin en soi. C'est ni plus ni moins qu'une base de données graphiques 3D liée à des données alphanumériques d 'un système de base de données relationnelles traditionnel ». L'IFC n'est donc pas un fichier de travail. Voilà pourquoi les architectes et les ingénieurs doivent passer du temps pour chaîner les données en aller-retour à chaque fois que nécessaire : opérer un export de la maquette numérique au format IFC, puis un import dans le format de l'application. Une opération qui peut prendre du temps, voire nuire à la qualité des données.
Pour s'en affranchir, des applications de CAO proposent à l'utilisateur d'accéder directement, depuis le menu principal, à d'autres logiciels d'ingénierie et d'exécution comme le calcul de structure, la thermique, les MEP (mécanique, électricité, plomberie). On dit qu'il s'agit d'extensions, ou add-ons .
De nombreuses applications métier complémentaires sont aujourd'hui accessibles via Revit. Elles ont été développées par des éditeurs indépendants qui cherchent à faire gagner du temps à leurs utilisateurs en leur évitant d'opérer un export de la maquette numérique, au format IFC, puis un import dans le format de l'application.
Fonctionnalités plus avancées et simplicité de développement
« L'avantage de ces extensions est d ' être complètement intégrées au logiciel de conception et de permettre des fonctionnalités plus avancées, souligne Gwenaël Bachelot, responsable avant-ventes chez Autodesk. Par exemple, pour réaliser un calcul de dimensionnement qui modifie directement les attributs des objets BIM au sein de l 'application. » Les outils ADN (Autodesk developer network) ainsi que la plateforme Cloud Forge de services web sont librement ouverts à tous les développeurs via des API (application programming interface) et des SDK (software develop-ment kit) gratuites. Résultat : plusieurs dizaines d'éditeurs proposent des centaines d'extensions dédiées à l'univers AutoCad et/ou Revit. Et le font savoir, comme Fisa ou StabiCad pour le MEP, Graitec ou SCIA en calcul de structure ou thermique, Alpi pour l'électricité, BIM Cloisons pour le plâtre et l'isolation, Attic+ pour les métrés… La simplicité de développement des extensions métiers sur Autodesk explique pourquoi les plateformes AutoCad et Revit sont aujourd'hui les mieux pourvues du marché.
ArchiCad suit la même voie. La création d'extensions y est aussi ouverte à tous les développeurs via des API et un SDK librement accessibles. C'est cette ouverture qui est utilisée par le plug-in dédié à Rhino-Grasshopper pour la CAO paramétrique, ou ClimaBIM, pour les calculs thermiques, développé en exclusivité pour Abvent par BBS Slama. D'autres, moins connues, sont aussi proposées, comme les add-ons italiens ArchiSuite et Architerra (terrassement et VRD) ou Architile (calepinage), les outils néo-zélandais de Cadi-mage ou Coverings (bardages), ceux du finlandais Archiframe (construction et charpentes bois).
Extensions métiers intégrées
Côté métiers, plusieurs extensions sont déjà intégrées nativement dans ArchiCad : CineRender (rendus et visualisations), BIMcloud ou BIMserver (travail collaboratif), EcoDesigner (énergie) ou BIMx (application mobile pour exploration interactive des projets sur tablette ou smartphone). D'autres extensions sont proposées avec MEP Modeler (CVC), Artlantis et Twinmotion (communication, partage et rendu et BIMOffice gestion Workflow). « Avec cet environnement, ArchiCad regroupe les outils de conception, d'estimation énergétique, de visualisation, de communication et de gestion des projets pour la 4D, la 5D et le chantier, en natif ou en échange propriétaire », souligne Arnaud Costa Le Vaillant, directeur du département services, chez Abvent, qui distribue ArchiCad en France.
Propriétaire et ouvert aux échanges avec les IFC
Chez Allplan, la démarche diffère. Thierry Sampol, directeur de l'architecture produit, estime que « la coordination des acteurs d'un projet de construction est garantie par l'utilisation d'une plateforme web commune », telle que Allplan BimPlus, proposée par l'éditeur allemand. Toutes les données d'un bâtiment et les tâches d'ingénierie sont ainsi gérées de manière centralisée pendant l'ensemble du cycle de vie du projet. Elles sont accessibles depuis un simple navigateur internet, et peuvent se connecter à toutes les applications métier ou bureautique (Excel par exemple) via des API et SDK réservés aux partenaires autorisés par les responsables des tierces parties.
En France, l'application commence à intégrer des extensions avec des outils de métrés, ou, plus récemment, avec la solution de MEP, AX3000. Désormais, avec les grands éditeurs de CAO, les spécialistes du bâtiment bénéficient d'une double interopérabilité. Ils peuvent à la fois utiliser une plate-forme propriétaire de conception architecturale qui intègre dans son menu principal des extensions avec les logiciels métier de leur choix, tout en restant ouverts aux échanges plus complexes en utilisant les IFC. La liberté dans la contrainte, en somme.