Un projet de recherche européen vise la mise au point de produits de protection, applicables sur les façades neuves et anciennes, afin d’éliminer les problèmes de dégradations résultant de la pollution urbaine.
La pollution automobile et industrielle de ces dernières décennies a exacerbé les problèmes de dégradation des façades du patrimoine bâti. Le phénomène se traduit essentiellement par une dissolution de la pierre avec disparition de son épiderme par lessivage ou, pour les zones protégées de la pluie, par la formation de croûtes noires pouvant aboutir à des cloques ou à l’éclatement. Conséquence financière estimée de cette pollution urbaine : de 229 millions d’euros à 1,1 milliard d’euros par an pour la région francilienne, cette fourchette correspondant aux coûts d’entretien des façades de l’ensemble des bâtiments sur la base d’un ravalement tous les 40 ans. Sans parler, bien entendu, des frais provenant des problèmes sanitaires qu’engendre la mauvaise qualité de l’air : 2 à 8 % de la mortalité cardio-vasculaire et de 11 à 25 % des hospitalisations dues à l’asthme (1). C’est dans ce contexte difficile qu’est né Picada (Photocatalytic Innovative Covering Applications for Depollution Assesment), un projet européen piloté par GTM Construction (filiale du groupe Vinci), associé à divers industriels et organismes de recherche (2), dont le Centre scientifique et technique du bâtiment (Cstb) qui interviendra pour la modélisation des phénomènes chimiques observés. Objectif : mettre au point, d’ici fin 2005, une gamme d’enduits de façade transparents formulés à partir du dioxyde de titane (TiO2), un semi-conducteur connu pour ses propriétés photocatalytiques autonettoyantes et dépolluantes. Ce composant, largement employé en raison de sa stabilité, de sa non-toxicité et de sa grande réactivité lorsqu’il est soumis au rayonnement ultraviolet, a déjà fait l’objet de recherches qui ont abouti à la commercialisation des premières vitres autonettoyantes, certaines études de laboratoires japonais lui prêtant même des propriétés antibactériennes. Principale difficulté : le produit a toujours été appliqué à chaud à partir de procédés industriels et sur des surfaces neuves. Le challenge technique et commercial de ce programme, dont le coût est estimé à 3,4 millions d’euros pour la période 2002-2005, consiste donc à mettre au point une formulation applicable à froid, adaptée à tous les supports classiques neufs ou anciens et pouvant être conditionnée sous diverses formes : enduits, spray, mortier… C’est sur les façades du village olympique d’Athènes, ville qui a le triste privilège de figurer parmi les hauts lieux de la pollution urbaine, que devrait avoir lieu, fin 2004, le premier test grandeur nature.