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ENTRETIEN La mise en sécurité, maillon central de la protection incendie

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ENTRETIEN La mise en sécurité, maillon central de la protection incendie

© (Doc. Malerba.)

Entre détection par capteurs adressables pour localiser le départ de feu et extinction par sprinkleurs et gaz inertes ou inhibiteurs, la mise en sécurité des personnes nécessite toute une série d’automatismes. Explications d’Emmanuel Gabreau, directeur Développement du département technique du Centre national de prévention et de protection (Cnpp).

Les Cahiers techniques du bâtiment : L’élaboration d’un plan directeur de mise en sécurité incendie est une opération importante pour un maître d’ouvrage. Comment s’articule cette mise en sécurité avec la détection d’une part, l’extinction d’autre part ?

Emmanuel Gabreau : Pendant longtemps, la réglementation incendie relative aux ERP (établissements recevant du public) et aux IGH (immeubles de grande hauteur) a essentiellement été rédigée pour répondre à une problématique de sécurité des personnes, le système de détection incendie (SDI) étant un moyen permettant d’assurer cet objectif. Depuis une vingtaine d’années, la réglementation s’est étoffée pour mieux cadrer avec le concept de mise en sécurité des personnes en développant le système de sécurité incendie (SSI). Ce concept comprend le système de détection incendie (SDI) et le système de mise en sécurité incendie (Smsi). Le SDI transmet des informations provenant de détecteurs incendie au Smsi qui entreprend des actions concourrant à la mise en sécurité des personnes. Les détecteurs incendie, généralement adressables, permettent la localisation de la zone concernée par le départ d’incendie. L’information d’alarme est transmise, via un équipement de contrôle et de signalisation (ECS) – par exemple, un tableau de signalisation incendie – vers un centralisateur de mise en sécurité incendie (Cmsi). Celui-ci va activer des dispositifs actionnés de sécurité (DAS) que constituent les différents volets, portes, exutoires… dans les zones concernées. Alors que les systèmes de détection incendie sont couverts par des normes européennes, la France est la seule à avoir développé ce concept de mise en sécurité, pour lequel des produits spécifiques, toute une série d’automatismes de mise en sécurité, ont été élaborés par les industriels depuis les premières normes du début des années 1990.

CTB : Dans ce contexte, qu’est devenue la certification AP-MIS des installateurs de systèmes de détection incendie ?

E. G. : La certification a bien sûr évolué. La certification AP-MIS développée par le Cnpp – et dont le Cnmis (Comité national du matériel d’incendie et de sécurité), bureau de normalisation NF pour le compte de l’Afnor, assurait le secrétariat – a été modifiée en début d’année 2003. Deux certifications Apsad d’installateurs ont été mises en application, l’une relative aux prestations d’installation (I7), l’autre relative aux opérations de maintenance (F7), dont le Cnmis assure le secrétariat. Le champ d’application a été étendu au Cmsi. Les systèmes de détection automatique d’incendie et ceux relatifs à la mise en sécurité doivent comporter l’estampille NF. La certification NF pour les systèmes de détection automatique d’incendie est délivrée sur la base du respect des normes européennes de la série EN 54. La certification NF pour les systèmes de mise en sécurité est délivrée sur le base du respect des normes françaises de la série NF 61-930.

CTB : Qu’en est-il de l’évacuation des personnes dans le concept de mise en sécurité ?

E. G. : L’évacuation des individus fait partie d’un système de mise en sécurité incendie. Elle est déclenchée par des éléments de signalétique et par des systèmes de sonorisation de sécurité. Des messages vocaux indiquent les consignes à suivre. La nouveauté se trouve dans l’utilisation de voix synthétiques.

CTB : Avec la suppression de l’amiante, de nouveaux matériaux de protection sont-ils apparus ?

E. G. : La protection rapportée peut être le fait de peintures intumescentes, d’écrans, de produits projetés ou de plaques de fibres minérales ou de plâtre. On assiste au développement des panneaux sandwich constitués d’une âme isolante entre parements incombustibles, qui doivent être bien mis en place au niveau des emboîtements pour constituer une protection efficace.

CTB : Après la détection, après la mise en sécurité incendie, l’extinction est capitale dans la protection contre le feu mais elle ne fait pas partie du concept de mise en sécurité… ?

E. G. : Effectivement, l’extinction est pour ainsi dire traitée à part car elle répond à des exigences « assurantielles ». À côté de l’extinction automatique à l’eau par sprinkleurs, des systèmes d’extinction utilisent des agents extincteurs : gaz inhibiteurs ou inertes. Le sprinkleur est une solution éprouvée qui se développe parce qu’elle répond aux besoins de protection totale des locaux. L’extinction avec des agents extincteurs, plutôt pour des petits locaux, subit une évolution importante. Le CO2 , solution dangereuse, est peu employée en France. Les halons sont interdits pour leur incidence sur la couche d’ozone et le démantèlement de toutes les installations fonctionnant avec ces gaz doit être effectif au 31 décembre de cette année.

CTB : Quelles sont les solutions de remplacement ?

E. G. : De nouveaux agents d’extinction ont fait leur apparition sur le marché depuis sept ou huit ans. Des gaz inhibiteurs, chimiques, qui sont efficaces en concentration à 8-10 %, et des gaz inertes, physiques, qui s’utilisent concentrés à 45-50 %. Les premiers, qui mobilisent peu de bouteilles pour leur stockage, présentent un risque non négligeable pour l’environnement (participation à l’effet de serre). Les gaz inertes ne constituent pas un risque environnemental mais ils ont l’inconvénient de nécessiter une grande quantité de bouteilles.

CTB : Que pensez-vous des nouveaux systèmes d’extinction par brouillard d’eau ?

E. G. : L’extinction par brouillard d’eau, c’est-à-dire par émission d’eau finement pulvérisée dans une pièce pour éteindre un feu, est une solution intéressante pour une protection ponctuelle dans un petit local. Elle a l’avantage de consommer peu d’eau. Mais il faut être réservé sur son efficacité dans un grand local ou pour une protection généralisée car il y a un risque que l’eau pulvérisée ne pénètre pas dans tous les recoins d’une pièce (sous un bureau par exemple) à moins d’utiliser un réseau de buses très important et donc de pénaliser sa mise en œuvre.

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