S’il ne bouleverse pas les habitudes de mise en œuvre, le nouveau DTU 26.1 procure aux professionnels un cadre réglementaire harmonisé et y fait enfin entrer les produits monocouches.
Le DTU 26.1 – Travaux de bâtiment – Travaux d’enduits de mortiers –, dans sa nouvelle version homologuée au 12 mars 2008 (Journal officiel du 29 mars), comporte trois parties : la norme NF DTU 26.1 P1-1 ou Cahier des clauses techniques comprenant l’indice de classement P15-201-1-1, la norme NF DTU 26-1 P1-2 donnant les critères généraux de choix des matériaux avec l’indice de classement P15-201-1-2 et la norme NF DTU 26-1 P2 ou Cahier des clauses spéciales et l’indice de classement P15-201-2. Jean-Paul Balcon, ingénieur chez Socotec, précise les évolutions les plus notables.
CTB : Pourquoi une nouvelle version de ce DTU et quelles sont les nouveautés ?
J-P. Balcon : L’idée maîtresse de ce changement est de rendre ce texte eurocompatible. Cette nouvelle rédaction s’appuie sur les deux normes NF EN 998-1 (Définitions et spécifications des mortiers pour maçonnerie. – partie i : mortiers d’enduits minéraux extérieurs et intérieurs – indice de classement : P12-221) et NF en 1015-1921 (Méthodes d’essai des mortiers pour maçonnerie. – partie xxi : détermination de la compatibilité des mortiers d’enduit extérieur monocouche avec les supports – indice de classement : P12-321) qui concerne les monocouches.
CTB : Car il y a une part de continuité ?
J-P. B. : C’est le cas des enduits réalisés avec des mortiers selon les dosages qui sont déjà indiqués dans le DTU ; en particulier, tout ce qui concerne les enduits sur maçonnerie ancienne et les enduits au mortier de plâtre et chaux aérienne. C’est aussi le cas pour le dosage des mortiers de recette qui est effectué en fonction de la raideur du support concerné. Mais il y a trois grandes nouveautés dans cette édition du DTU.
CTB : Quelles sont-elles ?
J-P. B. : En travaux neufs, les maçonneries sont maintenant classées en fonction de leur cohésion de surface. Chaque matériau support d’enduit sera caractérisé par une valeur à l’arrachement minimale, baptisée Rt et notée sur une échelle de 1 à 3 : Rt3 pour une cohésion de surface supérieure à 0,8 MPa (cas des blocs de béton de granulats courants), Rt2 comprise entre 0,6 et 0,8 MPa et Rt1 pour une cohésion de 0,4 à 0,6 MPa (cas des blocs de béton cellulaire autoclavé). Dans le cas des briques, les résultats sont suffisamment variables pour qu’elles appartiennent soit à la classe Rt2 soit à la classe Rt3. Cette cohésion de surface sera indiquée par le fabricant. Le choix de l’enduit (quelle que soit sa nature : mortier de recette, mortier performanciel ou monocouche) est conditionné par ce critère de cohésion de surface.
CTB : Qu’en est-il des mortiers performanciels multicouches ?
J-P. B. : Un mortier performanciel est un mortier dosé et mélangé en usine et classé par son fabricant pour le corps d’enduit et la finition, selon les indications de la norme. Les critères retenus sont la résistance à la compression, (notée CS et qui suit une échelle de I (pour la plus faible) à IV (quand elle est supérieure à 6 MPa), et l’absorption d’eau par capillarité, notée W, de 0 (non spécifiée) à 2 (la plus performante). Un classement en fonction de la conductivité thermique pour les mortiers d’enduits allégés peut parfois être utilisé. Dans la continuité, le DTU comporte un tableau qui donne les correspondances entre la résistance à la compression du mortier CS et la cohésion de surface du support Rt. Ainsi, un mortier performanciel appartenant à la classe de compression la plus élevée (CIV) ne s’appliquera que sur une maçonnerie à cohésion de surface la plus élevée Rt3. À l’inverse, sur les surfaces à faible cohésion, il faudra se cantonner à des mortiers de classe CSI voire CSII.
CTB : Et pour l’entrée des mortiers monocouches ?
J-P. B. : C’est la plus importante des innovations. Ces produits qui relèvent bien des normes européennes NF EN 998-1 et NF en 1015-1921 sont des mortiers performanciels et entrent logiquement dans le champ du DTU. On les appelle mortier OC (pour One coat) et ils sont caractérisés par les appellations OC1, OC2 et OC3 qui qualifient la compatibilité avec les supports. En outre, le fabricant doit classer son produit selon sa résistance en compression, ses capacités de capillarité et de rétention d’eau. Les certificats « enduit monocouche certifié Cstb » sont attribués en intégrant tous ces critères. Le classement M.E.R.U.C. (1) et les anciens classements A et B de support sont donc caducs.
Les compatibilités entre enduits monocouches et supports se font de la façon suivante : à un support Rt3 (béton et blocs de béton de granulats courants) on associe un enduit monocouche des classes OC1, OC2 ou OC3 ; un support Rt2 (briques Rt2) sera associé à un enduit OC1 ou OC2 ; enfin un support Rt1 ne peut être associé qu’à un enduit de classe OC1.
Particularité nationale, le DTU définit les conditions d’un essai de rétention d’eau qui n’existe pas dans la norme européenne. Le texte précise les conditions de l’essai et les bornes de l’échelle de classement (faible, moyen, fort).
CTB : Y a-t-il des dispositions de mise en œuvre à respecter ?
J-P. B. : Les règles de l’art ne changent pas, en particulier pour les enduits monocouches.
Rappelons la nécessité de la compatibilité entre le support et l’enduit monocouche, celle d’une humidification des briques une demi-heure avant application ou à l’avancement (valable pour tous les enduits). Pour une application sur support poreux ou par temps chaud et/ou vent sec, il importe de retenir un mortier monocouche à forte rétention d’eau. Lorsque les surfaces sont exposées à la pluie ou quand l’application est descendue au niveau du sol fini, l’enduit doit appartenir à la classe de capillarité W2. Les monocouches qui assurent une fonction imperméabilisation atteindront l’épaisseur minimale de 10 mm, et ce après grattage et avant finition projetée.
Sur un béton banché, il est impératif de prévoir un gobetis spécifique ou un micromortier en couche mince pour assurer l’accrochage. Ceci est valable pour tous les enduits. Chaque certificat définit la préparation particulière impérative sur béton banché et couramment la première passe de monocouche adjuvantée à l’aide d’une résine acrylique. Enfin, toujours sur béton banché, l’épaisseur d’application est strictement cernée entre 5 mm pour éviter que l’enduit grille et 15 mm pour ne pas trop solliciter le plan d’adhérence par retrait.
CTB : D’autres critères à respecter ?
J-P.B. : Adapter la raideur d’un enduit à son support est une règle incontournable, mais l’objectif étant de créer un ouvrage, d’autres critères doivent être pris en compte (expositions au choc au rez-de-chaussée, enduit en soubassement, carrelage collé.)