Embouage et corrosion des circuits de chauffage

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Embouage et corrosion des circuits de chauffage

1 et 2. Boues récupérées au pied de colonne et déposées sur les génératrices inférieures d’un radiateur à lamelles.3 et 4. Corrosion sous dépôt, de face et en coupe, d’un radiateur en acier.

Le constat

La qualité de l’eau circulant dans le système de chauffage est essentielle pour son bon fonctionnement et son rendement énergétique.
Au fil du temps, l’embouage et l’entartrage d’un circuit entraînent l’obstruction partielle ou complète du réseau, et également la corrosion de certains composants, notamment des émetteurs en tôle d’acier.

Le diagnostic

Les origines de ces phénomènes sont nombreuses

• La qualité physico-chimique de l’eau utilisée, mesurée par de nombreux paramètres : le pH, la dureté (teneur en calcaire dissout), la conductivité (approximation de sa minéralisation totale), les taux de fer/chlorures/ sulfates, la présence de particules abrasives en suspension.
• La calamine couvrant à l’origine les faces internes des tubes et tôles d’acier assemblés pour former le circuit de chauffage.
• Les résidus de construction. Les liaisons des tubes par des raccords mécaniques ou à souder sont à l’origine de déchets (morceaux de filasse, métal d’apport de soudure autogène ou de soudo-brasure, particules métalliques…).
• La corrosion : cette réaction d’oxydation, qui a lieu entre l’oxygène de l’eau et les parties métalliques de l’installation, ramène l’acier à son état d’origine en oxydes ferreux et ferriques, insolubles et se déposant sous forme de boue dans l’installation.
• Les interactions entre les différents métaux employés dans l’installation peuvent aggraver la corrosion en provoquant un phénomène de pile électrochimique.
• La typologie et la température des installations, qui peuvent entraîner la prolifération de bactéries (ferrobactéries thermorésistantes) qui aggravent le processus de corrosion.

Lorsqu’il atteint un niveau conséquent, l’embouage se traduit par :

• Des surchauffes locales de la chaudière. Elles conduisent à des vaporisations locales de l’eau et, à terme, à l’éclatement des parties qui atteignent les limites d’élasticité du métal.
• Une baisse d’efficacité des échangeurs de chaleur (impossibilité d’atteindre une température de confort dans les locaux concernés). Les radiateurs sont froids dans les parties basses. Pour arrêter les gargouillements dans les radiateurs, les utilisateurs doivent les purger pour évacuer les gaz qui s’accumulent en partie haute.
• Des fuites d’eau apparaissent sur les faces externes de radiateurs en acier.
• De fréquents appoints d’eau au niveau d’un chauffage individuel. Des écoulements d’eau se produisent parfois au niveau du groupe de sécurité de la chaudière.
Au niveau de la chaudière, les dépôts qui se forment sur les faces internes de l’installation peuvent conduire à la déformation, voire l’éclatement des surfaces de chauffe. En effet, la température de la paroi chauffée (côté eau) est de plus en plus élevée quand l’épaisseur de tartre carbonaté calcique augmente (voir schéma 1).
Au niveau des radiateurs, les dépôts (côté eau) réduisent la température de surface (côté air). La perte de température est proportionnelle à l’épaisseur du dépôt (voir schéma 2).
Sous les dépôts, la corrosion naît de la formation d’une pile galvanique que des apports d’eau fréquents, qui enrichissent l’eau du circuit en minéraux et en oxygène dissout, favorisent. Ces corrosions peuvent conduire, à terme, à une perforation du métal sous-jacent.

Les bonnes pratiques

Traitement préventif

• Nettoyer et rincer impérativement l’installation lors des essais de mise en pression, afin d’éliminer la calamine et les résidus de mise en œuvre générateurs de boue.
• S’assurer que l’eau de remplissage et d’appoint est adoucie, voire désionisée, afin de réduire sa conductivité et d’exclure la précipitation de composés minéraux.
• Dans les circuits « tout acier », ajouter des produits à base de soude, d’orthophosphates de sodium et de carbonates de sodium pour rester dans le domaine de passivité du métal. Prévoir aussi des inhibiteurs de corrosion, des séquestrants d’ions alcalino-terreux, des réducteurs d’oxygène et des produits de suspension- dispersion des boues.
• Mettre en place un compteur volumétrique sur l’eau d’appoint, ce qui permet d’évaluer la quantité d’eau ajoutée et de produit de traitement nécessaire.

Le traitement curatif

• Éliminer les boues en circulation par la mise en place de pots à boues, filtres à cartouches ou appareils cycloniques avec, éventuellement, des aimants pour fixer les particules ferromagnétiques.
• Éliminer, dans certains cas, les dépôts durs d’oxydes de fer en les remettant en circulation, grâce à des additifs spécifiques (attention, certaines pompes supportent mal le passage des résidus abrasifs).
• Faire en sorte que les boues et les dépôts ne se reforment pas.

À consulter

NF DTU 60.1 : Plomberie sanitaire pour bâtiments.
NF DTU 60.5 : Canalisations en cuivre - Distribution d’eau froide et chaude sanitaires, évacuation d’eaux usées, d’eaux pluviales, installation de génie climatique.
DTU 60.11 : Règles de calcul des installations de plomberie sanitaire et des installations d’évacuation d’eaux pluviales.
NF EN 1057 + A1 : Cuivre et alliages de cuivre - Tubes ronds sans soudure en cuivre pour l’eau et le gaz dans les applications sanitaires et de chauffage.

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