Constituée de nombreux composants, un système de gouttière s’adapte à tous les toits.
© (Docs. Nicoll./Doc. Umicore.)
La récupération et le stockage des eaux pluviales deviennent une préoccupation majeure afin de réduire la consommation d’eau potable ou pour éviter le surdimensionnement des réseaux d’évacuation publics.
Les eaux pluviales sont constituées des eaux de pluie proprement dites mais également des eaux provenant de la fonte de la neige, de la grêle ou de la glace tombant ou se formant naturellement sur une propriété ou des eaux d’infiltration. En déclarant que « tout propriétaire a le droit d’user et de disposer des eaux pluviales qui tombent sur son fonds », l’article 641 du code civil reconnaît que les eaux pluviales appartiennent au propriétaire du terrain sur lequel elles tombent, dès lors qu’il décide de les utiliser. À la condition de ne causer aucun préjudice à autrui et particulièrement au propriétaire situé en contrebas de son terrain. Le propriétaire a donc un droit étendu sur les eaux pluviales : il peut les recueillir en les captant dans des citernes et les utiliser pour son usage domestique, agricole ou industriel, il peut les vendre ou en concéder la disposition à un voisin. Mais il peut aussi décider de les laisser s’écouler sur son terrain.
Matériaux, couleurs et formes selon les régions
L’eau de pluie peut être utilisée avec profit pour de nombreux usages. Cela permet au particulier de faire des économies sur sa consommation d’eau potable. Une telle pratique a également un intérêt écologique car elle évite d’utiliser de l’eau potable pour des usages ne nécessitant pas une eau de qualité irréprochable. Pour certains usages, l’eau doit être de très bonne qualité or l’eau de pluie n’est pas forcément propre. En effet, au contact de l’air ou en ruisselant sur les toits elle se charge de polluants. Un minimum de traitement s’avére donc nécessaire et certains usages ne sont pas recommandés. À l’heure actuelle, il n’existe aucune réglementation pour l’utilisation d’eaux pluviales, il faut se référer aux règles existantes et notamment aux normes sanitaires établies par le code de la santé publique, par le règlement sanitaire départemental type ou par le décret n°89-3 du 3 janvier 1989 (modifié) relatif aux eaux destinées à la consommation humaine.
La récupération des eaux pluviales est assurée par l’ensemble gouttières–descentes qui collecte les eaux reçues sur la toiture pour la canaliser vers une évacuation ou un module de récupération. La section de la gouttière est choisie pour évacuer entre 550 à 850 l/an par m2 de toiture, selon la région (soit 55 à 85 m3/an pour une toiture de 100 m2). Bordant la partie basse de la toiture, la gouttière participe à l’esthétique de la façade : le matériau, la couleur et la forme sont aussi variables selon les régions. Elle est conçue en PVC blanc ou teinté, zinc, aluminium naturel ou laqué ou cuivre. Elle est de forme demi-ronde de 25 ou 33 cm de développé, ovoïde, en corniche moulurée et pour certaines régions, havraise ou nantaise… À noter que les tuyaux de descente sont de section ronde ou carrée pour s’harmoniser avec la forme des gouttières. Certaines gouttières métalliques peuvent être fabriquées en continu (grande longueur) sur le chantier à l’aide d’une profileuse proposée par le fabricant. Les éléments sont assemblés par brasage, rivetage ou sertissage selon la nature du métal. Très utilisés, les systèmes de gouttières en PVC sont généralement composés d’éléments finis assemblés sur le chantier : linéaire de profils de 2 à 4 m de longueur coupable à longueur, angles intérieurs ou extérieurs, naissances droites, gauche ou centrale, pièces de jonction… Afin de s’adapter à différentes esthétiques, le PVC peut être coloré dans de nombreuses teintes ou revêtu d’une fine couche métallique (cuivre…). Les différents composants sont collés entre eux ou emboîtés à l’aide d’accessoires comportant des joints souples d’étanchéité. La première solution nécessite de prévoir la dilatation de l’ensemble en utilisant un système de fixation qui permet le coulissement des profilés dans les « crochets » supports. Le tout en évitant le phénomène de reptation, en créant un point fixe près de la besace de raccordement au tuyau de descente. À savoir, les couleurs sombres accumulant plus facilement la chaleur, cela provoque des allongements plus importants pour les profilés. Avec une eau fréquemment chargée de poussières, salissures, feuilles mortes… ruisselant du toit, les systèmes à joints souples peuvent s’user ou se détériorer et créer des points de fuite au droit des jonctions. En tête des descentes d’eau, l’utilisation de crapaudines permet de stopper les débris susceptibles de provoquer un engorgement des regards et des cuves de stockage placés en aval.
Les limites d’emploi
Certains usages (arrosage des espaces verts, le lavage des sols ou des voitures) ne nécessitent pas de disposer d’une eau de qualité égale à celle destinée à la consommation humaine. Pour ces usages, il semble possible d’utiliser l’eau de pluie, avec un traitement minimum, par exemple sous forme d’une filtration mécanique. Dans tous les cas, il faut veiller à ce que les conditions de stockage de cette eau n’en dégradent pas la qualité en évitant la prolifération bactérienne ou le développement d’algues, mousses ou champignons. L’alimentation des WC à partir d’eaux pluviales impose la réalisation d’un réseau d’alimentation en eau impérativement distinct de celui amenant l’eau potable. Il faut en effet empêcher les retours, par l’installation d’un clapet antiretour. Pour l’usage dans les WC, l’eau doit subir un traitement très poussé : elle ne doit être ni agressive, ni corrosive pour les équipements et les utilisateurs. Il faut qu’elle soit biologiquement saine (on peut se référer aux critères microbiologiques fixés pour l’eau destinée à la consommation humaine).
Une installation domestique trop coûteuse
Actuellement, les Ddass ne sont pas favorables à la réalisation de WC alimentés par de l’eau pluviale, elles refusent presque systématiquement de les autoriser. La réglementation étant extrêmement stricte sur la qualité de ces eaux, leur usage à des fins alimentaires ou sanitaires est impossible car il faudrait pouvoir la traiter pour qu’elle respecte les critères de potabilité des eaux destinées à la consommation humaine. Or, à l’heure actuelle, un tel traitement semble difficile à obtenir et très coûteux dans le cadre d’une installation domestique. Les eaux pluviales sont canalisées vers le réseau public ou bien stockées pour être conservées et utilisées pour le jardinage ou le lavage d’un véhicule, ou pour être épandu lentement dans le sol.
La rétention peut être nécessaire pour créer un « stockage tampon » d’eau lors de gros orages, afin de ne pas saturer le réseau public existant. Les modules de stockage des eaux pluviales économisent les coûts de traitements des stations d’épuration, réduisent les risques d’inondation et limitent la construction de bassins d’orage et leurs nuisances. Ils peuvent être posés sur le sol ou enterrés, posés sur un géotextile, même si la nappe phréatique est haute. Résistants, ils peuvent s’installer sous un jardin et certains peuvent même être enterrés sous une voirie. Ces cuves, comportant un ou deux compartiments avec ou sans préfiltrage, permettent le dépôt des « boues » et salissures afin de restituer une eau propre prête à être utilisée. Les principaux fabricants sont Bonna Sabla, Graf, Neveux, Plasteau, Préfaest, Sotralanz. Les stockages individuels sont plutôt réalisés en polypropylène recyclable. Généralement, les raccordements prépercés de diamètre 100 à 150 mm facilitent un branchement rapide au réseau de collecte des eaux. Sur les petits terrains, un module de 300 litres de capacité, proposé par Graf, est empilable sur 5 hauteurs pour accueillir des volumes d’eau jusqu’à 1 500 litres. S’intégrant dans un réseau d’assainissement autonome unitaire, les stockages plus importants – de 2 000 à 6 000 litres et plus – sont réalisés dans des fosses étanches en béton moulé, de forme cylindrique ou parallélépipédique.
Pour choisir un système de cuve de stockage d’eaux pluviales, aérien ou enterré, selon l’usage. | |
Utilisations | Volumes à stocker |
Arrosage ? 50 m² | 150 à 500 litres |
Arrosage > 50 m² | 500 à 1 500 litres |
Arrosage > 50 m² lavage voiture | 1 500 à 3 000 litres |
Arrosage > 50 m² lavage voiture remplissage bassin | 3 000 à 5 000 litres |
Rétention d’eaux pluviales | 6 000 litres et plus |
Prévue par l’article 681 du code civil, la servitude d’égout de toits interdit à tout propriétaire de faire s’écouler directement sur les terrains voisins les eaux de pluie tombées sur le toit de ses constructions. Les eaux de pluie tombant sur les toits doivent donc être dirigées soit sur le propre terrain du propriétaire des constructions soit sur la voie publique. | |||||||
Fabricant | S.L. | Produit | Matériau | Forme gouttière | Sections(mm) | Couleurs | Descentes |
Dal’alu | 501 | B380 | Aluminium, fabriquée sur chantier à l’aide d’une profileuse | Trapézoïdale nervurée | 124 x 152, en ép. 0,7 | Prélaqué 20 coloris | Ronde, rectangulaire |
502 | G300/G400 | Aluminium, fabriquée sur chantier à l’aide d’une profileuse | Corniche | 127 x 87 en ép. de 0,6, 152 x 118 en ép. de 0,7 | Prélaqué 20 coloris | Rectangulaire | |
503 | SM25/SM33 | Aluminium | Demi-ronde | 127 x 87 en ép. de 0,6, 152 x 102 en ép. de 0,7 | Prélaqué 20 coloris | Ronde | |
First Place France | 504 | Cupraélite GRN 125R et 133R | PVC métallisé en cuivre | Demi-ronde | ? 125 ou 133 | Cuivre | Ronde |
M.E.P. | 505 | Classique | PVC | Corniche | largeur : 110 | Blanc, noir, marron | Carrée, ronde |
506 | Cascade 68 | PVC | Elliptique | largeur : 110 | Blanc, gris, noir, marron, pierre | Carrée, ronde | |
507 | GD25 | PVC | Demi-ronde | largeur : 131 | Blanc, gris, noir, marron, sable | Ronde | |
Nicoll | 508 | Ovation LG38 | PVC | Corniche | 86 x 125 ou 106 x 169 | Blanc, sable, marron, brique, noir | Circulaire, ovoïde, rectangulaire, carrée, |
509 | Elite | PVC | Corniche | 140 x 108 | Blanc, sable, marron | Ronde, rectangulaire | |
510 | Gouttières demi-rondes 25 | PVC | Demi-ronde | ? 115 | Blanc, sable, gris, marron, brique, ardoise, noir | Ronde | |
511 | Gouttières demi-rondes 33 | PVC | Demi-ronde | ? 170 | Blanc, sable, gris, marron | Ronde | |
512 | Gouttières carrées de 60 ou 70 | PVC | Trapézoïdale | 120 x 83, 140 x 111 | Sable, gris | Rectangulaire | |
Pont-à-Mousson | 513 | Tuyaux de descentes | Fonte | - | ? 75 à 125 mmLongueur : 1, 2 et 3 m | Gris beige, Rouge (1m) avec dauphin | Ronde |
VM Zinc | 514 | Gouttières havraises ou ardennaises | Zinc | Demi-ronde avec ourlet | 48 x 155 ou 170, 54 x 205 ou 220, en ép. de 0,65 ou 0,8 | Naturel, prépatiné, gris foncé | Ronde, rectangulaire |
515 | Gouttières moulurées ou carrées | Zinc | Carrée avec ourlet | 100 x 100, 150 x 98, en ép. de 0,65 ou 0,8 | Naturel, prépatiné gris foncé ou clair, laqué teinte pierre ou brique | Ronde, rectangulaire | |
516 | Gouttières nantaises ou laval | Zinc | Nantaise avec ourlet | 80 x 205 ou 275, 100 x 185 ou 225, en ép. de 0,65 ou 0,8 | Naturel, prépatiné gris foncé ou clair | Ronde, rectangulaire | |
Tableau non exhaustif réalisé en fonction des réponses des fabricants. |
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