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Du repérage à l’animation et à la valorisation du bâtiment

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Du repérage à l’animation et à la valorisation du bâtiment

2. La façade principale de citroëN, sur l’avenue des Champs-Elysées, se compose d’une série de pointes de diamants intégrant des chevrons, rouges à l’extérieur, rose à l’intérieur. (Doc. DR.)

En extérieur, sur les murs ou sur le toit d’un édifice ou en intérieur, la couleur est un paramètre essentiel de mise en valeur du bâti. Elle est déclinée sous la forme de matériaux naturels ou peints, ou bien par l’emploi de luminaires à ampoules ou films teintés.

Le repérage extérieur d’un bâtiment par la couleur provient des différentes textures employées pour les murs ou les toitures. Sachant que la couleur unique ou multiple, bien identifiable, est obtenue de diverses manières par le matériau de construction, la peinture de la paroi, le ­parement, le verre coloré, ou le système d’éclairage. Les façades peuvent être réalisées avec des matériaux naturels, de textures et de teintes variées, comme la brique, la pierre, le bois peint, le béton lasuré, le PVC de ­couleur, l’acier brut ou laqué, le cuivre, le zinc, le titane, etc. Sur les murs, la couleur peut être intégrée au matériau de base (bois, ­béton, etc.), ou bien rajoutée, par l’application d’une peinture ou d’une lasure. Les matériaux d’origine naturelle, tels que la terre cuite ou la pierre, sont posés en éléments pleins pour constituer des murs, ou bien en parements, sous la forme de plaquettes ou de bardeaux.

Bois peint en Scandinavie

Il en est ainsi du double immeuble dénommé « 264 », implanté dans le parc des Portes de ­Paris à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), qui a été conçu par les architectes Gérard Thurnauer et Patrick Aygaline. Affichant deux façades longitudinales revêtues de bardeaux de terre cuite, il est visible de loin, à cause de la ­dominante de couleur orangée et de sa morphologie verticale, rappelant un bâtiment industriel. De même, le bois, qui peut être employé en ossature et/ou en bardage, est ensuite peint ou lasuré, selon de nombreux coloris. Tous les pays du nord, notamment de Scandinavie, en ont fait depuis toujours leur matériau de prédilection, pour construire aussi bien des maisons que des équipements. En Norvège, la majorité des constructions anciennes et récentes, que ce soit de l’habitat rural ou urbain, est bardée de bois peint. La couleur traditionnelle étant le rouge sang de bœuf, pour ses qualités de conservation. Mais un panel élargi à d’autres teintes est aussi prisé, comme le jaune, le bleu, le vert ou le brun, par exemple.

Des matériaux ancestraux aux nouvelles textures

Pour des maisons répétitives groupées, la couleur permet aux occupants d’identifier facilement leur logis. Par ailleurs, concernant les équipements, l’exemple du musée des Arts premiers du Quai Branly à Paris, réalisé par Jean Nouvel en 2006, implanté en bord de Seine, est identifiable de loin. Sa façade principale « patchwork » juxtapose plusieurs éléments, tels que des boîtes en bois peintes de couleurs rouge et brun. Dans le registre des ­matériaux contemporains, le titane, utilisé en peau extérieure, confère aux édifices un aspect chatoyant. Il a été utilisé maintes fois par l’architecte américain Frank O. Gehry qui a réalisé, en 1997, le musée Guggenheim de Bilbao, en Espagne.

Les tuiles de titane de la ­couverture épousent les formes complexes qui englobent le ­bâtiment. Dominant les rives du fleuve, cet édifice singulier est, pour la ville, l’emblème de son boom économique récent. Quant aux produits verriers de façade, en constante évolution, ils peuvent être employés diversement. À Paris (xive) la ­sous-station EDF reconvertie en pépinière d’entreprises en 2007, par l’architecte Emmanuel Saadi, (voir chantier, p. 16) ­offre des ­façades mêlant matériaux ­anciens et modernes. Entre les piles de meulière, se glissent des remplissages à doubles verres feuilletés, intégrant des myriades de cellules photovoltaïques. Ces panneaux de teinte bleue irisée bien reconnaissables égaient une rue ordinaire. Dans un autre ­ordre d’idée, le projet de rénovation du stade Camp Nou du FC Barcelone, en Espagne, imaginé par l’architecte britannique Norman Foster, devrait briller de mille feux. En effet, sa couverture sera bardée d’un manteau de tuiles de verre et de polycarbonate. Fixées sur l’ossature existante, celles-ci seront teintées de quatre couleurs (bleu, grenat, rouge et jaune) symbolisant le club et la région. En complément, un dispositif d’éclairage inséré sous la peau pourra l’éclairer et ­servir d’écran géant de projection d’images. Pour ce qui est des murs colorés, la technique connue du béton teinté dans la masse ou lasuré est toujours d’actualité. En 2006, l’équipe d’architectes Périphériques a réalisé une greffe savante sur les bâtiments existants du campus de Jussieu (Paris ve) (1). Pour différencier les anciens ­bâtiments du nouveau, le sol et le soubassement de l’annexion ont été peints en orange vif : ils servent ainsi d’éléments de ­signalétique, pour guider les étudiants vers le hall d’accès. Le sol de ce dernier, situé en continuité, est aussi recouvert d’une peinture brillante de même teinte. Concernant le bardage de couleur, à base de composants, en bois, acier ou PVC, il peut être employé en façade et/ou en toiture. Ainsi, à Madrid, en ­Espagne, Jean Nouvel a réalisé en 2005, l’extension du musée d’Art moderne de la Reine Sofia. La partie adjointe, bien voyante, qui longe une artère animée du centre, affiche une façade en rupture avec le bâti existant. Elle est dotée d’un volume courbe et d’une casquette de couronnement, traités en bardage laqué rouge brillant. Un autre exemple est la salle communale de Montataire (Oise), réalisée récemment par les ­architectes Laurent Charpin et Raphaële ­Perron. La toiture-tente en forme de « prisme », qui descend jusqu’au sol, assemble des tôles multicolores laquées, organisées répétitivement suivant trois gammes de douze tons. Implanté au milieu d’une zone industrielle, cet objet insolite sert de repère et d’animation au quartier environnant.

L’éclairage : valorisation et signalétique

Quant à l’éclairage dans l’architecture, en tant que signal urbain, il suscite un grand intérêt. La Tour Agbar (2), érigée à Barcelone par Jean Nouvel, en est une bonne illustration. Dans l’interstice de sa double peau en béton et à lames de verre, 4 500 diodes électroluminescentes trichromiques offrent de multiples combinaisons qui pixellisent la façade pour en faire un puissant repère urbain. À une autre échelle, le « bâtiment 270 » tertiaire, signé des architectes Brenac et Gonzalez (2005), fait partie du site des Emgp (3) à la porte d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Il est également traité comme un phare urbain. Les façades en brique sont percées de baies vitrées, dont les épais tableaux à profils d’aluminium sont laqués de quelques couleurs vives, illuminant ainsi les bureaux. Au pied de ces châssis, sont intégrés des luminaires qui éclairent les façades, la nuit, de feux multicolores. Pour les volumes intérieurs, l’usage de la couleur joue un rôle d’accentuation d’éléments spécifiques construits ou bien de repérage signalétique. À Paris, sur l’avenue des Champs-Elysées, le nouveau showroom C42 de Citroën (4), livré récemment par l’architecte Manuelle Gautrand, se remarque immédiatement. Le traitement coloré est exprimé à l’extérieur et à l’intérieur de l’immeuble, en parfaite complémentarité. À l’extérieur, à l’image d’un « origami », le pliage en verre de la façade intègre des losanges colorés en rouge et blanc, et se prolonge à l’intérieur, par un arbre à voitures, traité à l’aide de ces deux mêmes tons. Cet élément central domine le vaste volume, par ses matériaux brillants et colorés. En continuité de cette démarche, la bibliothèque Chevreul de l’université Lyon-2 (Rhône), conçue par les architectes Thierry Van de Wyngaert et X’TEO, s’articule autour d’un escalier hélicoïdal, mis en valeur par le plasticien lumière F. Migeon. Servant de repère visuel et d’épine dorsale à l’ouvrage, il génère des spirales chromatiques issues d’un double dispositif d’éclairage : des néons de couleurs mélangées appliqués en plafond des étages et des projecteurs posés en pied d’escalier. D’où une perception variable des couleurs qui immergent totalement les usagers. La palette riche en tonalités s’étend du parme au bleu, en passant par le vert, le jaune ou l’orange. D’autre part, l’éclairage des espaces publics de desserte (circulations, couloirs, hall) est primordial pour pouvoir se ­repérer au sein d’un bâtiment. Il est d’autant plus attrayant qu’il est complété par des murs ­colorés. Ainsi, la Fonderie de Mulhouse (Haut-Rhin) – reconvertie ­récemment en faculté, par les cabinets d’architectes Mongiello et Plisson et Emergence – intègre, en plafond du hall d’accueil, une série de tubes fluorescents vert pomme. Ce système simple de marquage de l’entrée génère une dynamique visuelle due aux multiples reflets mouvants induits sur les parois verticales et le sol. En accompagnement, les murs des couloirs sont peints du même vert, et les sols sont revêtus de linoléum rouge qui symbolise le métal en fusion. De même, la sous-station EDF de Paris, transformée en pôle d’activités, utilise sur ses murs et ses plafonds des tubes fluorescents entremêlés, insérant des films de couleurs jaune, vert et violet. Ici aussi, ces teintes acidulées se reflètent sur les cloisons revêtues de tôle d’aluminium.

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