Une heure de douche avec 5 litres d’eau, c’est aujourd’hui possible grâce aux systèmes de recyclage. (Doc. Pack Hydro)
Gwenaëlle Petit, est conseillère Eau au Centre régional d’éco-énergétique d’Aquitaine (Creaq). L’eau est une préoccupation majeure en Gironde, qui est l’un des premiers départements à disposer d’un Espace d’information sur l’eau. Fonctionnant selon le principe des Points d’information énergie, l’espace EIE assure des missions de conseil auprès du grand public, de veille technologiqueet réglementaire.
La préservation de la ressource en eau est aujourd’hui un enjeu majeur, avec une problématique propre à chaque région. Le cas de la Gironde est particulier, car toute l’eau potable provient des nappes profondes, dont le renouvellement est de l’ordre de plusieurs années, voire de plusieurs siècles. Prenant leur source dans le massif montagneux et débouchant naturellement à la lisière de l’estuaire de la Garonne, ces nappes sont par ailleurs en contact avec l’océan. Leur surexploitation s’accompagne d’une baisse de pression, qui, si elle était trop importante, pourrait conduire à une infiltration de l’océan. Leur eau pourrait ainsi devenir salée. C’est pourquoi, afin de préserver sa ressource, le département s’est doté d’une loi territoriale, en l’occurrence un Schéma d’aménagement et de gestion des eaux de nappes profondes (Sage).
RÉSERVES DISPONIBLES
Comment les préserver ?
Afin de préserver la ressource en eau potable, le Sage demande qu’un minimum de 15 millions de mètres cubes d’eau soit économisé sur l’ensemble de la Gironde, au niveau des collectivités et des particuliers, sachant que la demande tendancielle est évaluée à 158 millions de mètres cubes d’eau par an. Les économies portent sur la réhabilitation des réseaux, l’optimisation de la gestion des installations collectives, la chasse aux fuites et aux gaspillages. Le parc immobilier est dans l’ensemble vieillissant, or, plus une maison est ancienne et plus il y a risque de fuite. Pour les repérer, des tests annuels ou biannuels sont préconisés. Il s’agit d’effectuer un relevé du compteur d’eau avant et après une période de non-utilisation.
Concernant les installations des particuliers, nous nous sommes rendu compte qu’en équipant les logements de quelques appareils relativement bon marché, il était possible d’avoir une consommation moyenne de 25 à 35 m3/an/habitant sans rien changer en terme de confort. La consommation moyenne nationale étant de 40 à 50 m3/an/habitant, cela représente une économie de l’ordre de 20 à 40 % selon le nombre d’équipements et les pratiques.
EAUX PLUVIALES
Comment les récupérer ?
En quelques années la réglementation sur la récupération d’eau de pluie a beaucoup évolué. Différentes circulaires autorisent désormais son utilisation à l’extérieur et à l’intérieur des logements, pour les toilettes et le lave-linge à titre expérimental. La pertinence d’une installation de récupération d’Eaux pluviales (EP) dépend cependant de l’utilisation qui en est faite. Lorsque le besoin est limité à l’arrosage d’un petit jardin ou d’un balcon, des récupérateurs en descente de gouttière suffisent. En revanche, dans le neuf ou dans le cadre d’une rénovation lourde, pour un grand jardin et l’alimentation des WC, il est intéressant de prévoir une cuve enterrée de 1 000 à 10 000 litres de capacité. Afin d’assurer une bonne qualité de l’eau récupérée, les cuves doivent être opaques, fermées et sécurisées, afin d’éviter l’échauffement des fluides et la prolifération bactérienne. Également nécessaire, le système de filtration – à base de pouzzolane ou de petits maillages – est complété de crapaudines sur les descentes de gouttières et de stop-feuilles sur les gouttières.
Pour une utilisation des EP en intérieur, une disconnexion entre le réseau d’eau potable et le réseau d’eau de pluie est nécessaire pour éviter tout risque de contamination. Dans le même temps, il est important de pouvoir basculer sur le réseau d’eau potable, lorsque le niveau bas du stockage est atteint. Plutôt que de créer deux réseaux d’alimentation indépendants, l’une des solutions consiste à prévoir une alimentation en eau potable par surverse en partie haute de la cuve.
Plusieurs paramètres interviennent dans le dimensionnement d’une installation de récupération des EP, tels que : superficie des pans de toiture, zone géographique et pluviométrie annuelle. À cela s’ajoutent deux coefficients : l’un pour le rendement hydraulique de 0,9 environ. Il exprime le fait qu’il est impossible de récupérer 100 % des EP. Et un coefficient de restitution, qui tient compte des matériaux et de la forme de la toiture (tuile et ardoise : 0,9, toit-terrasse : 0,6; toit ondulé : 0,8). La multiplication de ces éléments donne le volume théorique d’eau récupérable, sachant que le volume réel représente 50 à 60 % de cette quantité.
DANS LES BÂTIMENTS
Quelles sont les solutions qui préservent le confort et l’hygiène ?
La douche représente le premier poste de consommation d’eau de l’habitation, avec 40 % du volume total utilisé. Une douche classique consommant 15 à 20 litres d’eau en moyenne, des économies importantes peuvent être réalisées, soit en utilisant des douchettes limitant le débit d’eau, soit en mettant en place un régulateur de débit. Faciles à trouver, les premières font appel à une grande variété de systèmes se valant en terme d’efficacité. Il y a les douchettes à effet Venturi, qui comportent une prise d’air et un engorgement produisant une accélération de la vitesse de l’eau ; les douchettes à turbulence, dont la section d’écoulement est réduite et débouche sur une chambre avec disque diffuseur et enfin, les douchettes à compression-injection-éclatement qui créent une eau très mousseuse. Deuxième solution, le régulateur de débit douche est un petit équipement se vissant entre le robinet et le flexible pour créer un engorgement et réduire le débit à 8, 10, ou 12 litres selon les systèmes.
Concernant les toilettes, qui représentent environ 20 % de la consommation d’eau d’un logement, il existe des solutions adaptées aux WC à simple commande, afin de réduire la capacité du réservoir : ce sont des Ecosac, plaquettes, ou bouteille que l’on scelle. Attention sur les anciens systèmes, il ne faut jamais toucher à la hauteur du flotteur, car c’est elle qui garantit la pression au moment de l’évacuation. Il est également possible de mettre un mécanisme 3/6 l sur un équipement ancien, sachant que le débit sera alors de 4,5/9 l, proportionnellement au volume de la chasse d’eau.
Au niveau des éviers, il convient de fixer des aérateurs sur les robinets. Aujourd’hui, de nombreux produits réduisent le débit moyen à 6, 8 ou 10 l/min. Certains équipements, non-régulés, suivent les variations de pression à l’entrée du logement. Si celle-ci baisse, le débit du robinet avec aérateur sera inférieur au débit garanti sous 3 bars. À l’inverse, si la pression augmente, le débit de sortie sera supérieur. Les aérateurs régulés assurent un débit constant, quelle que soit la pression d’eau à l’entrée du logement.
Depuis peu, les aérateurs intègrent de nouvelles technologies : ils sont dotés de petites bagues qui tournent pour moduler le débit, ou de bouton-pressoir pour diminuer celui-ci de 50 %. Transparents, certains comportent une hélice qui change de couleur en fonction de la température, pour éviter les brûlures.
DISPOSITIFS D’ÉCONOMIE D’EAU
Comment les choisir ?
Le marché des produits économes en eau est émergent et compte de plus en plus d’équipements. En l’absence de norme, il existe un grand flou quant à leur marquage et leur étiquetage. Il faut préférer ceux ayant une garantie de débit de sortie, irrégulier ou standard normalisé sous 3 bars. Le Cstb édite un cahier 3361 sur les économies d’eau.
En matière de robinetterie, le mitigeur se développe avec de nouveaux modèles à double butée, qui se bloquent à mi-chemin pour réduire le débit de 50 % (soit 6 l/min au lieu de 12 l/min) et se débloquent en poussant le levier à fond. Dans la salle de bains, le robinet thermostatique est incontestablement le plus évolué en termes de sécurité et de gain. Il gère la température et le débit, tout en intégrant des blocages pour limiter à la fois le débit à 50 % et la température à 38 °C. La robinetterie est encadrée par de nombreuses normes, dont les classements EAU et ECAU (E pour débit minimum, A pour niveau acoustique, U pour usure, C pour réglage de la température et du débit).
EAUX GRISES
Comment les réutiliser ?
Cela reste très compliqué, car ces eaux souillées doivent obligatoirement passer par un système d’assainissement dans le cas des eaux usées. Dans le domaine public, il est obligatoire de se raccorder sur le réseau collectif. En territoire rural, il faut se rapprocher d’un Service public d’assainissement non-collectif (Spanc), qui détermine en fonction du terrain la solution d’assainissement appropriée (épandage, filtre à sable...). Après épuration, l’eau contient des traces infimes de pollution et doit obligatoirement être mélangée à un très grand volume d’eau en mouvement. Pour cette raison, l’eau épurée sort dans une rivière ou un cours d’eau. À l’échelle d’une maison, cela est difficilement envisageable.